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Grand oral du bac : Maupassant (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)

Publié le 14/11/2018

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maupassant

FLAUBERT, MAÎTRE À PENSER DE MAUPASSANT

• Guy de Maupassant fréquente Gustave Flaubert qui, sur l'insistance de sa mère, Laure de Maupassant, le prend sous son aile, à la condition qu'il écrive sans discontinuer. À son jeune protégé, il impose qu'il ne faut « rien publier avant d'être sûr qu'on a vraiment du talent ».

• L'auteur de Madame Bovary le guide sévèrement vers une nouvelle approche de la réalité, lui imposant de véritables exercices littéraires répétés. Flaubert lit tout ce qu'écrit Maupassant, lui fait ses critiques et donne de précieux conseils méthodologiques. Il développe son sens de l'observation jusqu'à en faire la base de son écriture, en accumulant dans les descriptions « les petits détails précis » : « Il s'agit de regarder tout ce qu'on veut exprimer assez longtemps et avec assez d'attention pour en découvrir un aspect qui n'ait été vu et dit par personne. »

• Professeur de Maupassant, Flaubert se fait aussi son agent : il lui ouvre les portes du journalisme - l’écriture de chroniques pour plusieurs journaux l'oriente vers le conte -et des milieux littéraires, en lui faisant rencontrer les écrivains de renom, les Goncourt, Taine et surtout Zola, qui réunit un cénacle d'amis écrivains, d'abord au café Trapp puis, grâce au succès de l'Assommoir (1877), dans sa vaste maison de Médan (Yvelines), en bord de Seine

L'OBSERVATEUR DES MŒURS DE SON TEMPS

Entré en littérature comme un météore avec sa nouvelle Boule-de-Suif, Maupassant s'est illustré d'abord dans le conte, qui lui a valu une notoriété immédiate et a assuré sa postérité littéraire, puis dans le roman. Disciple de Gustave Flaubert, il s’est voulu, à travers des récits qui renvoient l'image la plus exacte possible de la société bourgeoise de son temps, un écrivain objectif plus que réaliste. Son art classique et son écriture claire en ont fait l'un des auteurs français les plus traduits et lus dans le monde.

LA JEUNESSE NORMANDE

Fécamp et Étretat

Guy de Maupassant naît le 5 août 1850 au château de Miromesnil, près de Dieppe (Seine-Maritime), dans la commune de Tourville-sur-Arques, si l'on en croit le registre de la mairie. Selon d'autres sources, il serait né en réalité à Fécamp, chez sa grand-mère maternelle, et sa mère aurait, par snobisme, falsifié l'état civil.

Guy est le fils de Gustave de Maupassant, un agent de change dandy et volage - qui inspirera un personnage d'Une vie - et de Laure Le Poittevin, une maîtresse femme, cultivée mais possessive, et dotée d’une sensibilité suraiguë. Le couple est désuni et leur mariage un échec; leur séparation au début des années 1860 meurtrit Guy de Maupassant.

Sa mère, qu'il adore, lui fait donner une éducation libérale et humaniste. Maupassant passe ainsi une jeunesse heureuse entre Fécamp et Étretat

- la cité balnéaire lancée en 1850 -, près de la mer et des grands voiliers qui l'attireront toute sa vie.

sorte de sanctuaire voué à la célébration de rites mystérieux, qui l'impressionne vivement. II y aperçoit une « affreuse main d'écorché ». Cet épisode lui inspirera de futurs récits : la Main d'écorché - son premier conte, paru en 1875 -, l'Anglais d'Étretat, la Main.

 

Sa scolarité au collège religieux est brusquement interrompue en 1868 pour « irréligion et scandales divers » - notamment pour l'écriture d'une pièce en vers jugée trop audacieuse -qui lui valent d’être renvoyé.

Inscrit au lycée Corneille de Rouen, comme interne de la classe de rhétorique, il fréquente le poète Louis Bouilhet, conservateur de

la bibliothèque municipale de la ville, et surtout Gustave Flaubert (1821 -1880), ami d'enfance de sa mère, retiré en solitaire à Croisset, qui l'incite à écrire. Ces deux guides marquent, sur le plan littéraire, l'adolescence de Maupassant.

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« UNE NOUVELLE VIE LE Mtnn D'tcRIVAIN • Les principaux quotidiens- Gif BltJs, mr.�• -=�r � Le Gaulois, Le Figaro ­ s'arrachent les services de Maupassant auquel ils commandent des récits - qui seront plus tard réunis ._;......:;;o..;.;._...,.

en volume-, des feuilletons ou des chroniques d'actualité, qui sont publiés au jour le jour dans leurs pages.

