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Exposé sur deux pièces de Samuel Beckett (En attendant Godot et Oh! Les Beaux Jours)

Publié le 26/11/2011

Extrait du document

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Introduction :

Avant d’aborder la question du couple chez Samuel Beckett – et plus particulièrement dans EAG et OBJ – il semble important de remarquer que ces deux pièces sont fondées sur un système binaire quasi-systématique :

-          Elles comportent deux actes chacune, le 2ème acte se présentant dans chaque pièce comme une réaction au premier.

-          Les éléments propres au théâtre sont utilisés en une série d’associations binaires, reposant à la fois sur l’opposition et la complémentarité, parmi lesquelles :

-          Parole / Silence

-          Répliques /Didascalies

-          Mouvement / Immobilité

-          Humains / Objets

-          Passé / Présent

-          Surtout, ces deux pièces reposent sur des tandems de personnages qui se complètent et s’opposent :

-          Winnie et Willie dans OBJ

-          Vladimir et Estragon dans EAG

-          Lucky et Pozzo dans EAG

-          (on peut ajouter à cette liste le personnage secondaire le jeune messager et son frère, mais ce couple est à part, car le même garçon apparaît à deux reprises tandis que son frère n’apparaît jamais).

-          En fondant mon analyse sur les rapports qui unissent ces trois principaux couples, j’ai décidé d’aborder cette leçon par trois grands axes, correspondant chacun à l’étude d’une forme spécifique de couple et des liens qui en résultent.

-          Ce faisant, je tâcherai de mettre en évidence les liens de complémentarité, mais également les antagonismes qui fondent ces couples afin de définir ce en quoi ils sont propres au théâtre de Samuel Beckett et plus précisément à EAG et OBJ.

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« PREMIERE PARTIE : le couple Homme -Femme – Winnie et Willie On observera en préambule que la représentation de Winnie et Willie est établie à travers une scénographie très spécifique et que cette scénographie fait partie intégrante de la relation des deux personnages.

Nous étudierons d’abord les éléments concrets qui unissent et séparent le couple, puis la singularité d’une histoire d’amour vécue au passé, et enfin la question de la survie du couple à la disparition de l’un de ses membres.

A) Les limites physiques 1) Des espaces clos - On observe un 1 er paradoxe : OBJ se déroule à ciel ouvert, dans un espace théoriquement illimité et pourtant la pièce vise à susciter une sensation d’enfermement, de contrainte.

- Winnie et Willie sont assignés à deux parties définies du plateau : ils ne partagent pas le mêm e espace.

Willie tente de rejoindre Winnie à la fin du 2 ème acte, mais cette tentative se solde par un échec.

- Willie et Winnie sont des avatars de Nagg et Nell, deux personnages de FDP, couple de vieillards constamment présents sur scène, mais enfermé chac un dans une poubelle et dans l’incapacité de se rejoindre.

 La relation de Winnie et Willie est soumise dès le début de la pièce à un strict découpage de l’ espace qui sépare le couple plus qu’il ne le rapproche.

2) Des mouvements restreints - La spécificité d’ OBJ tient à la situation de Winnie : elle immobilisée dans le sol d’un mamelon, jusqu’à la taille dans le premier acte puis jusqu’au cou dans le second.

- Ce handicap empêche tout déplacement et réduit la capacité de mouvement du personnage.

- Cette contrainte empêche tout contact physique entre Winnie et Willie, car elle ne peut bouger et lui, reste dissimulé derrière le mamelon durant presque toute la durée de la pièce.

- On trouve à nouveau un écho avec FDP, Nagg et Nell étant chacun immobilisé dans une poubel le, remplie de sciure ou de sable.

- Le pathétique atteint son point d’acmé vers la fin du deu xième acte quand Winnie espère que Willie viendra lui toucher le visage et – pourquoi pas ? – lui donner un baiser.

 Le contact physique étant impossible, il reste donc à compenser avec d’autres sens, mais là encore, on constate une forme d’échec.

3) Des liens ténus - Confrontés à une séparation effective et à l’incapacité de se toucher, les deux personnages voudraient compenser par d’autres sens, mais on observe là auss i un échec quasi-total.

- Willie, immobilisée face au public, tourne le dos à Willie et ne peut le voir.

Son inquiétude constante tient à savoir si Willie la regarde :  Métaphore : exister dans le regard de l’autre et plus largement, angoisse de la comédienne face à son public.

- L’ouïe et la parole forment l’ultime lien qui unit les deux personnages, mais ce lien semble bien fragile et totalement déséquilibré : il n’y a quasiment aucun échange.

Willie parle peu, ses interventions se limitent à des borborygmes e t à quelques paroles.

 Willie prend en charge l’essentiel de la parole dans u n long soliloque, qui ressasse leur relation amoureuse sur le mode rétrospectif.. »

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