Flaubert, "Ce fut comme une apparition"
Publié le 17/01/2014
Extrait du document


«
vie, son passé ? » (l.15) et nous ouvre un chemin vers les plus intimes pens ées du personnage.
On ne
saurait circonscrire l'attirance de Fr
édéric à un simple d ésir physique . Si celuici existe, comme nous l'indique
le texte, il est cependant d
épass é par un sentiment beaucoup plus confus, aussi myst érieu x et
transcendantal que peut l'
être madame Arnoux, aussi paradoxal qu'un attrait condamn é à la souffrance, ce
que d
émontre l'oxymore « curiosit é douloureuse » (l.17/18). Les bornes de ce d ésir n' étant pas d éfinies, il
est normal qu'une hyperbole en valide le constat « qui n'avait pas de limites » (l.18) .
Domin
é par l' hybris, le regard de Frédéric agit de façon déformante.
Il fonctionne de manière
intrusive, tentant de percer à jour le mystère de Madame Arnoux.
L'accumulation de la l.16 - « les
meubles de sa chambre, toutes les robes qu'elle avait portées, les gens qu'elle fréquentait »- montre
que la passion confine à la pulsion, anticipant les futurs désastres du protagoniste.
Cette démesure
du personnage le condamne au fantasme d'une femme totalement idéalisée, perçue sur le mode très
baudelairien de l'exotisme, du voyage, comme le prouve le champ lexical de la ligne 24, avec les
mots « andalouse », « créole », « îles ».
L'acmé de cette fascination se trouve être la fétichisation
d'un objet, en l'occurrence un châle, qui excite l'imagination de Frédéric.
La rêverie du jeune
homme incarne une série de postures féminines - « envelopper sa taille » (l.27), « s'en couvrir les
pieds » (l.28), « dormir dedans » (l.28) – à partir de la simple représentation mentale d'une étoffe.
Il
faudra qu'un premier événement advienne pour que le personnage, jusque-là passif et voyeur,
s'incarne en figure agissante : « fit un bond » (l.29), le passé simple créant un effet de rupture.
A
partir de là, le regard du jeune homme s'unira à celui de Mme Arnoux - l'expression « leurs yeux se
rencontrèrent »(l.31) indiquant, par sa forme pronominale, une réciprocité du sentiment contrariée
par un obstacle de taille : M.
Arnoux, le mari (on notera que la modalité interrogative - « Ma
femme, es-tu prête ? » joue sur une indétermination sémantique de l'adjectif qualificatif : « prête à
quitter son couple » ?, « prête à rejoindre son mari » ?).
Le texte de Flaubert ne se départit jamais d'une certaine ironie vis-à-vis de personnages, que
la démesure réduit à des clichés : Mme Arnoux incarne une femme totalement mystifiée par le
regard amoureux et Frédéric semble un jeune homme transi, totalement mû par ses désirs.
De ce
point de vue, l'arrivée du mari consacre la fin de l'enchantement et annonce les difficultés à venir.
Au-delà du fantasme, les deux protagonistes devront s'accommoder du réel et de l'inflexion qu'ils
lui donnent par le simple fait de s'aimer.
Cette ironie qui affleure à la surface des mots constitue un
e caractéristique de l'écriture flaubertienne, traversant quelques célèbres passages de Madame
Bovary, visant unilatéralement Emma, Charles ou Homais, pour ne citer que les personnages les
plus connus de cette œuvre..
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