• Maupassant partage dès lors sa vie entre la littérature, le journalisme et les voyages, des voyages d'agrément comme en Normandie, en Corse, en Italie -ou plus tard à bord de son yacht, le Bel-Ami, acquis en 1884- ou des voyages d'étude comme celui qu'il effectue en juillet-août 1881 en Algérie, en tant qu'envoyé spécial du Gaulois, à l'occasion de soulèvements indigènes dans le Sud oranais.

ll en rappporte onze chroniques sur l'œuvre de colonisation de la France, jugée inadéquate, qui provoqueront la controverse.

• Pour répondre aux sollicitations des directeurs de journaux, Maupassant demande un congé exceptionnel à l'administration qui l'emploie- il ne démissionne pas, car il juge son nouveau métier« aléatoire».

Maupassant, qui souffre de violentes migraines et de troubles cardiaques et digestifs, sera finalement rayé des rangs de l'administration en janvier 1882.

1!;13·l:fi#i;!,ji(.):i • En 1881, Maupassant publie JtJ MtJison Tellier.

Le sujet, imposé dans le cadre des jeux littéraires auxquels il se livre avec ses amis écrivains -un panneau sur lequel est inscrit " Fermé pour cause de première communion >> est apposé sur la porte d'une maison close : donner une suite -, avait été déclaré impossible à traiter par les autres membres du groupe.

Maupassant relève brillamment le défi, réalisant une transposition à la Lautrec de la vie des " maisons » rouennaises.

Le récit inspirera un autre peintre, Edgar Degas.

Le recueil contenant cette nouvelle accompagnée d'autres textes -Une partie de campagne, En famille, Histoire d'une fille de ferme -obtient un grand succès qui assoit définitivement le statut d'écrivain de son auteur.

L'ouvrage sera réimprimé douze fois en deux ans.

• L'année suivante, la parution de Mademoiselle Fifi (1882) assure enfin à Maupassant, en plus du succès, l'aisance matérielle.

Ses chroniques lui sont alors payées 200 à 300 francs chacune, soit l'équivalent d'un salaire minimal mensuel.

En 1889, on estime qu'il gagne 120 000 francs par an.

••• À UNE VIE • Son succès allant croissant, sa produdion littértJire s'accélère.

Entre 1882 et 1884, il écrit cinquante à soixante contes ou chroniques par an, parmi lesquels les Contes de la Bécasse (1883), Une vie (1883) -s on premier roman, publié tout d'abord en feuilleton dans Gif Bias et dont 25 ooo exemplaires sont vendus en moins d'un an -,Au soleil (1884) - le récit de son voyage en Algérie - et des recueils de contes comme Yvette ou les Sœurs Rondoli (1884).

• Maupassant a mis six ans pour écrire Une vie, l'histoire d'une femme " depuis l'heure où s'éveille son cœur jusqu'à la mort».

Imprégné des faits marquants de sa vie -la Normandie, le conflit entre ses parents, ses souvenirs d'enfance-, c'est le seul roman de Maupassant qui se déroule à une époque passée.

C'est un roman flaubertien par la résignation stoïque dont font preuve les personnages confrontés à un destin -malheureux­ qui les dépasse.

UN MAITRE DU CONTE ET DE LA NOUVELLE • Maupassant écrit et travaille en même temps contes, nouvelles puis romans.

Court et rythmé, le conte tend vers un effet final de surprise.

La nouvelle augmente l'espace,les ingrédients - par exemple, en y incluant plus de personnages -et la durée du conte.

Le roman, lui, se définit par la plus grande durée du contact avec le lecteur, qui doit apprendre à vivre avec les personnages.

• L'écrivain s'emploie à diversifier les décors et le cadre de ses œuvres : la guerre, la vie des ministères, les bords de Seine, la campagne normande et le monde de la paysannerie, le bouillonnement de Paris ...

• C'est à ces récits« de médiocre longueur » qu'il qualifiait avec dédain d' « historiettes » que l'écrivain doit sa renommée mondiale.

Presque tous ont fait l'objet d'une publication préalable dans les journaux, avant d'être regroupés dans des recueils, sans thématique particulière, au fur et à mesure de leur parution.

Le plus souvent, le premier texte donne son titre au recueil.

