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GENEVOIX Maurice : sa vie et son oeuvre

Publié le 13/12/2018

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GENEVOIX Maurice (1890-1980). L’œuvre de Maurice Genevoix fait partie de celles que critiques et lecteurs ont tôt fait de classer : d’abord taxé d’« écrivain de guerre » et de « pacifiste », l’auteur de Ceux de 14 est devenu, après la parution et le couronnement de Raboliot, « chantre de la nature », un « observateur fidèle » des choses et des bêtes et, plus récemment, un écrivain « régionaliste » et « écologiste avant l’heure ». C’était peut-être donner à ses livres un sens que leur auteur n’a jamais explicitement confirmé.

 

Car Genevoix n’a jamais laissé penser que ses ouvrages étaient composés pour un quelconque « message ». Ses quelques rares essais n’expriment aucune théorie littéraire précise, et lui-même refuse toujours d’entrer dans le jeu de la critique : l’œuvre doit être une « réponse en soi », non une thèse. Il s’agit avant tout de « percevoir, exprimer, transmettre » (Jeux de glaces, 1961). Littérature objective? Non, car « c’est forcément interpréter, mais l’objet reste déterminant ».

 

Les livres de Genevoix proposeraient donc une forme ambiguë de réalisme, qui, par-delà les fictions romanesques, s’évertuerait à dire ce qui est : de là viendraient ces descriptions minutieuses des étangs de Sologne et du monde animal, cette recherche d'un vocabulaire précis et littéral pour décrire la vie sociale. Mais une telle fascination pour le réel ne va pas de soi, et la biographie de l’écrivain, si elle explique la venue à la littérature d’un homme que tout destinait à suivre un itinéraire différent, n’éclaire par pour autant sa démarche créatrice.

 

L'université et la guerre

 

Maurice Genevoix naît à Decize, dans une île de la Loire. Il passe son enfance à Châteauneuf-sur-Loire, dont il fréquente l’école communale à partir de 1896 : c’est cette partie de sa vie qu’il évoquera dans les récits consacrés au pays de Loire; mais cet attachement à sa région d’origine n’est pas encore décisif. Car, lorsque Genevoix entre en 1901 au lycée d’Orléans, puis en 1909 au lycée Lakanal de Sceaux (pour préparer le concours d'entrée à l’École normale supérieure), c’est à son avenir universitaire qu’il songe surtout. Reçu premier rue d’Ulm, en 1912, il voit s’ouvrir devant lui les perspectives d’une classique carrière d’enseignant ou de haut fonctionnaire. Ses goûts littéraires s’affirment parallèlement, et le diplôme d’études supérieures qu’il obtient avec un mémoire sur « le Réalisme des romans de Mau-passant » indique déjà nettement ses options personnelles : « Maupassant, lui, réaliste, naturaliste, avait une démarche, une façon d’adhérer aux choses qui me ramenaient les pieds sur terre » (Trente Mille Jours, 1980).

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« Sentir, écrire, c'est vivre au rythme du monde, mais aussi et surtout de l'« Homme ».

On comprend alors pourquoi Genevoix se plaît à pein­ dre d'humbles figures de braconniers ou de paysans : ils sont pour lui des « voyants privilégiés », attentifs aux « signes magiques » de la nature (Jeux de glaces, 1961 ).

Ils illustrent au mieux ce que l'écrivain imagine être le rôle de l'homme dans le monde : un être qui porte en lui l'intelligence des choses.

Mais ils représentent aussi l'aboutissement d'une quête personnelle de l'écrivain : « Ils m'ont peu à peu guidé vers moi-même, vers ce qui fait écho à ce rythme en moi-même consonant, à ce chant qu'il m'appartient d'entendre dans ce monde qui nous est commun » (Jeux de glaces).

Raboliot et ses succes­ seurs sont l'image d'un moi épanoui, perdu puis retrouvé, que l'écrivain tente, d'œuvre en œuvre, de cerner.

Nature et conscience de soi L'objet des romans et, plus directement encore, des chroniques que sont les Bestiaires ( 1969-1971) est en fait le regard de l'auteur.

Dans ces livres qu'il appelle ses - «Le loir.

-Il y a quarante ans, le maître de notre jardin des Vernelles ...

» Le moi retrouvé se rassure dans une écriture ambiguë : la nostalgie du réel évanoui sert à affirmer la stabilité dans le temps de l'impression reçue.

Plus forte sera la conscience, plus précise sera 1' écriture, et plus accomplie sera la communion des différents « moi » de l'homme.

Réinventer l'espace et le temps Ainsi, comme ille précise dans Images pour un jardin sans murs (1968), Genevoix, sous couvert de réalisme et de naturalisme, n'a rien fait d'autre que de « réinventer sa vie», plus ou moins directement, et souvent par per­ sonnages interposés.

Mais cette réinvention n'est pas, comme celle de Giono, une recréation par le Ii v re, ou la culture.

Genevoix, comme beaucoup de ses héros, rejette toute référence savante :. »

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