FONTANES Jean Pierre Louis de : sa vie et son oeuvre
Publié le 06/12/2018
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FONTANES Jean Pierre Louis de (1757-1821). Écrivain et homme d’État. Né sous Louis XV, mort sous Louis XVIII, Louis de Fontanes traversa règnes et régimes avec brio; souple, souriant, mais fidèle à sa foi et à ses amitiés, il n’eut qu’une véritable passion, la poésie, qu’il cultiva de la prime adolescence jusqu’au faîte même des honneurs.
Après une enfance sévère et janséniste à Niort — où s’est établi son père, huguenot d’origine languedocienne —, la mort prématurée de ses parents le laisse seul au monde et sans ressources. Il séjourne en Normandie, chez des amis de sa famille, apprenant l’anglais et composant les premiers poèmes qui le signaleront à ses contemporains (la Forêt de Navarre, 1779, sur le modèle de la Forêt de Windsor de Pope). Installé à Paris en 1777, il publie ses vers dans l'Almanach des Muses et le Mercure de France et, en 1783, donne une traduction de l’Essai sur l'homme de Pope qui lui vaut, avec un article favorable de La Harpe, un succès qu’accentuent encore de sensibles élégies (la Chartreuse de Paris, rêverie sur la douceur mélancolique du cloître, et que Chateaubriand publiera, remaniée, dans le Génie du christianisme;
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Louis
XVIII, Louis de Fontanes traversa règnes et régi
mes avec brio; souple, souriant, mais fidèle à sa foi et à
ses amitiés, il n'eut qu'une véritable passion, la poésie,
qu'il cultiva de la prime adolescence jusqu 'a u faî'te
même des honneurs.
Après une enfance sévère et janséniste à Niort -où
s'est établi son père, huguenot d'origine languedocienne
-, la mort prématurée de ses parents le laisse seul au
monde et sans ressources.
Il séjourne en Normandie,
chez des amis de sa famille, apprenant l'anglais et com
posant les premiers poèmes qu i le signaleront à ses
cont emp orain s (/a Forêt de Navarre, 177 9, sur le modèle
de la Forêt de Windsor de Pope).
Installé à Pari s en
1777, il publie ses vers dans !'Almanach des Muses et le
Mercure de France et, en 1783, donne une traduction de
l'Essai sur l'homme de Pope qui lui vaut, avec un article
favorable de La Harpe, un su ccè s qu'accentuent encore
de sensibles élégies (la Chartreuse de Paris, rêverie sur
la douceur mélancolique du cloîtr e, et que Chateaubriand
publiera, remaniée, dans le yénie du christianisme; le
Jour des Morts, inspiré de !'Elégie de Gray; l'ossianique
Chant du barde; l'Essai sur l'astronomie, élégant poème
didactique ...
).
Journaliste, voyageur (il écrit outre
Manche ses Stances à une jeune Anglaise), ami du ph il o
sophe Jo se ph Joubert, de Restif, de Mercier, de Chénier,
novateur modéré au début de la Révolution, il se retire
bientôt à Lyon, s'y marie, connaît les horreurs du siège
de la ville et, revenu à Paris, inquiété pour avoir inspiré
les discours des représentants lyonnais contre Collot
d'Herbois, doit se cacher sous la Terreur.
Membre de
J'Institut après le 9-Thermidor, de nouveau proscrit après
le 18- Fructid or (1797), il repart pour l'Angleterre, où il
se lie d'amitié avec Chateaubriand.
Rentré à Paris après
le 18-Brumaire, critique au Mercure de France, il gagne
la faveur du Premier consul et aide au triomphe du Génie
du christianisme ( 1802).
Député (1802), président du
Corps législatif (1804), premier grand maître de l'Uni
versité (1808), sénateur (181 0), com te, d'esprit indépen
dant et secrètement royaliste, il met au service de Napo
léon sa conciliante habileté.
Louis XYIIl le fait marquis,
puis le nomme ministre et membre du Conseil privé.
Il
meurt en laissant de nombreuses œuvres éparses, dont
une épopée inachevée, la Grèce sauvée, et un poème
d es cripti f, la Maison rustique, que Sainte-Beuve
p ubli era en 1839, précédées d'une belle biographie.
A l'aise dans tous les genres, Fontanes n'en renou
velle aucun.
Orateur délicat, modéré, à la parole ferme et
limpide, il sait prononcer avec une noble gravité l'éloge
funèbre de Washington, en 1800, ou transmettre discrète
ment à l'Empereur l'opposition du Corps législatif.
Dans
sa Maison rustique, à l'automne d'une longue lignée
didactique, il se distingue en joignant 1 'exactitude et la
simplicité à l'élégance : son amour pour le jardin, les
bosquets et les oiseaux se nourrit de souvenirs d'enfance
et reflète la douceur des promenades dans le beau
domaine de Courbevoie, où
Entre les verts tilleuls, à la rose mêlées,
Les fleurs du seringat parfument les allées.
La Grèce sauvée est toute virgilienne : elle glorifie le
combat des Hellènes contre les Perses, avec plus d'har
m oni e et de correction que de force.
Le classicisme s'y
a c hè ve en un académisme où se multiplient tableaux
touchants, violences conventionnelles, héroïsme
sublime.
En cette entreprise qui accompagna sa vie, Je
poète reste froid, comme en ses odes officielles; il
excelle dans l'ode familière, horacienne ou anacréonti
que, et dans 1' élégie, où s'exhale une mélancolie pudi
que, une plainte gracieuse et contenue.
Aucune contesta
tion du système néo -c la ssiq ue pour annoncer le prochain
romantisme, dans ces pièces où abondent références
mythologiques, métonymies et périphrases; mais une parfaite
union de la pensée et de l'expression, un amour
apaisé de la mesure et du loisir : par là, Fontanes se
sépare d'un Chénier, plus véhément, et se rapproche
d'auteurs anglais comme Gray et Collins, dont le lyrisme
allie mesure, sobriété, sensibilité.
Il rend avec virtuosité
la torpeur d'un midi estiva l :
La jeune fille rêve, un fuseau à la main,
Soupire et, sous le dais d'un flexible jasmin,
Belle de son repos, touchante, demi-nue,
S'assoupit molle ment sur un bras soutenue.
Le fleuve qui languit voit décroître son bord;
L'oiseau se tait, penché sur le rameau qui dort;
Seule, en sons discordants, siffle l'aigre cigale.
Comme l'écrit Sainte-Beuve : « Fontanes représente
exactement le type du go ût et du talent poétique français
dans leur pureté et leur atticisme, sans mélange de rien
d'étranger; goût racinien, fénelonien -grec par ins
tants ».
Esprit délicat et fin, il mérite de vivre «paisible
dans ce demi-jour de l'histoire littéraire qui n'est pas
tout à fait un tombeau ».
BIBLIOGRAPHIE
Édition.- Œuvres, Paris, Hac h ette , 1839.
Critique.
-Sainte-Beuve, Œuvres, Paris, Gallimard, Bibl.
de
la Pléiade, 1956-1960, t.
II, p.
192-279 ( >,
1838); Norbert Alcer, Louis de Fontanes (1757-1821), homme
de lettres et administrateur, Perr in , 1990.
O.
MADELÉNAT.
»
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