GIRAUDOUX, Electre (Acte II, scène 8)
Publié le 22/10/2013
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La guerre menace. Devant l'urgence de la situation, Égisthe demande à Électre de surseoir à son projet de vengeance et à son exigence de vérité. Mais Électre refuse de se laisser convaincre, opposant au « bloc d'honneur« qu'est devenu le régent, transfiguré par sa mission de gouvernant, un bloc de négation. De cc débat sans issue, structuré par le jeu des oppositions, comme par la thématique du regard et de la lumière, naît un tragique où le dialogue accentue la tension et les ruptures.

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La guerre menace.
Devant l'urgence de la situation, Égisthe demande à Électre de surseoir à son projet de vengeance et à son exigence de vérité.
Mais Électre refuse de se laisser convaincre, opposant au « bloc d'honneur» qu'est devenu le régent, transfiguré par sa mission de gouver
nant, un bloc de négation.
De cc débat sans issue, structuré par le jeu des
oppositions, comme par la thématique du regard et de la lumière, naît un
tragique où le dialogue accentue la tension et les ruptures.
1 - UN DÉBAT SANS ISSUE
Un roi et une jeune fille
Le débat qui oppose les deux personnages est un débat entre roi et jeune fille,
comme
le rappelle Égisthe à la ligne 17.
Il met en cause la connaissance d'Élcctre
(«Sais-tu même ce qu'est un peuple, Électre?») insistant sur la différence de leurs
visions.
Régent ayant en charge un État,
il évoque le peuple en gestionnaire et le
définit de manière presque matérielle (
« un immense corps à régir, à nourrir » ).
Électre, qui lui rétorque qu'elle «parle en femme», en a une vision abstraite et
théorique(« un regard étincelant à filtrer, à dorer»).
Mais, pour l'un comme pour
l'autre, le peuple est une préoccupation centrale.
Le relatif contre l'absolu
Les deux conceptions qui s'affrontent sont d'ordres radicalement opposés.
Pour Égisthe, l'exigence de l'être doit être relativisée.
D'où la remise en cause d'une
justice qui « consiste à ressasser toute faute, à rendre tout acte irréparable » et
d'une vérité incertaine, car propre à un individu(« ta vérité, si elle l'est»).
D'où la
mise en garde contre le scandale suicidaire(« Un scandale ne peut que l'achever»)
et une vérité nihiliste ( « Il est des vérités qui peuvent tuer un peuple, Électre » ).
L'absolu d'Électre est traduit par Égisthe comme un idéal que le temps peut relati
viser(« Ta vérité[ ...
] trouvera toujours le moyen d'éclater un jour mieux fait pour
elle »).
Au « demain » d'Égisthe s'oppose le « C'est aujourd'hui son jour »
d'Électre.
L'ordre de l'urgence et l'ordre de l'exigence
Dans ce conflit de valeurs, les deux ordres que représente chacun des person
nages sont ceux de l'urgence (la situation de guerre et d'émeute) et de l'exigence
(la vérité et la justice érigées en absolus).
À la raison d'État représentée par Égisthe
s'oppose la raison-déraison du concept individuel que
s'est forgé Électre.
L'un et
!'autre sont inconciliables.
Il - l.A THÉMATIQUE DU REGARD ET DE LA LUMIÈRE
Le champ lexical du regard
Il est très présent : « regarder», « regard », « yeux », « prunelles », « regards »,
« aveugles », « œil ».
Ce champ lexical du regard donne une assise particulière
ment forte au texte, d'autant que certains termes sont récurrents.
La thématique du
regard,
c'est celle de la conscience et du reflet de l'âme..
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