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Grand oral du bac : LE ROMAN POLICIER

Publié le 05/02/2019

Extrait du document

Héros contemporains

 

Aujourd’hui, l’identité du protagoniste s’est renouvelée. Remplaçant détectives privés et commissaires, il revêt des costumes plus originaux. L’héroïne récurrente de Patricia Cornwell (Une mort sans nom, Postmortem) appartient certes aux milieux officiels, puisqu’elle est médecin légiste : mais jamais l’environnement d’une telle profession, annexe à celles habituellement mises en scène, n’avait encore été investi. En outre, l’auteur peut ainsi donner à l’intrigue une coloration scientifique, qui est aussi une caution de véracité.

 

Chez d’autres auteurs, le héros est un ancien membre des services secrets, «rempilant» contre son gré ou traqué, du fait de son passé, par une implacable raison d’État. La trame est fondée sur les grands événements politiques contemporains: guerre froide chez Tom Clancy (Octobre rouge, 1983) ou complot contre les chefs d’État occidentaux (L’illusion Scorpio, 1993) pour Robert Ludlum.

 

Chez Mary Higgins Clark, véritable papesse du best-seller, en revanche, le protagoniste est toujours un particulier dont le quotidien rencontre le crime. La clef de ses intrigues compliquées est souvent psychologique, voire psychanalytique (Nous n’irons plus au bois, 1993et Ni vue, ni connue, 1996).

plus troublants de ces vingt dernières années. Son héros s’identifie à la victime pour mieux comprendre les mécanismes qui ont causé sa mort. Jerome Charyn (né en 1937), ainsi que Marc Behm (né en 1925), vivent tous deux en France et apportent au genre une touche surréaliste, bourrant leurs livres de références humoristiques et culturelles. Quant à James Crumley (né en 1939), il impose au genre ses grands espaces et ses personnages rudes et sans scrupules, plus proches de l’idée que l’on se fait de l’Ouest à travers le western. De nouveaux auteurs américains sont les créateurs de personnages pittoresques: Mickey Spillane (né en 1918) avec le privé Mike Hammer, macho ultra-réactionnaire, raciste, sadique; Tony Hillerman (né en 1925) dont les héros sont des indiens Navajos.

 

En France, le renouveau du roman noir intervient sous la plume de Jean-Patrick Manchette (1942-1995) au début des années 1970 (auteur entre autres de Nada, l'Affaire N’Gustro ou le Petit Bleu de la côte Ouest). Avec son style dépouillé, plus proche du nouveau roman que du roman noir classique, Manchette apporte une dimension politique qui jusque-là faisait un peu défaut dans le paysage de la littérature «noire». De là, naissent une série d’auteurs considérés comme les enfants de Manchette : Jean-Bernard Pouy (né en 1946), Nous avons brûlé une sainte -, Tonino Benacquista (né en 1960), Trois carrés rouges sur fond noir ; Didier Daeninckx (né en 1949), qui avec Meurtres pour mémoire, redonne un intérêt historico-politique au roman policier; et Thierry Jonquet (né en 1954), qui a eu l’honneur d’être avec La bête et la belle, l’auteur du n° 2000 de la « Série Noire ».

 

Quelques collections, comme celle du «Poulpe», dont chaque titre est un habile jeu de mots mettant le lecteur instantanément dans l’atmosphère du livre, ou celle dirigée par Jean-Bernard Pouy, orientent le roman noir vers des études sociologiques contemporaines, saisissant

À travers ses romans policiers, Chester Himes (1909-1984) a défendu la communauté noire américaine. La majorité de ses récits se déroulent dans le ghetto noir de New York, Harlem, où il met en scène des membres de classes sociales défavorisées. Il a créé les policiers noirs les plus mythiques de l’histoire de la littérature: Ed Cercueil et Fossoyeur Jones.

L’écrivain américain, Raymond Chandler (1888-1959), a créé un des plus célèbres héros de roman policier de tous les temps, Philip Marlowe, qui a été immortalisé sur le grand écran par Humphrey Bogart.

 

Chandler ne s’est pourtant pas contenté d’écrire des romans. Il a également travaillé comme scénariste pour l’industrie cinématographique américaine.

« Le roman policier confronté.

Il éprouve souvent plus de sympathie pour le coupable que pour la victime.

Ce qui lui permet de se mettre à la place de celui-ci et, par identification, de percer ses mobiles.

Sa bonhom­ mie, et son ironie sont trompeurs: Maigret est en réalité un rebelle qui remet profondément en cause l'ordre social.

Le temps des héros L'influence des héros a été considérable chez les romanciers de la fin du XIX' siècle.

Ces derniers créent des personnages qu'ils promènent, de découvertes en rebondissements, aux quatre coins du monde.

