Exposition de la pièce Les Bonnes de Jean Genet
Publié le 26/06/2012
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En 1947, Jean Genet publie sa pièce Les Bonnes dans laquelle il évoque le conflit entre deux domestiques et leur maîtresse. La pièce s’ouvre sur un dialogue entre les deux domestiques qui sont sœurs, Solange et Claire. Très vite, ce dialogue prend les accents d’un conflit. De fait, quelles sont les spécificités de cette scène d’exposition? Tout d’abord, les premières répliques
laissent apparaître un début de pièce plutôt classique. Toutefois, assez vite, ce début sert de cadre à un conflit qui révèle des relations entre les personnages plutôt déconcertantes.
Tout d’abord, l’ouverture de la pièce présente un début de pièce plutôt classique. En effet, ce passage liminaire comporte des didascalies nombreuses qui sont autant de sources d’informations pour le lecteur / spectateur. Ainsi, comme souvent au début des pièces de théâtre, le dialogue initial est précédé d’indications scéniques assez développées. Ici, celles-ci indiquent le lieu de la scène ( « La chambre de Madame « ) et les éléments du décor
«
Solange domestique faisant preuve de fermeté et d’autorité: « Madame portera ce soir la robe de
velours écarlate », affirmation dont la fermeté est renforcée par la didascalie « dure ».
Cette ouverture de la pièce de Genet présente donc bien un début plutôt classique.
Mais c’est
aussi l’occasion de révéler un des aspects de la pièce, celui d’ un conflit .
Tout d’abord, ce conflit se manifeste à travers des remarques ironiques .
Dès le début de la
pièce, Claire fait une remarque au contenu trivial à sa sœur Solange: « C’est avec ça, sans doute,
que tu espères séduire le laitier ».
Un peu plus loin, elle développe cette idée de la domestique qui
a fauté: « Avouez qu’il vous a séduite! Que vous êtes grosse! Avouez-le! », « Car ce n’est pas
avec ce corps et cette face que vous séduirez Mario.
Ce jeune laitier ridicule vous méprise, et s’il
vous a fait un gosse… ».
Genet reprend ici un lieu commun celui de la domestique fille facile se
donnant au premier venu.
Néanmoins, perce aussi derrière ces remarques la jalousie de la
maîtresse jouée par Claire.
En effet, les remarques qu’elle fait à Solange, la domestique dans leur
jeu, sont des remarques dévalorisantes comme si, ainsi, la maîtresse voulait se mettre en avant ce
que résume cette affirmation: « Je serai belle.
Plus que vous ne le serez jamais »
En outre, le conflit est exprimé aussi à travers les impératifs.
Claire, dans son rôle de
maîtresse se montre particulièrement autoritaire et directive.
Dès la première réplique, elle utilise
pas moins de cinq tournures impératives à l’adresse de Solange: « ne mens pas », « Pends-les »,
« Sors », « remporte tes crachats » et « cesse! ».
D’ailleurs, la plus grande partie de ses répliques
sont constituées de phrases de type impératif.
La plupart du temps, ce sont des ordres qui
concerne l’activité d’une domestique telle qu’elle est jouée par Solange: « Préparez ma robe »,
« Disposez mes toilettes ».
Face à ces injonctions, Solange semble se soumettre mais elle change
d’attitude à la fin de l’extrait.
Il est significatif que celui-ci s’interrompe avec la phrase finale
prononcée par Solange.
Si le verbe présent dans cette phrase n’est pas au mode impératif, il est
clair que la phrase a une tournure et un sens nettement proches de l’expression d’un ordre.
Ainsi,
l’extrait se termine sur une forme de résistance de la part de Solange et confirme de fait
l’existence d’un conflit.
Toutefois, ce conflit entre Claire et Solange est l’expression d’un autre conflit.
ce conflit,
c’est celui qui oppose les deux sœurs à leur maîtresse.
En effet, assez rapidement, il est visible
que Claire se met à la place de la maîtresse désignée par le terme « Madame ».
Si le lecteur /
spectateur peut être temporairement déstabilisé par le fait que les prénoms sont inversés ( Claire
appelle sa sœur Solange Claire ), il saisit assez vite que les deux femmes n’ont endossés qu’un
rôle.
De fait, les paroles prononcées par Claire sont un façon de ridiculiser leur maîtresse mais
aussi d’exprimer leur malaise face à cette maîtresse autoritaire.
Les paroles de Claire dans le rôle
de maîtresse de maison signifient assez nettement une séparation entre la maîtresse et ses
domestiques: « Et naturellement les souliers vernis.
Ceux que vous convoitez depuis des
années », « Pensez-vous qu’il me soit agréable de me savoir le pied enveloppé par les voiles de
votre salive? Par la brume de vos marécages? ».
En outre, tout un champ lexical de la haine
apparaît dans les dernières répliques de Claire: « Vous Me détestez n’est-ce pas? Vous m’écrasez
sous vos prévenances », « Taisez-vous, idiote! ».
Cette pièce reprenant un lieu commun, la rivalité entre maître et valet, s’ouvre donc
immédiatement sur le conflit.
D’ailleurs, celui-ci est matérialisé à travers des relations entre les
personnages plutôt déconcertantes .
Avant tout cet extrait liminaire présente un jeu de rôles, signe du théâtre dans le théâtre.
Ce
jeu de rôle est signifier par les changements de statut et donc de prénom des personnages.
Claire
devient « Madame » alors que Solange prend l’identité de sa sœur.
Ce sont les répliques de Claire.
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