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Exposé, Marivaux, La Dispute, scène III

Publié le 25/07/2012

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marivaux

Dans l’Alchimiste de Paolo Coelho, le héros découvre une alternative à l’histoire de Narcisse dans un livre d’Oscar Wilde. Oscar Wilde disait qu'à la mort de Narcisse, les Oréades, des divinités des bois, étaient venues au bord du lac où était mort Narcisse, mais l’avaient trouvé transformé en urne de larmes. Les Oréades avaient demandé au lac pourquoi il pleurait. Le lac avait répondu qu’il pleurait pour Narcisse, et les Oréades d’approuver que le lac était bien le seul qui pouvait voir sa beauté de près. Mais le lac semble découvrir que Narcisse était beau. Au vu de la stupeur des Oréades le lac s’explique : « Je pleure pour Narcisse parce que, chaque fois qu'il se penchait sur mes rives, je pouvais voir, au fond de ses yeux, le reflet de ma propre beauté. «

marivaux

« Transition : III - Une découverte en miroir Une autre approche du mythe de Narcisse La passion qu'Eglé ressent pour son propre reflet, sa propre image, est évidemment à rapprocher du mythe de Narcisse. Le mythe de Narcisse Le mythe de Narcisse est raconté notamment par Ovide dans ses Métamorphoses.

Ovide raconte qu'à la naissance de Narcisse, on demanda au devin Tirésias (lemême que dans la tragédie d'Œdipe) si l'enfant atteindrait une longue vieillesse.

Le devin répondit : « il l'atteindra s'il ne se connaît pas ».Narcisse grandit et se révèle être d'une beauté exceptionnelle, mais aussi d'un caractère très fier.

Ainsi, il repousse ses nombreux prétendants et prétendantes, dontfait partie la nymphe Echo.La nymphe Echo était condamnée au mutisme par Héra pour une histoire d'infidélité avec Zeus et ne pouvait répéter que la fin des mots.

Et un jour que Narcisse étaitseul, Echo se montre, bras ouverts.

Mais Narcisse la chasse, Echo invoque donc la Némésis (la vengeance, νεμεσις) pour se venger de ce beau jeune homme.

Puis elles'enfuit au fond des bois où elle dépérit, certains disant qu'elle s'est changée en rocher et que n'a persisté que sa voix.Quelque temps après, Narcisse se retrouve dans une clairière et, ayant soif, trouve un ruisseau dans lequel il vient s'abreuver.

Mais Narcisse tombe amoureux dujeune homme qui lui fait face et ne reconnaît pas son propre reflet dans l'eau.

Il reste alors là de longs jours à se contempler et à désespérer de ne jamais pourvoirrattraper sa propre image.Narcisse décide de se laisser mourir de désespoir.

Et lorsque ses sœurs les Naïades retirent son corps, elles découvrent des fleurs blanches qui portent aujourd'hui lenom de Narcisse, sorte de Jonquilles blanches. Sans Carise et Azor, Eglé aurait peut-être subi le même sort puisque c'est son guide qui lui explique qu'elle se trouve en face d'elle-même et c'est la personne aiméequi la sort de sa torpeur. Une autre version Dans l'Alchimiste de Paolo Coelho, le héros découvre une alternative à l'histoire de Narcisse dans un livre d'Oscar Wilde.Oscar Wilde disait qu'à la mort de Narcisse, les Oréades, des divinités des bois, étaient venues au bord du lac où était mort Narcisse, mais l'avaient trouvé transforméen urne de larmes.Les Oréades avaient demandé au lac pourquoi il pleurait.

Le lac avait répondu qu'il pleurait pour Narcisse, et les Oréades d'approuver que le lac était bien le seul quipouvait voir sa beauté de près.

Mais le lac semble découvrir que Narcisse était beau.Au vu de la stupeur des Oréades le lac s'explique : « Je pleure pour Narcisse parce que, chaque fois qu'il se penchait sur mes rives, je pouvais voir, au fond de sesyeux, le reflet de ma propre beauté.

