GOETHE et Weimar
Publié le 11/02/2019
Extrait du document
«
Goethe
les déteste (il critique les principes mathéma
tiques de Isaac Newton [ 1 642-1727]).
Goethe fait son droit à Leipzig, puis à Stras
bourg (1770-1771).
C'est là qu'il nourrit une pas
sion, intense mais sans lendemain, pour Friederike
Brion, la fille d'un pasteur de Sesenheim -un
village proche de Strasbourg -, qui lui inspire les
Chants de Sesenheim et quelques-uns de ses plus
beaux poèmes d'amour (Rose de la bruy ère,
Bienvenue et Adieu): sa vie est ponctuée d'idylles
qui sont autant de prétextes à la création poé
tique.
Il y fait également la connaissance de l'écri
vain et philosophe allemand Johann Gottfried
Herder (1744-1803), dont il reçoit un encoura
gement à embrasser la carrière littéraire.
Herder a
exercé une influenc e déterm inante sur son
œuvre.
Penseur et théoricien de la littérature alle
mande, celui-ci préconisait le retour à la poésie
populaire, seule véritable source, pour lui, d'inspi
ration du génie national.
Quelques années plus tard, une autre rencontre
marque Goethe, celle du poète et dramaturge alle
mand Friedrich von Schiller (1759-1805).
Dans
une série de drames à l'inspiration polémique (en
particulier Les brigands, 1781; Don Carlos, 1787),
celui-ci dénonce avec véhémence l'arbitraire et
les privilèges de la société de son temps.
En 1785,
il compose l'Hymne à la joie, que Beethoven
reprend dans sa 9' Symphonie.
Si Goethe est initié
à une plus grande lucidité idéologique, Schiller
reçoit de son ami une influence qui achemine son
œuvre vers le classicisme contemplatif qui marque
ses chefs-d' œuvre lyriques (Les ballades, 1797) et
dramatiques (la trilogie de Wallenstein, 1794-1799;
Marie Stuart, 1800) de la fin de sa vie.
Le jeune écrivain
Rentré à Francfort, Goethe rédige alors un drame,
Gotz von Berlichingef!.
(1773), dont le héros est un
chevalier du Moyen Age et qui fait de lui le phare
de la jeune école littéraire et politique du Sturm
und Drang («tempête et élan»).
Se réclamant de
l'influence du Genevois Jean-Jacques Rousseau
(1712-1778), celle-ci opposait les exigences de la
sensibilité au rationalisme du siècle des Lumières
et l'originalité du génie au classicisme français.
L'année suivante, pour achever de surmonter
un amour déçu -l'élue s'appelle cette fois Char
lotte Buff -, il rédige en un mois un roman senti
mental sous forme épistolaire: modèle du déses
poir romantique, Les souffrances du jeune Werther
(1774) ont inspiré de nombreux écrivains, ainsi
qu'une vague de suicides «à la Werther>> .
Héros
tragique, il incarne tous les tourments et les
contradictions des jeunes générations de la fin du
XVIII' siècle.
L'astre de Weimar
Cette même année, devenu célèbre, Goethe écrit
une première ébauche de Faust.
Désormais, il
charge en permanence un secrétaire de consi
gner ses propos.
Pourtant, à partir de 1775, et pen
dant dix ans, Goethe cesse de publier car il est
devenu conseiller du grand-duc de Saxe
Weimar et le mentor du jeune prince.
Il s'installe
à Weimar en 1776 et y demeure jusqu'à sa mort.
La littérature semble moins l'intéresser que la
science et, surtout, l'art politique: il est ministre
des Finances en 1782, date à laquelle il est anobli.
Le rayonnement de sa personnalité, les amis, les
poètes et les philosophes (Novalis, Tieck, Arnim,
Hegel) dont il s'entoure, font de Weimar un haut
lieu de l'esprit.
Toute l'Europe romantique y défile ! Friedrich von Schiller, jeune homme.
a Poète et dramaturge, ami de Goethe,
il doit sa notoriété à des drames impétueux,
tels que Les brigands, qui dénoncent
les abus de la tyrannie.
pour le saluer.
Mais, prisonnier de ses fonctions,
qu'il juge peu exaltantes, il décide, sans y être
autorisé, de partir en voyage en Italie.
Il y séjourne de septembre 1786 à mars 1788.
Il
a l'impression de s'épanouir enfin: il peint, il des
sine, il écrit.
L'inspiration italienne transparaît
dans son œuvre postérieure, notamment dans
Les élégies romaines ( 1788-1790), poésies
empreintes des souvenirs de la Ville éternelle, et
surtout dans Voyage en Italie (1816-1817), authen
tique manifeste du classicisme goethéen.
Esti
mant sa formation et sa quête achevées, Goethe
décide de rompre l'enchantement italien.
Le sage de Weimar
C'est un homme mûr qui rentre à Weimar .
Il a
trente-neuf ans, une vie d'homme à réaliser, une
œuvre à accomp lir.
Il rencontre Christiane
Vulpius, qui lui a donné cinq enfants- un seul a
survécu -et qu'il n'a épousé qu'en 1806, au
terme d'une longue liaison.
Il prend part, à la suite du grand-duc Charles
Auguste, son éternel protecteur, aux campagnes
de la Prusse contre les armées révolutionnaires
françaises; il assiste à la bataille de Valmy (1792)
et au siège de Mayence (1793)-événements qu'il
relate fidèlement dans La campagne de France
(1822).
Libéré de toutes ses charges officielles, il
se consacre à la littérature, hormis quelques études
géologiques et botaniques (La métamo rphose
des plantes, 1790; La théorie des couleurs, 1810).
En
1796, il publie un grand roman quasi autobio
graphique, Les années d'apprentissage de Wilhelm
Meister.
Goethe y crée un nouveau genre, le
«roman d'apprentissage ''• où il insiste sur le bon
usage de l'épreuve.
Faust, le poète et son double
Mais le personnage central de son œuvre demeu
rera celui de son poème dramatique, Faust, qui,
avec l'aide du diable, acquiert la richesse, la
connaissance et l'amour de Marguerite, dont il
provoque la perte.
Dans le Second Faust (1832),
paru après sa mort, le héros, transporté dans
l'Hellade mythique, cherche la beauté suprême
chez Hélène de Troie, dont il devient l'époux.
Mais leur jeune enfant meurt; Hélène retourne
aux Enfers.
Par son absence de scrupules, Faust
n'a laissé autour de lui que désolation.
Il meurt,
n'accédant à la sérénité que par sa quête éternelle
de l'idéal féminin.
Goethe a écrit les premières lignes de Faust à
23 ans et les dernières à 83 ans, quelques jours
avant sa mort.
Mais cette œuvre le laisse insatis
fait bien que, pour ses lecteurs, le personnage de
Faust apparaisse comme le double nocturne qui
a accompagné toute sa vie.
Goethe meurt à Weimar en 1832.
Son œuvre
immense et complexe est conçue comme une
confession, qui donne l'image d'une existence
exemplaire, celle d'un homme de bonne foi et de
bonne volonté.
Sa dernière grande œuvre est une
autobiographie: Poésie et Vérité (1811-1831),
deux mots qui auront marqué sa vie comme son
œuvre.
«L'essentiel, c'est d'avoir une âme qui
aime le vrai et qui le prenne là où elle le trouve.»
Ce sont là les paroles d'un classique, sans doute le
dernier de la littérature universelle..
»
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