GLOBE (le) (Histoire de la littérature)
Publié le 13/12/2018
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GLOBE (le). Le journal le Globe fut fondé par Paul-François Dubois (1793-1874), professeur de belles-lettres destitué en 1821 pour ses idées libérales, qui
deviendra inspecteur général de l’Université et député de Nantes sous la monarchie de Juillet, et par l’ouvrier typographe Pierre Leroux (1797-1871), futur philosophe et théoricien socialiste, qui avait conçu, avec l’imprimeur Lachevardière, un magazine à l’anglaise où des articles variés, mais dépourvus de frivolité, capteraient l’attention du public cultivé.
Le premier numéro parut le 15 septembre 1824, avec le sous-titre Journal littéraire, qui devint, en 1826, Recueil philosophique et littéraire, puis, en 1828, Recueil politique, philosophique et littéraire : progression où se révèlent des intentions rusant avec la censure. Après la révolution de juillet 1830, affaibli par le passage aux affaires publiques de la plupart de ses collaborateurs, le Globe est acheté par les saint-simoniens, dont il devient, le 18 janvier 1831, l’organe officiel. Il disparaîtra le 20 avril 1832.
Autour du Globe se rassemblent une pléiade de talents : les philosophes Jouffroy et Damiron, élèves de V. Cousin, propagandistes de l’« éclectisme »; les critiques littéraires Magnin, Vitet, Charles de Rémusat, Duvergier de Hauranne, Descloseaux, Sainte-Beuve, et, plus tard, Jean-Jacques Ampère... Thiers (au début), Stendhal (occasionnellement) y collaborent. Dubois sait harmoniser les nuances des opinions et promouvoir une doctrine qui transcende la variété des tempéraments, autour d’un seul principe qu’il défend avec ténacité et passion : la liberté. Comme l’écrit Sainte-Beuve en 1831, nul « ne porta plus constamment et ne soutint plus haut dans la lutte le drapeau de la liberté, en ralliant alentour bien des défenseurs inégaux du principe, et en les maintenant jusqu’au bout dans une sorte d’harmonie, malgré les diversités profondes ou croissantes ».

«
nal.
N.i nous n'applaudirons à ces écoles de germanisme
et d'anglicisme qui menacent jusqu'à la langue de
Racine et de Voltaire; ni nous ne nous soumettrons aux
anathèmes académiques d'une école vieillie qui n'op
pose à l'audace qu'une admiration épuisée, invoque sans
cesse les gloires du passé pour cacher la misère du pré
sent ».
Au nom de la liberté, le Globe réclame l'abolition
des entraves dogmatiques qui briment l'indépendance
de 1' artiste (règles -dont les unités dramatiques -,
formules conventionnelles, prescriptions surannées, telle
l'imitation des auteurs classiques); l'étude personnelle
de la nature, seul accès à une vérité actuelle, concrète, et
de l'histoire, qui découvre les racines du présent et la
singularité de chaque époque antérieure (seul chemin de
la couleur et de la vérité historiques); une abondante
information sur l'étranger (le journal, orienté surtout
vers les pays du Nord -Angleterre et Allemagne -,
apporte une foule de renseignements sur les littératures
les plus diverses et les plus lointaines, jusqu'à l'Inde, la
Perse ou la Chine).
Mais, au nom d'une saine tradition
de goût, de ra1son et de mesure, l'école romantique
catholique est blâmée pour le flou et le vaporeux de ses
poèmes, le mysticisme décoratif qu'elle affecte et l'ex
cès des modes qu'elle propage (fantastique, angélisme,
orientalisme, intimisme élégiaque ...
); on admire les vrais classiques, et
on les défend contre les dénigrements des
novateurs fanatiques.
Le rôle littéraire du Globe, sous la Restauration, est
considérable : mine de faits collectés par des critiques
érudits, laboratoire d'idées (reprises plus vivement dans
les ouvrages polémiques comme Racine et Shakespeare
de Stendhal ou la préface de Cromwell de Hugo), le
journal contribue à réconcilier les deux libéralismes,
politique et littéraire; la lutte, écrit-il en 1824, n'est pas
« entre les Anciens et les Modernes >>, mais «entre l' ori
ginalité et l'imitation, entre le principe d'autorité et celui
de libre examen >>.
La liberté doit triompher partout : il
faut un 14-Juillet du goût.
Ainsi les pages sévères et un
peu abstraites de l'organe du parti >,avec leurs
jugements balancés, pondérés, mais de plus en plus favo
rables aux novateurs, préparent la défaite, en 1830, des
nostalgiques de l'Ancien Régime et du dogmatisme clas
sique (Voir aussi ROMANTISME]..
»
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