France, mère des arts, des armes et des lois: Du BELLAY, Regrets. Commentaire
Publié le 11/09/2014
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France, mère des arts, des armes et des lois, Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle : Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois.
Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois, Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ? France, France, réponds à ma triste querelle. Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix.
Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine ; Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau.
Las ! Tes autres agneaux n'ont faute de pâture, Ils ne craignent le loup, le vent, ni la froidure : Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.
«
DU BELLAY 17
loppe sous la forme d'un symbole émouvant la détresse qu'il
ressent utilise à l'expression de ses sentiments toutes les ressources
d'un art dominé et raffiné.
On ne sait s'il faut admirer davantage
la valeur morale de son inspiration ou la beauté littéraire de la
mise en œuvre.
1.
LES SENTIMENTS
Sans doute ce qui nous touche dès l'abord, c'est la valeur
morale des sentiments exprimés.
Il ne s'agit pas ici, comme
souvent chez
Du Bellay, ou chez Ronsard, de quelque variation
sur le thème de l'amour physique et du plaisir.
L'inspiration
est plus haute et c'est l'amour de la Patrie qui inspire ici notre
poète.
A cette Patrie il s'adresse comme à une mère loin de
laquelle son enfant se trouve esseulé.
Ce sont là deux thèmes
également nobles qui se trouvent ainsi évoqués à la suite du
premier : celui de
l'amour filial et celui de la solitude morale
qui inspirera plus tard tant de vers émouvants à nos romantiques.
Enfin, le poète fait appel à l'esprit de justice de cette mère
oublieuse qui devrait à ce fils exilé des regards en rapport avec
ses mérites, au moins égaux à ceux d'autres fils plus favorisés.
Ainsi, l'évocation côte à côte de ces thèmes lyriques, qui nous
frappent par leur élévation, donne au poème sa valeur morale.
II.
LA
COMPOSITION
La beauté littéraire de l'œuvre ne le cède pas à la qualité de
son inspiration.
Il faut rendre justice d'abord à la composition.
Elle s'ordonne sous la forme d'ùn symbole qui, sans cesse, au fur et à mesure que se déroule le poème, va se précisant et
s'élargissant.
Il se précise : en effet, il part d'une image assez
vague, au deuxième vers, que le mot « mère » du premier vers
a suggérée et qui serait applicable aussi bien à un enfant, qu'au petit d'un animal, quel qu'il soit.
Et c'est seulement au troisième
vers que l'image se resserre et s'applique plus étroitement à
l'agneau.
Puis le symbole, par une nouvelle progression, s'élargit.
Le cadre d'abord nous frappe par son immensité, lourd de
menaces latentes, où l'agneau dans son émoi lance des appels
sans
fin :
« Je remplis de ton nom les antres et les bois.
»
Ce cadre se peuple ensuite de présences hostiles et impitoyables,
celle des loups, ennemis héréditaires, celle de l'hiver « tueur
des pauvres gens ».
Enfin, nouvelle et dernière progression, le.
»
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