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gargantua

Publié le 04/12/2012

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Plan et lecture analytique réalisés par Melle Emilie Chazette, [email protected] La guerre picrocholine - Le combat de Frère Jean C'est une simple querelle entre les fouaciers de Lerné, marchands de galettes, et les bergers de Grandgousier, qui se trouve à l'origine de cette guerre. Les fouaciers, sujets du roi Picrochole, se plaignent à ce dernier qui réplique immédiatement en mobilisant troupes et matériel ; sans réflexion ni déclaration préalable, il dévaste les terres de son voisin. Les moines de l'abbaye de Seuilly sont affolés par l'invasion des ennemis qui saccagent leurs vignes. Tandis qu'ils prient, Frère Jean des Entommeures, décidé à ne pas laisser détruire ses vignes, intervient dans la mêlée. Sur ces paroles, il ôta sa grande robe et se saisit du bâton de la croix, qui était en coeur de sorbier, long comme une lance, tenant bien en main et parsemé de fleurs de lys, presque toutes effacées. Et il sortit ainsi, vêtu de sa casaque, le froc accroché à sa ceinture. Et du bâton de la croix, il donna si brusquement sur les ennemis, qui, sans ordre, ni enseigne, ni tambour, ni trompette, grappillaient dans l'enclos ( car les porte-drapeau et les porte-enseigne avaient posé leurs drapeaux et leurs enseignes le long des murs, les tambourineurs avaient défoncé leurs tambours pour les emplir de raisin, les trompettes étaient chargés de ceps, chacun de son côté ), il les chargea donc si rudement, sans crier gare, qu'il les renversait comme des porcs, frappant à tort et à travers, selon l'ancienne escrime. Aux uns il écrabouillait la cervelle, aux autres il rompait bras et jambes, à d'autres il démettait les vertèbres du cou, à d'autres il disloquait les reins, ravalait le nez, pochait les yeux, fendait les mâchoires, renfonçait les dents dans la gueule, défonçait les omoplates, brisait les jambes, déboitait les hanches, émiettait les tibias. Si quelqu'un voulait se cacher au plus épais des ceps, il lui froissait toute l'épine dorsale et l'éreintait comme un chien. Si un autre voulait se sauver en fuyant, il lui réduisait la tête en miettes à travers la suture lambdoïde. Si quelque autre grimpait dans un arbre, pensant y être en sûreté, de son bâton il l'empalait par le fondement. Si quelqu'un de ses connaissances lui criait : « - Ah, Frère Jean, mon ami, Frère Jean, je me rends ! - Tu y es, disait-il, bien forcé. Mais tu vas aussi rendre ton âme à tous les diables ! « Et d'un coup il l'étendait. Et s'il y en avait d'assez téméraires pour lui résister en face, il démontrait là la force de ses muscles. Il leur transperçait la poitrine par le thorax et le coeur. A d'autres, en frappant au bas des côtes, il retournait l'estomac, ce dont ils mouraient aussitôt. D'autres, il les frappait si férocement au nombril qu'il leur faisait sortir les tripes. A d'autres, à travers les couilles il perçait le boyau culier. Croyez bien que c'était le plus horrible spectacle qu'on ait jamais vu. Les uns criaient : Sainte Barbe ! D'autres : Saint Georges ! D'autres : Sainte Nitouche ! D'autres : Notre-Dame de Cunault ! de Lorette ! de Bonnes Nouvelles ! de la Lenou ! de Rivière ! Les uns se vouaient à Saint Jacques ; d'autres au saint Suaire de Chambéry - mais il brûla trois mois plus tard, si bien qu'on n'en put sauver un seul brin ; d'autres à...
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« d’Angély ; les autres à saint Eutrope à Saintes, à saint Mesme de Chinon, à Saint Martin de Candes, à saint Cloud de Cinay, aux reliques de Javarsay, et mille autres bons petits saints.

Les uns mouraient sans confession, les autres criaient à pleine voix : « Confession ! Confession ! J’avoue mes péchés ! Miséricorde ! Je me remets en tes mains, Seigneur ! » Si forts étaient les cris des blessés que le prieur de l’abbaye sortit avec tous ses moines ; lorsqu’ils aperçurent tous ces pauvres gens renversés au milieu de la vigne et blessés à mort, ils en confessèrent quelques uns. Rabelais, Gargantua , chapitre XXV, 1534 Pbmatique : Comment Rabelais parvient-il dans ce texte à mettre le registre épique au service de la parodie polémique ? I – Un combattant redoutable 1.

Un héros guerrier l.1 à 4 : Homme de décision et d’action.

Armement et préparation tel un chevalier, renforcé par la comparaison l.2 (« telle une lance » ; arme symbolisant la dureté, la maniabilité) et la référence à la royauté avec les fleurs de lys. La précision « presque toutes effacées » en fait véritablement un chevalier des temps anciens ; renforcé l.8-9 avec la référence à « l’ancienne escrime ». Son arme prend également un aspect sacré (Les chevaliers d’autrefois étaient des croyants exemplaires au service de dieu et du Roi)  « bâton de la croix » l.1 Comportement héroïque : Frère Jean combat seul contre une multitude : « Et il sortit ainsi » l.3, « les ennemis » l.4, « aux uns » l.10, « aux autres » l.10 (construction antithétique renforçant l’impression de nombre), « Si quelqu’un » l.14, « Si un autre » l.16, « Si quelque autre » l.17, « Si quelqu’un de ses connaissances » l.19, « s’il y en avait d’assez téméraires » l.23, « A d’autres », l.24 et 26, « D’autres » l.25, « Les uns » l.28, 32, 36, « D’autres » l.29, 30, 31, 32,33, « les autres » l.34, 36.

 Termes volontairement flous et répétés, qui permettent d’insister sur le nombre, donc sur le courage et la vaillance du moine.

Ces termes permettent également de rythmer le texte, de montrer l’aspect désordonné du combat, renforcé grâce au participe présent l.8 « frappant à tort et à travers ». Le texte insiste également sur la force du moine : « du bâton de la croix, il donna si brusquement » l.3-4, « il les chargea donc si rudement » l.7, « il démontrait là la force de ses muscles » l.22 2.

Des ennemis en déroute. »

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