FICHE BAC CAPITRE XXI ECUME DES JOURS LE MARIAGE
Publié le 13/04/2018
Extrait du document
«
L’intrusion d’expressions triviales dévalorise encore certains éléments religieux (« les quatorze Enfants de Foi
descendirent les marches à la queue leu leu », p.
120, « un vieux chœur grégorien », p.
121) ; de même, le
Religieux et le personnel « se ruent » dans l’église ; le terme « séides », qui désigne des personnes manifestant
un dévouement aveugle et fanatique à l’égard d’un maître, d’une secte, n’est pas non plus à l’avantage de la
religion.
Boris Vian, en outre, recourt quasi systématiquement aux majuscules pour mettre en relief les éléments qu’il
ridiculise.
La vision de Jésus « accroché à la paroi » frise aussi le sacrilège, d’autant qu’il « paraissait heureux
d’avoir été invité ».
Le terme « invité » le présente un peu comme un intrus dont la place habituelle n’est pas
l’église.
De plus, la cérémonie comporte une dimension carnavalesque particulièrement prégnante.
Le personnel
religieux fait « la parade », expression qui comporte une dimension sacrilège dans la mesure où elle suggère plus
un spectacle qu’une cérémonie religieuse.
Cette idée de spectacle est renchérie par le terme « ballet », qui
désigne les mouvements des Enfants de Foi.
De même, c’est « le Religieux [qui] tenait la grosse caisse ».
Le
personnel religieux semble déguisé : « blouses blanches, avec des culottes rouges »/« plume rouge dans les
cheveux » (p.
119).
L’idée de carnaval est soutenue par la mention des « maracas », du « chorus sensationnel »,
des instruments de musique ainsi que par l’évocation de la danse (« le Chuiche esquissa un pas de claquettes »
ou encore « la ronde »).
Tous ces éléments renvoient à une musique et à un spectacle profane .
Ils évoquent
plus la fête que le recueillement.
La proposition « Le Religieux fit un dernier roulement en jonglant avec les
baguettes » (p.
120) et la mention des cabrioles évoquent le cirque.
Les jeux de lumières (« Partout de grandes
lumières envoyaient des faisceaux de rayons sur des choses dorées », p.
123) rappellent enfin les lumières de
foire.
Ce renversement des valeurs comporte une dimension sacrilège symbolisée par l’expression « l’église trembla
sur sa base » : la raison réelle évoquée est la chute du chef d’orchestre s’écrasant sur la dalle, mais la raison
implicite tient au fait que cette église se voit menacée par cette intrusion du profane.
Le renversement des valeurs
est encore sensible dans l’entrée des nuages dans l’église, qui marque l’inversion du dedans et du dehors, ou
encore dans la nécessité de la présence de « pédérastes d’honneur », Coriolan et Pégase Desmarets, pour la
célébration d’un amour hétérosexuel.
Boris Vian va encore plus loin dans la parodie et la satire en narrant le détournement d’objets ou d’éléments
sacrés comme « l’eau lustrale » ou « l’encens ».
Ce sont les Chuiches eux-mêmes qui en proposent un usage
cocasse : « leur cassaient sur la tête […] un petit ballon […] d’eau lustrale » ou encore « leur plantaient dans les
cheveux un bâtonnet d’encens allumé » (p.
121).
Le lieu lui-même se trouve détourné, transformé en manège de
foire.
La présence des « wagonnets » (surprenante dans une église), la visite de l’église et surtout la marche
nuptiale vers l’autel sont l’occasion d’une description qui rappelle le manège du « train fantôme » :
« couloir obscur qui sentait la religion », comme on sent le moisi ou le renfermé, « bruit de tonnerre », « fracas
assourdissant », « lumière verte ».
La description dévalorisante du Saint (qui « grimaçait horriblement ») va dans
le même sens.
Comme dans un manège de ce type, Alise semble avoir peur, « se serre contre Colin » tandis que
des toiles d’araignées balaient leurs figures.
Dans ce manège, la religion est un monde à l’envers dans lequel le «
Religieux » frappe le sol avec sa tête.
La comparaison du bâtiment avec « l’abdomen d’une énorme guêpe
couchée, vue de l’intérieur » (p.
123) dévalorise le lieu en introduisant le motif du « bas corporel ».
Le Religieux manque aussi à sa tâche : « il ne se rappelait plus les formules », il reluque Chloé comme un
homme.
La mention des « fragments de prières » qui leur « revenaient à la mémoire » dénonce également une
ferveur feinte.
De plus, ce retour de la prière est associé à la frayeur, ce qui suggère une dimension répressive de
la religion dont témoigne le Dieu « qui avait un oeil au beurre noir et l’air pas content ».
En outre, le même
Chevêche, qui «somnolait doucement », donne un coup de canne à Chick.
Enfin, l’allusion au coût exorbitant du
mariage est une façon de souligner qu’il s’agit plus, pour l’Église, d’un commerce que d’un sacrement .
Conclusion : Une nouvelle fois, la fantaisie est une façon de porter un regard critique sur l’homme et le monde.
La narration de ce mariage et la description des éléments qui structurent cette cérémonie sont le vecteur d’une
parodie sacrilège et Boris Vian tourne le sacrement en dérision.
Mais il dénonce également avec force une
religion mercantile et répressive, qui repose sur la crainte – dénonciation dont se feront l’écho, avec une bien
plus nette brutalité, les chapitres concernant l’enterrement pathétique de Chloé où la religion ajoute à la
souffrance..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- mariage ecume des jours
- ecume des jours, le mariage
- L'ecume des jours, fiche , Vian
- FICHE DE LECTURE : L'ECUME DES JOURS (1947) VIAN Boris
- L'Ecume des Jours de Boris VIAN (Résumé et Fiche de lecture)