Grand oral du bac : CORNEILLE ET RACINE
Publié le 03/02/2019
Extrait du document

(1677) présente une vision terrible de la faiblesse humaine devant les passions. Racine y concilie la fatalité inspirée de la tragédie antique et la sévérité héritée de la pensée chrétienne. Dans la préface, il dit peindre les passions «pour montrer le désordre dont elles sont cause ».
Racine définit ainsi son idéal dramatique: «Une action simple, chargée de peu de matière, telle que doit être une action qui se passe en un seul jour, et qui, s’avançant par degrés vers sa fin, n’est soutenue que par les intérêts, les sentiments et les passions des personnages. » Racine dépouille l’action et se concentre sur la crise passionnelle. Cette rigueur s’accompagne d’une psychologie nuancée: le drame intérieur, surtout l’amour, devient la matière de l’émotion tragique. Guidé par ses modèles antiques, il cherche à éveiller la pitié et la crainte, faisant de la fatalité l’âme même de la tragédie.
Après l’échec de Phèdre, victime d’une cabale, Racine s’éloigne du théâtre pendant douze ans. En 1677, il épouse Catherine de Romanet, femme pieuse et effacée. Avec Boileau, il est nommé historiographe du roi, et renoue avec Port-Royal. Poussé par Mme de Maintenon, il écrit deux tragédies bibliques pour le pensionnat de jeunes filles qu’elle dirige à Saint-Cyr: Esther (1689) et Athalie (1691) marquent son retour à la vie chrétienne et couronnent son idéal de la tragédie.
La fin de sa vie se passe en une retraite édifiante, vouée à la ferveur janséniste; il meurt le 21 avril 1699.
génération nouvelle: Racine retrouve le véritable tragique, qui naît du spectacle de l’homme accablé par la cruauté du destin. Ses héros sont vulnérables, et son style pathétique crée l’émotion de ce réalisme psychologique.
En dix ans, Racine va donner l’essentiel de ses chefs-d’œuvre et triompher des partisans du vieux Corneille, donnant après chaque critique des écrits satiriques et des préfaces explicites. En 1668, Marquise Du Parc, actrice dont s’était épris Corneille et que Racine a enlevée à la troupe de Molière en 1666, le quitte; la Champmeslé devient alors son interprète favorite. Après la comédie des Plaideurs (1668), il fait jouer Britan-nicus (1669), dont le sujet est emprunté à l’histoire romaine, domaine favori de Corneille. Autour de l’assassinat de Britannicus par le monstre Néron, Racine compose une tragédie qui «n’est pas moins la disgrâce d’Agrippine que la mort de Britannicus».
Le triomphe de Racine
Avec Bérénice (1670), représenté quelques jours avant Vite et Bérénice de Corneille, Racine reste dans l’histoire romaine. Le thème est assez cornélien puisqu’il exalte le renoncement: l’empereur Titus sacrifie son amour pour Bérénice à la raison d’État ; mais l’art de Racine est d’une grande sobriété, et le tragique tout intérieur. Dans sa préface, il définit l’essentiel : « La principale règle est de plaire et de toucher: toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première. » Racine est alors très à la mode, aussi bien à la cour que parmi le public. Avec Bajazet (1672), il donne une tragédie orientale cruelle. En 1673, il est reçu à l’Académie française et fait jouer Mithridate, où la peinture de la passion est typiquement raci-nienne.
Iphigénie (1674), marque un retour la tragédie antique. Racine reste dans le monde grec et décrit les tourments d’une âme coupable : Phèdre
▼ Bérénice, pourrait-on dire, est la tragédie de la raison d’État. Elle narre l’histoire de Titus, qui, bien qu’ayant promis le mariage à Bérénice, une princesse orientale, redoute de ramener à Rome une impératrice qui ne soit pas romaine. Ainsi, malgré leur amour réciproque, il la renverra.

«
Corneille
et Racine
La tragédie classique
La tragédie classique, en France, est donc issue
en grande partie du romanesque, genre profane
et frivole, et se dégage peu à peu de la tragi
comédie précieuse.
On trouve encore dans L'illu
sion comique de Corneille une cascade d'aven
tures; Le Cid marque l'émergence d'un tragique
qui s'affirme au sein même de la tragi-comédie,
qui se distingue profondément de la tragédie
grecque, dont elle s'inspire pourtant.
Celte-ci
vient de l'épopée primitive et utilise les mythes et
la religion.
Or, qu'elle soit de Corneille ou de
Racine, la tragédie française du xvn• siècle paraît
très peu religieuse, comparée à la tragédie
grecque; les dieux n'y interviennent que rare
ment et les aventures en sont mondaines ou, du
moins, profanes.
Le théâtre semble surtout un
divertissement profane, une sorte de rite social
qui prolonge les cérémonies de la cour ou des
salons.
Les dramaturges français portent donc
leur intérêt sur l'aventure purement humaine, sur
la psychologie et sur la fatalité du caractère; sauf
exception (Polyeucte de Corneille, Phèdre ou
Athalie de Racine), la tragédie française n'a ni
ciel ni dieux.
Avant Corneille et Racine, le théâtre d'inspira
tion baroque incarne surtout le pathétique, exci
tant les émotions par le spectacle des malheurs
des héros.
