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Figaro rencontre Mascarille aux Enfers. Imaginez leur dialogue.

Publié le 14/02/2012

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figaro

FIGARO. - Il me semble avoir déjà vu ce gaillard-là quelque part.

MASCARILLE. - Cette figure ne m'est pas inconnue ...

FIGARO. - Cette démarche de valet habillé en grand seigneur ...

MASCARILLE. - Cet air joyeux et inquiet à la fois ...

FIGARO. -Ah! j'y suis; c'est cet impudent de Mascarille ...

MASCARILLE. - C'est ce coquin de Figaro! ...

figaro

« l'esprit et du talent, il appartenait de dénoncer les vices de nos maîtres et de les clouer au pilori.

MASCARILLE.

- Et tu as bien réussi, Figaro.

Si j'en crois ceux qui t'ont applaudi au théâtre et que je rencontre aux enfers, tu as· sapé l'Ancien Régime aussi efficacement que le patriarche de Ferney et que Jean-Jac­ ques, ce rêveur dangereux.

FIGARO.

- En étalant leurs vices et en les tournant en ridicule, j'ai vengé la morale.

MASCARILLE.

- Tu as contribué aussi à la démolition de la Bastille; tu as envoyé les comtes et les marquis à la guillotine; mais en travaillant à la suppression des privilèges et des privilégiés, tu as, par ta verve ven­ geresse, irrésistible, favorisé l'avènement de la canaille.

FIGARO.

-Qu'importe, si j'ai hâté l'avènement de la Liberté? MAsCARILLE.

- Hélas! mon pauvre Figaro, rappelle-toi ce que disait dernièrement une femme de grand talent qui est venue, de la guillotine, nous retrouver en ces sombres parages : « Liberté, que de crimes on commet en ton nom! » FIGARO.

- On ne fait pas d'omelettes sans casser des œufs.

Que sont quel­ ques vies sacrifiées, en regard de l'affranchissement du genre humain? Et quelle gloire pour la France, libératrice des peuples opprimés! MASCARILLE.

- Je crains, Figaro, que tu ne te sois laissé piper par ces grands mots : liberté, égalité, fraternité.

Au fond, rien n'est changé; à la tyrannie de quelques-uns, en somme très supportable, a fait place celle de la foule' anonyme, ou plutôt de quelques meneurs anonymes, mêlés à la foule.

L'autre, au moins, n'était point sanguinaire, et l'on savait à qui s'en prendre, on comiaissait ses maîtres.

FIGARO.

- Tu ne peux, faute de re_cul, juger impartialement des bienfaits de la Révolution que je m'honore d'avoir préparée et peut-être précipitée.

Après la griserie provoquée par l'absorption du breuvage capiteux de la liberté, viendra l'apaisement; après l'abus déraisonnable, l'usage raisonné, judicieux.

MAsCARILLE.

-Ne joue point au prophète, ô barbier téméraire.

Tu me fais songer à cet apprenti sorcier qui, après avoir ouvert tout grand le robinet et inondé la maison, se montre incapable -faute de connaître la formule cabalistique - d'arrêter le fléau.

FIGARO.

- Fallait-il donc supporter éternellement le joug des riches et des puissants, la morgue des « grands », se laisser écraser par les impôts, la corvée, pour permettre aux rois de s'élever de somptueux palais ou de soutenir des guerres onéreuses? MASCARILLE.

- Penses-tu, naïf, qu'une nouvelle aristocratie ne va point se former parmi les sans-culottes? Penses-tu que les impôts et les guerres vont disparaître et qu'il suffit de baptiser Place de la Concorde la place où coulèrent des flots de ~ang, pour que l'humanité soit effectivement réconciliée? FIGARO.

- A ton tour, tu vaticines, Monsieur du Bel Air! ...

Je soutien: drai mordicus, moi, que le vase d'iniquité était plein jusqu'au pord et que seul le grand souffle de la colère publique était de force ,à le vider et à le purifier.

J'ai soufflé un peu plus violemmentJitie d'autres, voilà tout.. »

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