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Gérard de Nerval, Aurélia: commentaire composé

Publié le 05/11/2016

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nerval

Arrivé sur la place de la Concorde, ma pensée était de me détruire A plusieurs reprises je me dirigeai vers la Seine, mais quelque chose m'empêchait d’accomplir mon dessein. Les étoiles brillaient dans le firmament. Tout à coup il me sembla qu’elles venaient de s'éteindre à la fois comme les bougies que j'avais vues à l'église. Je crus que les temps étaient accomplis, et que nous touchions à la fin du monde annoncée dans l'Apocalypse de saint Jean. Je croyais voir un soleil noir dans le ciel désert et un globe rouge de sang au-dessus des Tuileries. Je me dis : « La nuit éternelle commence, et elle va être terrible. Que va-t-il arriver quand les hommes s'apercevront qu’il n'y a plus de soleil?» Je revins par la rue Saint Honoré, et je plaignais les paysans attardés que je rencontrais. Arrivé vers le Louvre, je

Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourrez vous attacher aux aspects les plus originaux, en particulier à la transformation poétique du monde réel en vision hallucinatoire.

L’histoire du narrateur d'Aurélia est une histoire tragique qu’il compare, aux dernières lignes de son récit, à une « descente aux Enfers >>. Ce rappel du mythe d’Orphée n’est pas indifférent lorsqu’il s’agit d’expliquer quel est l’itinéraire d'Aurélia : passage de la « maladie » à la raison ? de 1 'incroyance à la foi ? ou plus simplement rachat de la << faute initiale » (le narrateur déclare au chapitre I « avoir perdu » Aurélia pour une mystérieuse « faute >> 

nerval

« marchai jusqu'à la place, et là un spectacle étrange m'a ttendai t.

A travers des nuages rapidement chassés par le ve nt, je vis plusieur s lu nes qui passaient avec une grande rapidité.

Je pensai que la terre était sortie de son orbite et qu'elle errait dans le firmamen t comme un vaisseau démâté, se rapprochant ou s'éloig nant des étoiles qui grandissaien t ou diminuaient tour à tour .

Pendan t deux, ou trois heur es, je contemplai ce désor dre et je finis par me diriger du côté des halles.

Les paysans apportaient leurs denr ées, et je me disais : « Q uel ser a leur éton nem ent en voyant que la nui t se prolonge ...

» Cependant les chiens aboyaient çà et là et les coqs chantaient.

Gérar d de Ner val, Aurélia.

Vous ferez de ce texte un com ment aire comp osé.

Vous pourrez vous attacher aux aspects les plus originaux, en par ticulier à la trans formati on poé tique du monde réel en vision hallucina toire.

()-wG érard Labrunie, qui prit le pseudonyme de Gérard de Nerval, a longtemps fait parti des poètes maudits.

Romantique mineur jusqu 'à sa redécouverte par les sur­ réalistes, il est devenu 1 'une des figures les plus représen tatives d'un romantisme des prof ondeurs que l'on se plaît à opposer au romantisme superficiel d'un Lamartine par exemple.

Int erné pour troubles mentaux à plusieurs reprises, Ner val a composé, dans les derniers instants de lucidité que lui laissait ce qu'il appelait pudiquement « sa maladie )), un récit de ses expériences oniriques, Aurélia , qui fut publié en deux temps (1er janvier 1855 et 15 février 1855).

Dans 1 'int ervalle, Nerval était retrouvé pendu (suicide ou acte criminel ?) à 1 'aube du 26 janvier.

A.

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