La tragédie classique va privilégier le
tragique proprement dit, montrant l'ambiguïté de
la vie, l'homme aux prises avec son destin, sa
condition même.
Dans une situation de crise, les
héros sont des êtres hors du commun, dont les
passions sont représentatives de toute l'humanité.
Pour incarner ces émotions intenses, la tragédie
se renouvelle avant tout par un retour aux règles.
Inspirées de la !bétique d'Aristote, elles compren
nent les trois unités: d'action, de temps et de lieu,
que Boileau (1636-1 711) théorisera dans son Ar1
poétique (1674): «Qu'en un lieu, qu'en un jour,
un seul fait accompli/Tienne jusqu'à la fin le
théâtre rempli.
» Cette règle des trois unités est
complétée par le souci affirmé des bienséances.
Le ton doit être noble Oes personnages sont des
héros ou des rois) et exclut la vulgarité, les mots
familiers et la représentation des combats ou de �La
maison
où est né Pierre
Corneille, en 1606,
se trouvait, à Rouen,
rue de la Pie.
Cette rue était
adjacente à la place
du Vieux-Marché,
sur laquelle, un siècle
et demi auparavant
avait été brûlée
Jeanne d'Arc.
Sur l'emplacement
présumé
de cette demeure
se trouve aujourd'hui
le musée Pierre
Corneille.
M" Rachel dans ......
le rôle de
Chimène, l'héroïne du
Cid.
Cette grande
tragédienne, la plus
grande peut-être de la
première moitié du
XIX" siècle, était
d'origine suisse et
_ s'appelait en réalité
Elisabeth-Rachel Félix
(1821-1858).
Pensionnaire de la
Comédie-Française,
elle débuta en 1838,
dans Horace,
en jouant, à l'âge de
dix-sept ans, le rôle
très prisé
de Camille.
la mort; Boileau dicte: «Ce qu'on ne doit point
voir, qu'un récit nous l'expose.» Les récits sont
donc nombreux et les auteurs pratiquent volontiers
l'art de la litote.
La noblesse du style et de l'action
obéit aussi au principe de la vraisemblance.
Néanmoins, deux conceptions s'opposèrent à
ce sujet: l'une, officielle, est celle de Racine;
l'autre est propre à Corneille, dont le théâtre est
celui de l'extraordinaire, privilégiant les héros
surhumains.
Mais, vers le milieu du siècle,
s'impose le triomphe des règles et de la vraisem
blance, pour l'amour du vrai et de la raison.
Ces
règles, qui sont des contraintes pour les auteurs,
définissent l'idéal classique; si elles gênent par
fois Corneille, elles constituent le cadre de la
tragédie racinienne.
Les débuts comiques de Corneille
Aîné de sept enfants, Pierre Corneille est né en
1606 à Rouen, dans une famille de la petite-bour
geoisie.
II entre à neuf ans au collège des Jésuites
de Rouen, où il est un élève brillant, passionné
par les !iuteurs latins, Sénèque et Lucain en parti
culier.
A sa sortie du collège, en 1622, il fait son
droit, suivant la tradition familiale.
Deux ans plus
tard, il devient avocat au parlement de Rouen,
mais il préfère vite la poésie et le théâtre.
Cepen
dant, en 1628, il obtient un double office d'" avo
cat du roi» au siège des Eaux et Forêts et au
palais de Rouen.
II occupera ces fonctions
jusqu'en 1650.
En 1629, il fait jouer à Paris une première
comédie, Mélite ou les fausses lettres.
Corneille
transpose un thème romanesque de pastorale en une
comédie bourgeoise.
Le succès est grand, et
d'autres comédies suivent: La veuve, La galerie du
palais, La suivante, La place royale; cette dernière
est une comédie romanesque dont le personnage
d'Aiidor est déjà typiquement cornélien: épris
de liberté, il sacrifie son amour aux exigences de
la "gloire».
Ces premières pièces tranchent avec
la comédie antérieure, à caractère de farce
bouffonne et irréelle, par une certaine peinture
des mœurs.
Comédies d'intrigue, elles introdui
sent de la vérité dans un genre jusque-là
conventionnel.
Sa première tragédie, Médée (1635), est un
essai manqué, et Corneille revient alors à la
comédie, avec L'illusion comique (1636), comé
die baroque où plusieurs actions s'emboîtent, où
dominent la fantaisie et la magie, l'émotion et le
burlesque, et qui s'achève par un éloge du
théâtre.
C'est dans le genre tragique que Cor
neille va obtenir la plus grande gloire.
De 1636 à
1642, il fait représenter les quatre tragédies qui
brillent au sommet de son théâtre: Le Cid,
Horace, Cinna, Fblyeucte.
Mais, la même année
que La mor1 de Fbmpée (1643), une de ses plus
hautes tragédies romaines, il revient à la comédie
avec Le menteur, premier chef-d'œuvre de la
comédie classique.
À la différence de L'illusion
comique, cette pièce est une comédie régulière,
pleine de fantaisie.
La querelle du Cid
La gloire culmine avec le succès éclatant du Cid,
représenté au début de 1636.
«Tout Paris pour
Chimène a les yeux de Rodrigue», écrira Boileau..
»
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