GENLIS, Caroline Stéphanie Félicité du Crest de Saint-Aubin, comtesse de, dite Mme de
Publié le 13/12/2018
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GENLIS, Caroline Stéphanie Félicité du Crest de Saint-Aubin, comtesse de, dite Mme de (1746-1830). Un destin marqué par la volonté de parvenir, une œuvre largement étalée dans quelque 140 volumes, un parfum de vertu pharisienne qui ne peut cacher les strates profondes d'une envahissante personnalité, une nette conscience chez cet auteur de sa spécificité féminine — on s’étonne que tout cela ne donne pas un regain d’actualité à la comtesse de Genlis.
L'ambition féminine
L’enfance de Caroline Stéphanie Félicité du Crest, née à Champcéry, près d’Issy-l’Évêque, fille d’un obscur noble de province ruiné, se partage entre le château de Saint-Aubin-sur-Loire et les séjours à Paris. A treize ans, elle est protégée par le vieux La Popelinière, puis elle brille dans Paris comme virtuose de la harpe. En 1763, clic contracte un mariage secret avec le jeune officier de marine Charles Alexis Brulart, comte de Genlis — plus tard marquis de Sillery —, neveu d’un ministre des Affaires étrangères. Introduite par sa tante, Mme de Mon-tesson, alors maîtresse du duc d’Orléans, dans la société du Palais-Royal, elle devient la tendre amie du duc de Chartres, le futur Philippe Égalité. Chargée d'élever les
«
filles
de la duchesse (1777), elle pratique sa propre
réforme à l'instar de J.-J.
Rousseau; elle entre en précep
torat comme on entre en religion et s'installe avec ses
élèves dans un pavillon du couvent de Bellechasse.
En
1782, elle est nommée (( gouverneur)> des enfants
d'Orléans.
Parmi ses élèves figure aussi Valois, le futur
roi Louis-Philippe.
Son échec au prix Montyon, puis son
ouvrage la Religion considérée comme l'unique base du
bonheur et de la véritable philosophie (1787), enfin son
caractère difficile l'éloignent des Philosophes.
Cepen
dant, elle va dans le sens de la Révolution et y entraîne
les princes, ses élèves.
Mais, après l'arrestation du roi à
Varennes, elle manifeste son goût pour l'ordre.
Restant
à Londres plus longtemps que prévu, elle est la cause de
l'inscription de son élève, Mme Adélaïde, sur la liste des
émigrés.
C'est ensuite, durant plusieurs années, la fuite :
en pays belge; en Suisse, où elle se sépare de ses deux
élèves princiers et où elle apprend l'exécution de son
mari et de Philippe Égalité; en Allemagne du Nord.
Par
la célèbre et malencontreuse Lettre de Sielk, elle dénie
au futur Louis-Philippe les qualités nécessaires pour
faire un monarque énergique! Elle vit tant bien que mal
du produit de sa plume jusqu 'à son retour à Paris Uuillet
1800).
Elle perçoit une pension de Napoléon, qui la
nomme inspectrice des écoles primaires, connaît le suc
cès avec des romans comme la Duchesse de La Vallière
(1804), louvoie gauchement au moment de la Restaura
tion et des Cent-Jours.
Puis, pensionnée par le duc
d'Orléans, allant de logement en logement, accumulant
les œuvres moralisantes (le La Bruyère des domestiques,
1828), historiques (Abrégé du journal de Dangeau,
1817) et antiphilosophiques (les Dîners du baron d'Hol
bach, 1822), elle élève à sa gloire personnelle le monu
ment de ses propres Mémoires (1825, lü volumes).
Une pédagogie ambiguë
Si la vie de la comtesse paraît la mise en pratique
plus ou moins heureuse de la formule qu'elle place en
épigraphe à son ouvrage romancé Madame de Maintenon
( 1806) : « Rien n'est plus habile qu'une conduite irrépro
chable », son œuvre immense semble la réalisation d'une
volonté parallèle de prosélytisme pédagogique.
Sa car
rière littéraire débute par un prudent Théâtre à l'usage
des jeunes personnes (1779-1780) d'où sont exclus les
jeux dangereux de l'amour, réservés, ceux-là, aux adul
tes de son Théâtre de société (1781).
Suivent deux textes
pédagogiques : Adèle et Théodore (1782), présenté sous
la forme à la mode du roman épistolaire, et les Veillées
du château (1784), suite de récits reliés par un mince fil
romanesque.
La volonté morale y est toujours première :
« Avant de songer au plan romanesque [ ...
), j'avais pré
paré le plan des idées >>, dit-elle des Veillées.
Elle veut y
présenter (( la Morale mise en action >> plutôt que « des
préceptes et des maximes » (Adèle et Théodore, lettre
Vlll).
Ainsi l'épisode de la.
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