»Cette version est à rapprocher de la situation d'Eglé dans la scène suivante puisqu'elle indique que la femme n'apprécie pas la beauté de l'autre et ne voit dansl'homme que sa propre beauté. Des concepts repris par les psychanalystes Michel Gilot, dans son étude L'esthétique de Marivaux, indique que Marivaux donne à ses « personnages un sens qui dépasse leur individualité et les placent dansdes situations hautement généralisables ».C'est ce qui se passe ici lorsque Marivaux fait naître Eglé au monde. Le « stade du miroir » de Lacan Au moment où Églé se reconnaît dans le reflet, elle découvre sa propre beauté et son identité.

En effet, avant que Carise ne lui révèle qu'il s'agit d'elle-même, Egléutilise la locution « quelque chose » pour se désigner.

Plus loin, elle prononce le pronom « cela », et enfin elle se sert du pronom personnel « je », du « moi » et de son…Ce moment où l'on se reconnaît dans un miroir est un moment du développement du psychisme qui a été théorisé par Lacan.

Ce dernier lui a même donné un nom,c'est le « stade du miroir ».Pour Lacan, ce stade est le formateur de la fonction sujet.

Mais cette fonction ne peut se mettre en place que par la présence de l'autre.

On observe en effet que sansautrui, qu'importerait à l'homme de dire « je » puisqu'il n'y a personne à qui l'opposer.

Le sujet est donc social, il a besoin de l'autre pour se constituer.Ici, Carise tient le rôle de l'autre, ce qui permet à Eglé de se révéler à elle-même en tant que sujet.Selon Elisabeth Roudinesco, « le stade du miroir est ainsi le moment ou l'état durant lequel l'enfant anticipe la maîtrise de son unité corporelle par une identification àl'image du semblable et par la perception de son image dans un miroir.

»Le stade du miroir manifesterait la prise de conscience rassurante de l'unité corporelle.

Eglé se sent tout de suite en confiance lorsqu'elle apprend à quoi elleressemble.Selon Lacan, le stade du miroir manifesterait également la joie qu'a l'enfant, le plaisir qu'il a de contempler l'image de son unité, à un moment où il ne maîtrise pasencore physiologiquement cette unité.

Ici Eglé maîtrise déjà son unité, mais elle trouve un plaisir immense à se voir et ne se lasse pas de s'admirer. Le narcissisme de Sigmund Freud C'est en 1910 que Sigmund Freud prononce pour la première fois le mot « narcissisme » dans le cadre de ses théories sur l'homosexualité en tant que pulsion sexuelleconcentrée sur le « moi » du sujet.Il le désigne en 1914 comme le moment de la constitution psychique de l'enfant où ses pulsions prennent comme objet le moi.Freud associait deux formes de narcissisme : le narcissisme primaire et le narcissisme secondaire.C'est lors du stade du narcissisme primaire, ou originaire, que se forme l'idéal du moi, la libido de l'enfant est complètement portée sur lui-même et tout ce qu'ilentreprend doit le servir lui.Lors du stade du narcissisme secondaire, l'enfant porte son dévolu sexuel sur d'autres objets et peut faire retour sur le moi par rapport aux adultes, aux autres.La figure mythologique de Narcisse se situe entre ces deux formes de narcissisme.Cependant Freud a varié quant à cette définition.

En effet, dans ses textes de 1917 il préfère renvoyer le stade du narcissisme primaire à un état primitif de la vie,antérieur même à la constitution du moi comme la vie intra-utérine. Eglé ici semble plonger dans le narcissisme primaire, avec évidemment un mélange de narcissisme secondaire, comme Narcisse.

En effet, Eglé a déjà pu faire unretour sur elle-même puisqu'elle est confrontée à autrui.

Mais elle éprouve tant d'admiration pour sa propre image que c'est à rapprocher du narcissisme primairedécrit par Freud. Bien sûr, cette démonstration n'existait pas encore au XVIIIème siècle, mais Marivaux semble pourtant esquisser les premiers pas du développement psychique del'enfant dans cette scène de naissance.. »

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