Gavroche et les barricades
Publié le 13/04/2024
Extrait du document
«
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Gavroche et les barricades
« Le spectacle était épouvantable et charmant.
Gavroche,
fusillé, taquinait la fusillade.
Il avait l’air de
s’amuser beaucoup.
C’était le moineau becquetant les
chasseurs.
Il répondait à chaque décharge par un couplet.
On le visait sans cesse, on le manquait toujours.
Les
gardes nationaux et les soldats riaient en l’ajustant.
Il
se couchait, puis se redressait, s’effaçait dans un coin
de porte, puis bondissait, disparaissait, reparaissait,
se sauvait, revenait, ripostait à la mitraille par des
pieds de nez, et cependant pillait les cartouches, vidait
les gibernes et remplissait son panier.
Les insurgés,
haletants d’anxiété, le suivaient des yeux.
La barricade
tremblait ; lui, il chantait.
Ce n’était pas un enfant,
ce n’était pas un homme ; c’était un étrange gamin fée.
On eût dit le nain invulnérable de la mêlée.
Les balles
couraient après lu, lui, il était plus leste qu’elles.
Il
jouait on ne sait quel effrayant jeu de cache-cache avec
la mort ; chaque fois que la face camarde du spectre
s’approchait, le gamin lui donnait une pichenette.
»
Victor Hugo
Les Misérables (1862)
****
I – Découverte du texte et compréhension.
1 – La scène se passe pendant une insurrection, un mouvement de
révolte à Paris en 1832.
Gavroche est un enfant de 11 ou 12 ans qui vit
dans la rue.
Relevez les expressions qui permettent de comprendre que
Gavroche cherche à éviter les tirs.
- Il répondait à chaque décharge par un couplet.
- Il se couchait, puis se redressait, s’effaçait dans un coin de porte, puis bondissait,
disparaissait, reparaissait, se sauvait, revenait , ripostait.
- Les balles couraient après lui, lui, il était plus leste qu’elles.
- Chaque fois que la face camarde du spectre s’approchait, le gamin lui donnait une
pichenette.
2 – L’auteur, Victor Hugo, écrit que « le spectacle est épouvantable et
charmant ».
En vous appuyant sur le texte expliquez pourquoi.
La phrase « le spectacle est épouvantable et charmant » comprend deux adjectifs
qualificatifs dont le sens s’oppose.
L’emploi de cette figure de style appelée antithèse
donne du relief à la scène par un effet de contraste ; c’est un ensemble de faits qui
s’offre au regard et qui est à la fois effroyable et divertissant.
L’auteur, Victor Hugo, utilise le mot spectacle pour la mise en scène d’un enfant de
Paris, Gavroche, dans une scène de combat.
Un enfant, au milieu d’une fusillade, se
meut dans un espace dominé par des gardes nationaux et des soldats, à la merci de
leurs tirs et sous les yeux d’insurgés anxieux retranchés derrière leur barricade.
Le
spectacle est à la fois anxiogène et épouvantable.
Il emploie plusieurs métaphores, en associant l’enfant à un oiseau, ici, un
« moineau » et met en avant l’image de la taquinerie qu’il pratique sur ses
adversaires : les « chasseurs ».
Il illustre également le caractère merveilleux, presque
surnaturel, de Gavroche en utilisant un champ lexical propre au monde imaginaire
enfantin : « c’était un gamin fée ».
Le spectacle est charmant.
Cette scène tragique est traitée avec une certaine légèreté portée par la mise en scène
d’un jeu auquel se livre Gavroche qui semble bien décidé à rire de tout, y compris
pour ceux-là même qui tiennent au bout de leurs fusils ce gamin fée ; les soldats riant
de ses attitudes et de ses taquineries.
Sans que....
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