G. de Nerval, Poésies diverses, Petite Revue internationale — commentaire composé
Publié le 11/01/2020
Extrait du document
Sujet
Épitaphe
Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet,
Tour à tour amoureux insoucieux et tendre,
Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre.
Un jour il entendit qu’à sa porte on sonnait.
C’était la mort ! Alors il la pria d’attendre
Qu’il eût posé le point à son dernier sonnet ;
Et puis sans s’émouvoir, il s’en alla s’étendre
Au fond du coffre froid où son corps frissonnait.
Il était paresseux, à ce que dit l’histoire, Il laissait trop sécher l’encre dans l’écritoire. Il voulait tout savoir mais il n’a rien connu,
Et quand vint le moment où, las de cette vie, Un soir d’hiver, enfin l’âme lui fut ravie, Il s’en alla disant : «Pourquoi suis-je venu ?».
G. de Nerval (1808-1855), Poésies diverses,
Petite Revue internationale, 30 mai 1897
Parties du programme abordées :
— Le xixe siècle.
— La poésie (les règles de versification).
. - Gérard de Nerval.
— Le romantisme.
Analyse du sujet :
— Thèmes : - Le genre (très mineur) de l’épitaphe.
- L’autobiographie.
- Le fantastique, la fantaisie.
— Pointe d'histoire littéraire : Une bonne connaissance de Nerval (œuvre et vie même) paraît utile. Les sources possibles de Nerval : l’épitaphe de La Fontaine.
Conseils pratiques : Le commentaire est assez difficile, paradoxalement, dans la mesure où le sonnet ne paraît présenter aucune difficulté apparente : tout y semble simple ; il faut se méfier de la paraphrase !
Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourriez par exemple étudier la simplicité et l’apparente naïveté avec lesquelles s’exprime le résumé de toute une vie. Vous avez cependant toute liberté pour orienter votre lecture, mais vous vous abstiendrez d’une étude linéaire comme d’une séparation arbitraire entre le fond et la forme.
Corrigé ■
Une certaine tradition veut que le poète laisse, avant de mourir, une « épitaphe », inscription que l’on met sur un tombeau - sorte de descriptif rapide du « gisant », de notice nécrologique, non dénuée d’humour parfois. La plus célèbre de ces épitaphes presque autobiographiques est la fameuse Épitaphe d’un paresseux de Jean de La Fontaine, à la fois évocation souriante de la mort, et autoportrait désinvolte d’un homme qui ne se prit jamais tout à fait au sérieux... C’est sous ce haut patronage que se place visiblement le poète Gérard de Nerval dans une Épitaphe qui ne se sera publiée que longtemps après sa mort dans la Petite Revue internationale en 1897 et réunie ensuite aux Poésies diverses. Par sa tonalité assez légère, mais non exempte de gravité cachée, cette pièce tranche un peu avec les autres œuvres, plus célèbres, du poète, comme
«
Session de iuin 1991
Il était paresseux, à ce que dit l'histoire,
Il laissait trop sécher l'encre dans l'écritoire.
Il voulait tout savoir mais il n'a rien connu.
Et quand vint le moment où, las de cette vie,
t:n soir d'hiver, enfin l'âme lui fut ravie,
Il s'en alla disant: "Pourquoi suis-je venu ?0•
G.
de NERVAL (1808-1855), Poésies diverses, Petite Revue internationale, 30 mai 1897.
(1) Une épitaphe: inscription que l'on mer sur un rombeau afin de faire connaître qui y gît en donnant, le plus souvent, un bref aperçu de sa vie et de son caractère.
(2) Clirnndre: personnage traditionnel c1·amoureux dans la comédie française.
Vous ferez de ce texie un commelltaire composé.
Vous
poun-iez par exemple étudier la simplicité et l'apparente
naïveté avec lesquelles s'exJJrime le résumé de toute une vie.
Vous avez cependant toute liberté pour oriente1· votre
lecture, mais vous vous abstiendrez d'une étude linéaire
comme d'u1le séparation arbitraire entre lef011d et laforme.
Corrigé
Une ce1taine tradition veut que le poète laisse, avant de mourir,
une " épitaphe », inscription que l'on met sur un tombeau -sorte
de descriptif rapide du • gisant ", de notice nécrologique, non
dénuée d'humour parfois.
La plus célèbre de ces épitaphes presque
autobiographiques est la fameuse Épitaphe d'un paresseux de Jean
de La Fontaine, à la fois évocation souriante de la m01t, et auto
portrait désinvolte d'un homme qui ne se prit jamais tout à fait au
sérieux ...
C'est sous ce haut patronage que se place visiblement le
poète Gérard de Ne1val dans une Épitaphe qui ne se sera publiée ~
que longtemps après sa mort dans la Petite Revue internationale
en 1897 et réunie ensuite aux Poésies'diverses.
Par sa tonalité assez
légère, mais non exempte de gravité cachée, cette pièce tranche
un peu avec les autres œuvres, plus célèbres, du poète, comme
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