Faut-il chercher le sens d'une oeuvre dans son dénouement ?
Publié le 23/12/2012
Extrait du document
L’univers
et l’environnement d’une pièce peuvent avoir un lien avec l’intrigue de l’oeuvre. Nous pouvons citer
Tartuffe de Molière, mis en scène par Ariane Mnouchkine. Elle transporte l’univers du dévot dans un
monde musulman menacé par l’islamisme et transpose la question de la dévotion dans l’époque
contemporaine. Tartuffe est un islamiste qui se sert du voile de la dévotion pour masquer les enjeux
politiques de son action. Le fait de modifier la mise en scène d’une oeuvre change également son sens, la
mise en scène elle-même donne tout son sens à la pièce.
Nous pouvons confirmer que le dénouement est profondément lié à l’intrigue d’une pièce de théâtre,
mais contrairement au cinéma, il n’est pas toujours associé à un suspense insoutenable. Dénouement
heureux, dénouement tragique, paradoxalement, les spectateurs s’en réjouissent. Le dénouement
provoque différents sentiments auprès du public selon son genre, le soulagement pour les Farces de
Molière, un sentiment de frustration pour Dom Juan de Molière, ou encore, le laisse sur sa réflexion.
«
façon spectaculaire ce qui accentue l’irréalisme de cette apparition.
Elle
permet de rétablir l’ordre entre les personnages de la pièce.
Comme l’illustre le mythe Philoctète de
Sophocle et de Siméon, les deux comédiens, Philoctète et Néoptolème sont remis sur la route de Troie
par le Dieu Héraclès afin de gagner la guerre.
Les deux personnages ne s’entendaient plus et
s’apprêtaient à prendre le mauvais chemin.
Il s’agit ici de l’apparition soudaine d’un Dieu qui permet de
retrouver la logique initiale de l’intrigue et de clouer le spectacle dans une fin plutôt heureuse.
Une réécriture est la variation d’un mythe, l’auteur le personnalise, le modifie, le modernise.
Dans le
cadre de certaines réécritures de mythes, l’auteur s’inspire librement de l’histoire originale, mais
personnalise le dénouement et modifie son regard sur celui-ci.
Un exemple clair, Philoctète de Heiner
Müller qui n’hésite pas à écrire une variation sans dieux, sans salut ni chœur, à l’inverse du mythe.
Sa
vision est plus cruelle et il semble violenter les vers.
Ainsi, son dénouement est totalement différent de
celui de Sophocle et vient modifier le sens de l’intrigue.
Le théâtre n’est pas seulement un divertissement, sa première utilité est les sentences et les instructions
morales.
Le dénouement est le moment où l’auteur dévoile la morale de son histoire, il est le vecteur d’un
message.
Selon le genre de la pièce, la leçon de morale est spécifique.
Nous pouvons citer par exemple la tragédie
Bérénice de Racine, il s’agit de l’affrontement de deux impératifs incompatibles, la passion et la raison.
Bérénice et Titus sont amants de longue date, un jour, le père de Titus meurt et lui laisse le trône
d’empereur.
L’intrigue est qu’un empereur romain ne peut épouser une reine étrangère.
Titus doit choisir
entre son amour pour Bérénice, et son rôle d’empereur.
Le dénouement est ici un coup de théâtre,
Bérénice laisse de côté son intérêt personnel pour la raison d’état.
La leçon de morale est que la raison
triomphe sur la passion destructrice.
Cette pièce est adressée à Louis XlV, Racine lui demande de laisser
ses maîtresses pour des raisons d’état.
L’intérêt collectif triomphe sur l’intérêt personnel.
L’avare et Le
Malade imaginaire de Molière illustrent bien les comédies de caractère où les vices sont punis.
Dans ces
deux pièces, ceux de l’avare et l’hypocondriaque sont ridiculisés par l’auteur.
Les deux hommes
empêchent leurs enfants d’accéder au bonheur à cause de ces vices.
Cependant, à la fin, tout finit bien
en mariage et bonheur.
La morale est que les enfants triomphent sur les pères et leurs vices.
Le dénouement livre une morale, mais livre aussi parfois une leçon psychologique.
Dans Œdipe de Sophocle, Œdipe tue son père puis épouse sa mère sans le savoir, comme l’avait prédit
la Pythie.
Lorsque les intéressés l’apprennent, sa mère se pend, et Œdipe se crève les yeux puis meurt
non loin d’Athènes quelque temps plus tard.
En se rapprochant de ce mythe, le fondateur de la
psychanalyse Freud découvre le complexe d’Œdipe.
Il se définit comme le désir inconscient d’entretenir
un rapport avec le parent de sexe opposé et celui d’éliminer le parent rival du même sexe.
Donc à partir
du théâtre, on peut discerner un aspect psychologique dans une œuvre.
Dans Pour un oui pour un non
de Nathalie Sarraute, deux hommes liés par une longue amitié découvrent qu’ils ont vécu un faux-
semblant et décident de tout remettre en cause à partir de cela.
Pendant l’œuvre, les personnages voient
leur amitié se dégrader pour s’anéantir totalement au moment du dénouement fatal.
L’aspect
psychologique de cette œuvre est que le héros tragique est entraîné vers sa fin par sa propre volonté, il
suffirait qu’il renonce à l’objet de sa quête pour que cesse la malédiction.
Au théâtre, selon le genre de la pièce, une force gagne forcément sur une autre.
Les forces divines,
politiques, sociales et morales dominent l’homme.
Dans la tragédie grecque, la passion amoureuse et la
fatalité sont constamment.
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