Extrait : L'huître et les plaideurs (Livre IX, 9)
Publié le 30/03/2015
Extrait du document
Un échange de paroles au discours direct domine la partie centrale de la fable. La parole vient relayer une première attitude où apparaissait la force physique et c'est précisément celui qui « pousse « son compagnon qui prend le premier la parole : la violence première se dilue alors dans la parole sans fin, qui est une autre forme de violence. Il s'agit de savoir qui a vu le premier l'huître.
Enfin l'anonymat des personnages maintenu par le narrateur du récit (l'un/l'autre, son compagnon, l'autre) indique leur interchangeabilité ; cet aspect s'oppose à la force des pronoms nominaux (Je/vous ; vous / moi dans le v. 14.) qui marque la dispute.
«
L E C T U R E S MÉTHODIQUES
• 15 Pendant tout ce bel incident, • • Perrin Dandin arrive : ils le prennent pour juge.
• Perrin, fort gravement, ouvre l'huître, et la gruge,
• Nos deux Messieurs le regardant.
1111 • Ce repas fait, il dit d'un ton de président :
• 20 « Tenez, la cour vous donne à chacun une écaille,
:
Sans dépens, et qu'en paix chacun chez soi s'en aille.»
•
Mettez ce qu'il en coûte à plaider aujourd'hui;
• Comptez ce qu'il en reste à beaucoup de familles; • • Vous verrez que Perrin tire l'argent à lui,
• 25 Et ne laisse aux plaideurs que le sac et les quilles.
La Fontaine
se propose ici de faire une archéologie critique de la justice
qu'il oriente, comme
à son habitude et pour éviter toute pesanteur intellec
tuelle, dans une perspective ironique.
1.
LA STRUCTURE DE LA FABLE
Le récit et la moralité
La fable a la forme
d'un récit qui illustre une moralité finale, laquelle se pré
sente, à travers sa généralisation («plaider aujourd'hui», v.
22), comme une leçon.
On reconnaît les marques habituelles de la moralité : le Je du fabuliste implicite
ment présent dans le Vous qui désigne son lecteur-interlocuteur; présence des gé
néralisants ; symétrie des termes qui relèvent
du ton sentencieux ou proverbial.
Plus spécifiquement on notera le présent associé au futur dans une logique de l'ex
périence que le lecteur est appelé lui-même, de manière pratique, à mettre en
œuvre (Mettez/ Comptez/ Vous verrez).
Le régime du récit est marqué dès le
début de la fable par le circonstant « Un jour » qui fixe l'action dans un temps in
défini ; néanmoins le récit s'engage au présent, ce qui permet de donner à la
scène une dimension très visuelle.
On peut distinguer trois moments dans le récit : le premier moment ( v.
1-4)
situe les personnages lorsque l'objet du litige apparaît.
Le second moment (v.
5-
14) développe la contestation; le troisième moment (v.
15-21) est marqué par l'ar
rivée de
Perrin Dandin ; sa présence solennelle met fin à la contestation aux dépens
des deux
pèlerins.
Le rôle des discours
Un échange de paroles au discours direct domine la partie centrale de la fable.
La parole vient relayer une première attitude où apparaissait la force physique et
c'est précisément celui
qui« pousse» son compagnon qui prend le premier lapa
role : la violence première se dilue alors dans la parole sans fin, qui est une autre
forme de violence.
Il s'agit de savoir qui a vu le premier l'huître.
Enfin
l'anonymat des personnages maintenu par le narrateur du récit
(l'un/l'autre, son compagnon, l'autre) indique leur interchangeabilité ; cet aspect
s'oppose
à la force des pronoms nominaux (Je/vous ; vous/ moi dans lev.
14.)
qui marque la dispute.
~LES FABLES DE LA FONTAINE.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- L'huître et les plaideurs (Livre IX, 9) - Fables de La Fontaine
- analyse extrait de la quatrième ennéade, issu du livre neuvième de Plotin: âme comme principe vital
- Extrait : « Julien fut étonné (…) Elle voulait le surprendre, lui et sa ville. » Stendhal Le Rouge et le Noir 1830 – Livre I Chapitres XVIII
- Commentaire extrait chapitre X, du livre Le Rouge et le Noir
- Le texte que nous allons étudier est un extrait du Livre X de l’Ethique à Nicomaque, écrit par le philosophe Aristote vers 335 avant J-C.