Extrait du VIIIe livre de l'Enéide de Virgile
Publié le 08/11/2012
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Dans la deuxième partie de l’extrait, Virgile nous dit que le monde est soumis à la Rome d’Auguste
jusqu’aux « extrémités de la terre « (ligne 31). Or l’une des composantes du mythe de l’âge d’or est
justement l’empire universel centré sur Rome. Si le poète tend à démontrer qu’avec le principat
et la bataille d’Actium le renouveau est inauguré, en plaçant les dieux au milieu des hommes comme
c’était le cas dans les temps homériques, il le fait aussi en avançant le fait qu’avec Auguste se réalise
cette domination du monde.
Il dit en effet que les peuples soumis sont très nombreux : il y en a en Orient, comme les «Cariens«,
les « Daces « (ligne 32), qualifiés « d’indomptés « pour renforcer la grandeur d’Octave. Mais aussi en
Occident, où le princeps a soumis le « Rhin « (ligne 31), allusion aux conquêtes alpestres qui permirent
de contrôler ce fleuve ainsi que le Danube. Notons que cette victoire, présentée dans la description des
trois triomphes de 29 avant J.C., eut lieu après ceux-ci : ce qui importe donc à l’auteur, c’est de rappeler
l’ensemble des victoires de son protecteur, dans le but évident de montrer l’étendue de ses oeuvres.
«
Etudions dès lors ces fondements, que nous regrouperons par commodité en trois ensembles.
I/ LA VICTOIRE MILITAIRE :
A - LA VALEUR GUERRIERE :
L’extrait met en scène la description d’un bouclier donné par Vénus à son fils Enée : Vulcain, son
créateur, y a notamment représenté, dans le poème de Virgile, la bataille d’Actium.
On le voit ici, le poète
rappelle la présence d’Octave au sein même de cet affrontement naval : il nous montre, ligne 5, un
« César Auguste entraînant au combat les Italiens », et le décrit « debout sur la poupe de son vaisseau ».
Ainsi est mis en avant le courage du princeps.
Cette allusion est révélatrice de nombreux enjeux
entourant la valeur guerrière.
Octave, de par sa constitution physique, avait de faibles talents militaires.
A son talent
d’administrateur il manquait surtout une gloire armée.
En 35-34 avant J.C., il fut atteint par plusieurs
blessures lors de la dure campagne d’Illyrie, prouvant par là à ses soldats son courage physique.
C’est
pourquoi Octave dès lors met ce courage en scène et se place lui -même à la tête de ses troupes.
S’il
prête autant d’attention à ce fait, c’est qu’avec les guerres civiles du I° siècle avant J.C., le contrôle de
l’armée a prit tant d’importance qu’il est devenu plus qu’avant encore un des aspects essentiels du
pouvoir.
C’est d’ailleurs pourquoi le premier pouvoir qu’Octave cherche à contrôler est l’imperium.
Virgile, à travers ce texte, enrichit donc cette démarche d’Auguste en le peignant comme un vrai chef
de guerre, légitimé de fait dans son contrôle pour 10 ans de l’imperium depuis 27 avant J.C.
(pouvoir civil
et militaire).
Le poète fait de plus de la victoire militaire un instrument servant à la succession d’Auguste, question
centrale dans la constitution de l’ordre augustéen.
En effet il associe, ligne 8, Agrippa à la victoire en la
décrivant avec la « couronne rostrale », donnée à ce dernier après la victoire de Nauloque en 36 avant
J.C..
Virgile rappelle de ce fait son prestige militaire, essentiel pour légitimer le désir augustéen
de faire passer par Agrippa sa succession qu’il désir attribuer aux fils de ce gendre et général, ce qui est
manifeste dès 23 avant J.C.
avec le mariage entre Agrippa et la fille d’Auguste, Julie.
B – LA PLACE DONNEE A ACTIUM :
Il est évident qu’ici Virgile donne à Actium un rôle central dans l’histoire de Rome.
En plaçant cette
bataille au « milieu du bouclier » (ligne 1) qui présente à Enée la destinée de ses descendants, et du fait
que dans son œuvre Virgile fait de ceux-ci les fondateurs de Rome et de sa puissance, le poète montre
qu’Actium constitue le point culminant de l’histoire romaine.
Cette place que Virgile accorde à la bataille
fait écho au fait qu’Octave utilise intensément cette victoire pour consolider son accumulation progressive
de pouvoirs, notamment avec l’instauration des jeux actiens.
En effet, et l’on remarque cela à travers l’extrait, la bataille d’Actium est mise en scène par l’entourage
du princeps, afin avant tout de la justifier.
Car il est évident qu’Auguste, pour stabiliser l’ordre qu’il met en
place, doit démontrer le fait qu’Actium n’est pas une bataille fratricide d’une autre guerre civile.
Ici Virgile nous montre qu’Actium opposait Octave représentant les « italiens » (ligne 5) d’un côté, et
Antoine représentant l’Orient de l’autre.
Pour ce faire il rappelle qu’Antoine était marié à Cléopâtre, après
avoir répudié Octavie la.
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