• Ces textes courts offrent un panorama de la vie de MaupassanL de ses observations, de ses expériences, de ses intérêts, de ses voyages, de ses angoisses.

Pour répondre à la demande du public, l'auteur n'hésite pas à traiter plusieurs fois les mêmes sujets.

Ce fonds d'inspiration dans lequel puise l'écrivain assure la continuité thématique de ses contes et de ses nouvelles.

Après 1885, Maupassant y ajoute quelques nouveaux thèmes, notamment ceux relatifs à l'univers des mondains.

• Les thèmes liés à l'amour- à la conjugalité, à la sensualité et à leurs conséquences, à la femme, aux rapports entre les sexes -sont les plus fréquents.

Ils précèdent en nombre les récits consacrés à l'univers provincial et ceux traitant de l'univers parisien, ses fastes, sa décadence et ses microcosmes.

LA SATIRE DU « MONDE » • Maupassant met en scène les gens du monde à partir de 1885.

11 a de plus en plus l'occasion de les côtoyer depuis qu'il fréquente les salons mondains de la capitale -en particulier, ceux d'Hermine Lecomte du Noüy en 1883, de la comtesse Potocka vers 1884, puis de madame Cahen d'Anvers, de Marie Khann et de madame Strauss.

C'est aussi pour conquérir ces lecteurs privilégiés qu'il prend pour cadre leur univers.

• De là naît un malentendu.

Une certaine critique reproche à Maupassant son snobisme -voire l'hôtel particulier dans lequel il s'est installé- et stigmatise ses romans mondains qu'elle compare à ceux de Ptlul Bourget ou d'Octave Feuillet qui triomphent à l'époque.

• Or loin de se montrer complaisant envers la haute société parisienne, Maupassant en décrit les travers, démontant les mécanismes de cette mascarade qu'on appelle le «monde».

• La production littéraire de Maupassant décline à partir de 1885.

Le conteur cède à partir de cette date la place au romancier, adversaire du maniérisme, du symbolisme.

Alors que la fréquence des œuvres courtes diminue constamment, le rythme de parution des romans tend à devenir annuel.

BEL-AMI • La condamnation du monde parisien est à l'œuvre dans Bel-Ami (1885), un roman tout d'abord paru en feuilleton dans Gif Bias, qui connaît un succès fulgurant.

• " Analyse d'une crapule » selon Maupassant, ce roman est une étude des mœurs de la sodété ptJrisienne et de l'affairisme des milieux de la presse, de la politique et de la haute finance.

• La personnalité de son auteur imprègne fortement le contenu de cette œuvre clé : le personnage principal, Duroy, est un journaliste sans scrupules, élégant et sociable comme l'est Maupassan� séducteur comme lui, amoureux du terroir et terrorisé par la mort comme lui.

MONT-ORIOL • En 1887, Mont-Oriol, autre roman inspiré du milieu des affaires, prolonge Bel-Ami.

Opposant, à travers des personnages très typés, le capitalisme parisien à la petite propriété rurale, il relate les circonstances du lancement d'une station thermale.

• Là encore, l'écrivain trouve dans l'observation des curistes de ces stations qu'il fréquente lui-même une précieuse source d'informations.

PIERRE ET JEAN • Pierre et Jean est publié en 1888.

C'est le seul roman de Maupassant qui se déroule dans le milieu de la petite bourgeoisie commerçante.

• L'écrivain y poursuit l'étude du comportement de ses semblables.

Parallèlement, ce roman de mœurs s'oriente vers le roman psychologique, décrivant la crise que traversent les personnages, une épouse adultère et un enfant naturel auquel échoit un héritage inattendu.

Le thème de l'enfant adultérin est au centre de cette tragédie bourgeoise.

• Jugé trop court pour être publié seul, Pierre et Jean est précédé d'une préface de Maupassant dans laquelle l'écrivain défend sa conception du roman et du réalisme.

Pas d'intrigues artificielles, effacement de l'écrivain derrière ses personnages, simplicité du style : telles sont les règles qu'il s'impose.

Le naturalisme d'Émile Zola et le maniérisme d'Edmond de Goncourt sont particulièrement visés par l'auteur.

LES DERNIERS ROMANS PSYCHOLOGIQUES • Une évolution ultime -dans le sujet, les personnages et le mode de parution -marque les deux derniers romans publiés du vivant de Maupassant : Fort comme la mort (1888) et Notre cœur (1890).

