Extrait 3 - Flaubert L'Éducation sentimentale (I, chap.1)
Publié le 30/03/2015
Extrait du document
· Frédéric, pour rejoindre sa place, poussa la grille des Premières, dérangea deux chasseurs avec leurs chiens...
... une envie plus profonde, dans une curiosité douloureuse qui n'avait pas de limites.
Le point de vue du romancier
Flaubert intervient pour décrire les mouvements et les gestes de Frédéric : «Frédéric... poussa la grille des Premières «; «en même temps qu'il passait... il fléchit involontairement les épaules « , «il la regarda « ; « il fit plusieurs tours ... puis il se planta« . Scène muette, chorégraphie de Frédéric, tout est minutieusement noté : d'abord le jeune homme se tient à distance (« Et quand il se fut mis plus loin «), puis se rapproche («il se planta tout près «). Le jeu des regards est rapporté avec précision : regard de Frédéric qui découvre la jeune femme, regard de celle-ci lorsqu'il passe devant elle, regard à nouveau de Frédéric qui la contemple d'abord de profil et de loin («Toute sa personne se découpait«), puis de près, en gros plan («jamais il n'avait vu... cette finesse des doigts«).
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• Elle avait un large chapeau de paille, avec des rubans roses qui palpitaient au • • vent, derrière elle.
Ses bandeaux noirs, contournant la pointe de ses grands sour-
• cils, descendaient très bas et semblaient presser amoureusement l'ovale de sa
• figure.
Sa robe de mousseline claire, tachetée de petits pois, se répandait à plis
nombreux.
Elle était en train de broder quelque chose; et son nez droit, son men
ton, toute sa personne se découpait sur le fond de
l'air bleu.
Comme elle gardait la même attitude, il fit plusieurs tours de droite et de gauche
pour dissimuler sa manœuvre; puis il se planta tout près de son ombrelle, posée
contre le banc, et
il affectait d'observer une chaloupe sur la rivière.
Jamais
il n'avait vu cette splendeur de sa peau brune, la séduction de sa taille, ni
cette finesse des doigts que la lumière traversait.
Il considérait son panier à
ouvrage avec ébahissement comme quelque chose d'extraordinaire.
Quels
étaient son nom, sa demeure, sa vie, son passé? Il souhaitait connaître les
meubles de sa chambre, toutes les robes qu'elle avait portées, les gens qu'elle
fréquentait; et le désir de la possession physique même disparaissait sous une
envie plus profonde, dans une curiosité douloureuse qui n'avait pas de limites.
- Le passage relate une scène caractéristique du récit d'apprentissage: la ren
contre amoureuse.
Cette scène capitale va décider du destin de Frédéric
Moreau.
Elle se situe au tout début du roman.
Sur un bateau qui le ramène
à Nogent, le jeune homme rencontre une inconnue dont la beauté l'éblouit:
c'est le coup de foudre.
Trois axes d'étude apparaissent: le jeu sur les points
de vue, le portrait de Mme Arnoux, le personnage de Frédéric.
1 -l' ALTERNANCE DES POINTS DE VUE
Le de vue du romancier
Flaubert intervient pour décrire les mouvements et les gestes de Frédéric :
«Frédéric ...
poussa la grille des Premières»; «en même temps qu'il passait.
..
il
fléchit involontairement les
épaules», «il la regarda»; «il fit plusieurs tours ...
puis il se planta».
Scène muette, chorégraphie de Frédéric, tout est minutieusement
noté: d'abord le jeune homme se tient à distance («Et quand il se fut mis plus
loin»), puis se rapproche («il se planta tout près»).
Le jeu des regards est rapporté
avec précision: regard de Frédéric qui découvre la jeune femme, regard de celle-ci
lorsqu'il passe devant elle, regard à nouveau de Frédéric qui la contemple
d'abord
de profil et de loin («Toute sa personne se découpait»), puis de près, en gros plan («jamais il n'avait vu ...
cette finesse des doigts»).
Le de vue de Frédéric
La scène reçoit son intensité du passage incessant en focalisation interne qui fait
entrer le lecteur dans l'intériorité du personnage et lui fait découvrir Mme Arnoux
à travers son regard.
«Elie était assise, au milieu du banc ...
».
Frédéric ne voit que
la jeune femme, isolée, séparée du reste.
Le blanc typographique qui précède sou
ligne la violence de la révélation.
Puis c'est une longue contemplation amoureuse:
le regard de Frédéric descend le long du corps, depuis le chapeau
jusqu'au bas de la.
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