Le nom de ces héros est parfois plus connu que celui de leurs géniteurs.

Avec Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur et prince du travestissement, le héros n'est plus l'enquêteur mais le malfaiteur.

Il a reçu de son créate ur, Maurice Leblanc (1864-1941), des traits qui ont fait de lui le plus populaire des personnages de roman: «une force herculéenne, un courage .......

Maurice Leblanc crée, en 1907, avec le personnage d'Arsène Lupin, un type littéraire de cambrioleur mondain anarchisant, patriote et amateur d'art.

Léo Malet fut lié à ses débuts .....

au groupe surréaliste.

Il découvrit la littérature policière grâce à l'écrivain André Breton et au peintre Yves Tanguy.

narquois, une intelligence bien française ...

[qui console les Français de leur déculottée de 1870] »selon Jean-Paul Sartre.

Lupin charme avec sa gouaille populaire et sa façon de défier la société, de commettre ses forfaits chez les nantis et de déjouer les pièges de la police.

Le personnage le plus connu de Gaston Leroux (1868-1927) est Rouletabille, globe-trotter qui, par son flair et son intelligence, résout, dans Le mystère de la chambre jaune (1907), l'énigme d'un crime commis dans un local clos de l'intérieur sans qu'aucune ouverture ne permette cette fois à un singe ou à un serpent de passer.

Leroux entend battre les auteurs anglo-saxons (Edgar Allan Poe, sir Arthur Conan Doyle) sur leur propre terrain: le problème du crime en vase clos, auquel ces écrivains se sont déjà confrontés.

Un autre héros-malfa iteur, plus sanglant que Lupin, tient les lecteurs en haleine pendant trente deux romans : Fantômas, le génie du mal, « le maître de tout » en guerre contre la société, créé en 1911 par Pierre Souvestre (1874-1914) et Marcel Allain (1885-1969).

Très appréciée par les surréalistes, la série des Fantômas unit le style du roman noir à celui du roman policier.

Le roman contemporain Après la guerre se révèlent des auteurs préoc­ cupés de concilier la réalité d'une énigme, la cohérence de sa solution et l'intérêt du récit.

Pierre Véry (1900-1960) est le plus original.

Il détourne les règles du genre policier en confron­ tant le monde poétique de l'enfance à celui, réa­ liste, de l'adulte (L'assassinat du Père Noël, 1934; Les disparus de Saint-Agil, 1935).

Dans les années 1940, Léo Malet (né en 1909), délaisse le pur roman d'énigme et introduit le roman noir-et les vrais durs, à l'image des roman- ciers américains tels Samuel Dashiell Hammett, James Hadley Chase et Raymond Chandler - dans le roman policier français (La vie est dégueu­ lasse, 1948).

Il crée le premier détective privé fran­ çais, Nestor Burma, personnage bohème, cynique à l'humour corrosif, qui apparaît dans 120, rue de la Gare (1943).

Malet plonge son héros dans une réalité urbaine contemporaine en une quinzaine de romans (Les nouveaux mystères de Ftlris ), dont l'action se déroule dans un arrondissement­ jamais le même- de Paris.

L'autre père du est Frédéric Dard (né en 1921) -et son double, le commissaire San-Antonio, véritable Rabelais du roman poli­ cier, dont les jongleries et la verdeur verbales sont désormais étudiées en Sorbonne.

Best-seller euro­ péen, sa saga approche les cent soixante-dix volumes et représente un phénomène socio­ logique d'importance, réconciliant tous les amoureux de la langue française, avec un rythme de parution intensif (quatre volumes par an depuis quarante ans) et de forts chiffres de vente (150 millions d'exemplaires).

Toutefois, dans les années 1950-1960, la forme classique ne disparaît pas totalement.

Elle est représentée par de nouveaux auteurs de qualité notamment Pierre Boileau (1906-1989) et Th omas Narcejac (né en 1908), spécialistes des thrill ers, romans à suspense (Les diaboliques, 1952), qui s'associent pour produire une œuvre policière abondante, popularisée par de nom­ breuses adaptations cinématographiques (Henri Georges Clouzot, Georges Franju, Alfred Hitchcock).

On peut aussi mentionner Hubert Monteilhet (né en 1928), auteur des Mantes religieuses (1960) ou Sébastien Japrisot (né en 1931), qui fait preuve d'une maîtrise implacable dans Compar timent tueurs (1962).

Du roman policier au roman noir Toutefois, la production essentielle du roman policier français depuis 1945 s'effectue à travers la «Série noire», créée par l'ex-surréaliste Marcel Duhamel et baptisée ainsi par Jacques Prévert.

Ce n'est pas la première collection policière fran­ çaise.

Mais, après avoir importé le roman. »

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