Faut-il écrire avec Taine que le théâtre de Racine n'est que l'expression des moeurs mondaines de son temps ?
Publié le 04/06/2012
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Dans ses « Nouveaux Essais «,Taine s'est attaché à mettre en lumière le côté moderne des pièces de Racine. D'après lui, son théâtre « ne serait que l'expression des moeurs mondaines de son temps «. Que faut-il penser de cette assertion?
«
XVII' SIÈCLE
!.Influence de la société contemporaine.
Il est vrai que parfois Racine s'est efforcé d'accommoder des 1) La galanterie
sujets tirés de l'antiquité à la délicatesse des mœurs contempo-
raines.
La galanterie, née à l'école de la « Chambre bleue ,,,
avait pris son plein essor à la cour du Roi Soleil.
Tout camant»
digne de ce nom devait, pour gagner le cœur de sa dame,
allier l'élégance des manières à celle des propos.
« L'amour et
la galanterie du xvue siècle avaient leur jargon et leurs lbux
communs ».
Racine ne pouvait moins faire que de sacrifier, dans
une certaine mesure, au goùt d'une cour dont l'approbation devait
consacrer ses œuvres et dont il devint bientôt le familier.
C'est ainsi que, dans Andromaque, il se refuse à montrer, !) n modifie
comme Euripide, la femme légitime, Hermione, haïssant la cap- certains sujets
tive, And1·omaque, qui lui dispute le cœur de son mari.
Le souci
des bienséances l'empêche de reproduire ce conflit si fréquent
dans l'antiquité grecque.
De même Eriphile s'immolera sur
l'autel préparé pour l'innocente
Iphigénie.
Les caractères des personnages ont été, eux aussi, moderni- 3) Il modifie sés ; Pyrrhus sait, à l'occasion, tourner un madrigal et pousser des caractères
u~e pointe.
« Vaincu, chargé de fers, de regrets consumé, , Brfilé de plus de feux que je n'en allumai ».
Sans parler de Xipharès que l'on a pu justement comparer à
un c jeune premier :., Achille, en dépit de son impétuosité et
de ses emportements, ne rappelle que de fort loin l'irascible
guerrier d'Homère.
Oreste fait preuve, à l'occasion, d'une galan
terie et d'une politesse qui contrastent singulièrement avec la
légende antique.
Il hésite à se souiller du sang de Pyrrhus..
»
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