• Dans le premier, le romancier, qualifié de" mondain »,change de terrain d'étude : ses personnages ne sont plus des bourgeois aisés, mais des artistes en mal de création, le peintre Bertin et le musicien Massival, flanqués d'un don juan féminin, Michèle de Burne, dont leur créateur met en scène les tourments affectifs et psychologiques.

• Ces œuvres font l'unanimité auprès de la critique comme du public.

Fort comme la mort paraît d'abord en feuilleton dans la Revue illustrée.

Son succès en librairie est encore supérieur à celui de Bel-Ami.

Notre cœur est publié dans la Revue des Deux Mondes, certainement plus sérieuse que les supports de diffusion habituellement utilisés par Maupassant: mais ce dernier estime qu'elle correspond mieux à son public bourgeois.

UNE RÉALITÉ INTÉRIEURE • Dès 1875, Maupassant s'est intéressé au fantastique, par prédisposition personnelle et parce qu'il subit l'influence de son époque.

Une partie du public délaisse alors le récit réaliste et se passionne pour l'irrationnel, le magnétisme, l'occultisme, le psychisme et ses troubles.

En 1885, Maupassant assiste avec le Tout-Paris aux démonstrations d'hypnose et aux cours sur les maladies psychotiques du psychiatre Jean-Martin Charcot.

• Maupassant écrit de nombreux contes fantastiques, un genre dont il marque l'évolution en ancrant son action et ses personnages dans la vie quotidienne.

Chez lui, le fantastique ne naît pas de l'imaginaire, mais de ses propres angoisses.

Une fois de plus, les récits de Maupassant témoignent avant tout de son identité psychologique.

DE LA PEUR À LA FOLIE • La peur constitue le principal ressort des récits fantastiques.

Ceux-ci ont souvent pour thèmes la crainte de la mort, l'angoisse de la folie et la peur de l'autre, du double, de la présence hallucinatoire, fantomatique et obsédante qui prend l'aspect d'un autre que soi-même, inquiétant et menaçant.

Il en est ainsi de Lui?, de Lettre d'un fou, du Horta, de Qui sait? • Le HorltJ (1887), la nouvelle fantastique la plus célèbre de MaupassanL Le Ho ri a est le journal d'un homme hanté par un "Être invisible et redoutable».

La sensation de cette présence fait glisser la raison du héros vers la folie, vers la mort.

" Avant huit jours.

vous verrez que tous les journaux publieront que je suis fou », confie Maupassant après la publication du recueil le Horta.

• Le rapprochement de l'angoisse fantastique et de la maladie dont souffre l'écrivain a conduit en effet certains à mettre en doute l'intégrité mentale de Maupassant.

Or les thèmes fantastiques sont présents dès ses premiers récits et l'on ne constate aucune accélération de leur fréquence durant les dernières années.

Toutefois, certains des phénomènes pathologiques et hallucinatoires que décrit Maupassant sont la transcription fidèle de ses propres états maladifs.

PrudenL il ne manquera pas de préciser qu'il était «sain d'esprit» quand il a écrit Je Horta.

LES DERNIÈRES ŒUVRES • La progression de la syphilis, qui évolue en paralysie, assombrit les dernières années de l'écrivain.

Celles-ci sont endeuillées par la folie d'Hervé, son frère cadeL qui meurt en novembre 1889.

• Après la parution du Rosier de Madame Husson (1888 ), Maupassant n'écrit plus guère :une dizaine de contes et deux débuts de romans qui resteront inachevés : l'Âme étrangère (1894) etf'Angélus (1895).

• Il publie encore un récit de voyages, la Vie errante (1890), et un dernier recueil de nouvelles, /'Inutile Beauté (1890), qui livrent ses ultimes réflexions sur l'amour et ses conséquences.

L'AGONIE • Affaibli par la maladie, il ne peut plus écrire.

Les médecins se succèdent à son chevet.

Il se plaint de migraines et de douleurs oculaires.

On diagnostique neurasthénie et surmenage intellectuel.

• À la fin de 1891, il est atteint de paralysie générale.

Dans la nuit du 1" au 2 janvier 1892, il tente de se donner la mort en se tranchant la gorge.

Il est interné à Passy dans la maison de santé psychique du docteur Émile Blanche, le fils du docteur Esprit Blanche qui soigna Gérard de Nerval.

• Maupassant y meurt " des suites d'une syphilis à marche neurotrope » le 6 juillet 1893, après une lente dégradation entrecoupée de brusques exaltations pendant lesquelles il affirmait communiquer avec l'au-delà.

Il est enterré au cimetière Montparnasse.. »

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