FONTANEY Antoine Étienne : sa vie et son oeuvre

FONTANEY Antoine Étienne (1803-1837). Écrivain né à Paris, il fut d'abord petit employé de mairie. Fréquentant salons et cénacles romantiques, il s’initia à la nouvelle poésie et publia en 1828 Ballades, mélodies et poésies diverses, recueil composite où les traductions (Wordsworth, Byron, Moore, Scott, Manzoni) dominent largement les œuvres personnelles. Admirateur de Hugo — familièrement appelé Victor dans le Journal intime —, il lui dédia « l’un des premiers sonnets parfaits qu’eût produit la nouvelle renaissance poétique » (C. Asse-lineau) :

Qu'ils tremblent de fouler ces domaines de l'âme, Tes royaumes, volcans assoupis, dont la flamme A ta voix, en Etnas jaillirait sous leurs pas.

Rien de tel chez Fontaney dont la vie ni l’œuvre n’ont rien de volcanique : attaché d’ambassade en Espagne au lendemain des Trois Glorieuses, il en rapporte une série d’articles pour la Revue des Deux Mondes. Mais sa situation reste précaire : « Me voici, à mon âge, sans état, sans ressources, sans appui. Enfin, mes pistolets sont là, chargés» {Journal intime, 6 septembre 1831). Et ses amours ne sont guère heureuses : Marie Nodier lui échappe; contre l’avis de la comédienne, il se lie avec sa fille Gabrielle Dorval, l’enlève du couvent où on l’a enfermée, vit quelques mois d’idylle en Angleterre. Peu après leur retour, « Fange » Gabrielle meurt de phtisie, précédant son « ami » dans la tombe. En 1835 Fontaney avait regroupé ses articles espagnols sous le titre de Scènes de la vie castillane et andalouse, se cachant sous le mystérieux pseudonyme de « lord Feeling ». Il laissait aussi ce Journal intime dont René Jasinski a révélé l’existence en 1925.