Grand oral du bac : MONTAIGNE
Publié le 30/01/2019
Extrait du document

Le château de Montaigne a été acquis par Ramon Eyquem, le bisaïeul de l’écrivain, en 1477. L’auteur des Essais s’y est retiré définitivement à partir de 1570, avec sa femme et sa fille. Il y meurt le 13 septembre 1592, à l'âge de 59 ans.
de lui à la postérité, l’écrivain avoue: «J’ose non seulement parler de moi, mais parler seulement de moi. Je fourvoie quand j’écris d’autre chose et me dérobe à mon sujet.» Ce culte du moi -ce « bovarysme », diront certains- vaut à l’auteur l’admiration de Voltaire, Chateaubriand, Tolstoï et les foudres de Pascal et de Malebranche: «Le sot projet que Montaigne a eu de se peindre! » dit Pascal. « Montaigne me paraît encore plus fier quand il se blâme que quand il se loue », ironise Malebranche. Pourtant, c’est à un véritable travail d’introspection que s’est livré l’auteur, plongeant au cœur de lui-même comme peu de moralistes et de philosophes l’ont fait avant lui. Les termes que Montaigne emploie ne sont pas sans évoquer le travail analytique : « Plus je me hante et me connais, plus ma difformité m’estonne, moins je m’entens en moy», et « [...] l’obscurité, laquelle, à parler en bon escient, je hays bien fort, et l’evite-rois si je me sçavois éviter... ».
L’éloge de la raison
En réalité, Montaigne est critiqué pour tout et son contraire: ses détracteurs lui reprochent dans le même temps ses positions stoïciennes et épicuriennes, son catholicisme et son athéisme. Le reproche d’athéisme paraît le plus infondé: catholique convaincu, Montaigne l’est assurément puisque, en 1588, il s’engage aux côtés d’Henri III contre les protestants.
Mais ce qui irrite davantage encore les très austères jansénistes de Port-Royal est sans doute cet esprit rationaliste, qui éclaire les Essais. Oui, Montaigne doute bel et bien de tout, sauf de la raison qui nous distingue des bêtes: «esclave, je ne dois être que de la raison», déclare-t-il. Moins d’un siècle plus tard, Descartes fait lui aussi table rase de toute connaissance non fondée, pour affirmer comme seule certitude la pensée qui doute : «Je pense, donc je suis... »

«
Montaigne
Composés de manière audacieuse, ces Essais
se présentent comme une sorte d'esquisse prépa
ratoire, mêlant les notes de lecture, les anecdotes
et les réflexions.
«Fantaisies ••, « excremens d'un
vieil esprit, dur tantost, tantost lâche, et tousjours indigeste»,
prévient l'auteur, maniant mépris de
soi-même et autodérision.
Quoique hybride, ce texte de style très soigné
est solidement articulé autour de la personne de
Montaigne.
Soucieux de laisser une image exacte
.......
Plan de la tour
de la • librairie •.
C'est dans
sa bibliothèque,
sa • librairie •,
en langage
de l'époque,
que Montaigne
passait le plus clair
de son temps.
Publiés ..,.._
entre 1580
et 1595, les Essais
de Montaigne
connaissent un très
grand succès.
Décriés par
les jansénistes
de Port·Royal
et par Balzac,
ils ont été
les livres de chevet
de Shakespeare,
Alain et Tolstoi:
Sainte-Beuve
voyait pour sa part
en l'écrivain bordelais
•u ne espèce
de classique ...
de la famille
d'Horace•.
.......
Le château de Montaigne a été acquis
par Ramon Eyquem, le bisaïeul de l'écrivain,
en 1477.
L'auteur des Essais s'y est retiré
définitivement à partir de 1570,
avec sa femme et sa fille.
Il y meurt
le 13 septembre 1592, à l'âge de 59 ans.
de lui à la postérité, l'écrivain avoue: «J'ose non
seulement parler de moi, mais parler seulement
de moi.
Je fourvoie quand j'écris d'autre chose et
me dérobe à mon sujet." Ce culte du moi -ce
«bovarysme», diront certains- vaut à l'auteur l'ad
miration de Voltaire, Chateaubriand, Tolstoï et les
foudres de Pascal et de Malebranche: «Le sot pro
jet que Montaigne a eu de se peindre!» dit Pascal.
«Montaigne me paraît encore plus fier quand il se
blâme que quand il se loue», ironise Male
branche.
Pourtant, c'est à un véritable travail
d'introspection que s'est livré l'auteur, plongeant
au cœur de lui-même comme peu de moralistes
et de philosophes l'ont fait avant lui.
Les termes
que Montaigne emploie ne sont pas sans évoquer
le travail analytique : «Plus je me hante et me
connais, plus ma difformité m'estonne, moins je
m'entens en moy», et« [ ...
]l'obscurité, laquelle, à
parler en bon escient, je hays bien fort, et l'evite
rois si je me sçavois eviter.
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L'éloge de la raison
En réalité, Montaigne est critiqué pour tout et son
contraire: ses détracteurs lui reprochent dans le
même temps ses positions stoïciennes et épicu
ri ennes, son catholicisme et son athéisme.
Le reproche d'athéisme paraît le plus infondé:
catholique convaincu, Montaigne l'est assu
rément puisque, en 1588, il s'engage aux côtés
d'Henri III contre les protestants.
Mais ce qui irrite davantage encore les très
austères jansénistes de Port-Royal est sans doute
cet esprit rationaliste, qui éclaire les Essais.
Oui,
Montaigne doute bel et bien de tout, sauf de
la raison qui nous distingue des bêtes: «esclave,
je ne dois être que de la raison», déclare-t-il.
Moins d'un siècle plus tard, Descartes fait lui
aussi table rase de toute connaissance non fon
dée, pour affirmer comme seule certitude la
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