Exposé : La querelle des anciens et des modernes : (1653 - 1714) - Littérature
Publié le 30/07/2012
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De nombreux intellectuels et hommes de lettres prennent alors parti dans cette nouvelle querelle, notamment François Fénelon, Voltaire, Charles de Montesquieu ou Pierre Carlet de Chamblain Marivaux, qui, partisan des Modernes, publie l’Iliade travesti (1716). François Fénelon apaise, dans sa Lettre sur les occupations de l’Académie (1714, publiée en 1716), la querelle sans la calmer pour autant. Il continue d’admirer les Anciens, mais de manière plus nuancée, tout en défendant les Modernes qu’il invite à dépasser les Anciens. La querelle prend réellement fin en 1716, avec les Réflexions critiques qu’adresse Antoine Houdar de La Motte à Madame Dacier. Il continue de s’y poser la question suivante : « Ne pouvons-nous pas soutenir modestement que les hommes, de siècle en siècle, ont acquis de nouvelles connaissances, que des richesses amassées par nos aïeux ont été accrues par nos pères et, qu’ayant hérité de leurs lumières et de leurs travaux, nous serions en état, même avec un génie inférieur au leur, de faire mieux qu’ils n’ont fait ? «, mais dissipe la tension en reconnaissant la valeur des écrits de Madame Dacier. Les Anciens, bien moins nombreux que les Modernes à l’Académie, finissent par se retirer du débat, laissant la place à un vaste courant de pensée, celui des Lumières.
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III.
L' histoire de la querelle :
Au XVII° siècle éclata une vive querelle qui, malgré qu'on ait tendance à l'oublier, marqua profondément le monde de la littérature.Cette querelle, entre les tenants des « Anciens » et ceux des « Modernes, » fut source de divers ouvrages, certes, mais fut aussi le prétexte à une réflexion plus pousséequant au devenir de la littérature.
Nous n'avons qu'à penser au merveilleux chrétien dont les Modernes ont vanté les mérites et qui, pourtant, ne s'épanouiravéritablement qu'au XIX° siècle avec Chateaubriand.
En fait, ce questionnement quant au devenir de la littérature montre bien le centre même de la querelle: lapréservation de la tradition s'opposant à l'idée du progrès.
Tandis que les tenants des Anciens s'acharnent à ce que l'on protège nos acquis grecs et latins, lesdéfenseurs des Modernes, eux, prônent ce progrès, ils ont ce désir systématique de changer le monde.
Cette idée sera reprise au XVIII° siècle où elle sera exaltée àtravers les sciences, la raison et l'esprit critique, notamment avec les encyclopédistes tels que Diderot et D'Alembert.
Si d'un côté Boileau, Racine, Bossuet, LaBruyère, La Fontaine, Dacier, Ménage et Huet n'apportent pas de nouvelles idées, de l'autre, Perrault, Fontenelle, La Motte, Terrasson, Saint-Èvremond, Quinaultmettent en lumière des traits importants de la nouvelle littérature, veulent apporter des changements et s'opposent aux traditions.
Les uns doivent donc défendre leurcause, car les autres la remettent en question en apportant un élément nouveau, à savoir l'idée de Progrès.
La querelle des Anciens et des Modernes se déroule en troisétapes, la première querelle (dont les deux principaux protagonistes furent Boileau pour les Anciens et Perrault pour les Modernes) et la seconde (opposant MmeDacier à Antoine Houdar de la Motte).
· La première étape de la querelle (1637/1687) :
La principale querelle des Anciens et des Modernes suit plusieurs polémiques qui ont lieu au sein de l'Académie française (Institut de France).
La première est laquerelle du Cid : en 1637, l'Académie reproche à Pierre Corneille de ne pas respecter les principes de la tragédie régulière.
Le deuxième débat porte sur l'épopée et lepoème héroïques.
Nicolas Boileau, dans son Art poétique (1674), condamne les tentatives de création d'une épopée nationale, faisant appel au « merveilleux chrétien», préconisant le respect des modèles grecs et latins, le recours à la mythologie.
La première étape s'achève avec la querelle des inscriptions qui pose la questionsuivante : faut-il ou non employer le français plutôt que le latin pour les inscriptions faites sur les œuvres et les bâtiments ?(1676/1677).
· La deuxième étape : la principale querelle (1687-1694) :
La querelle des Anciens et des Modernes s'engage réellement en 1687,Pour les tenants des Modernes, tout écrit du XVII° siècle l'emporte sur ceux de l'Antiquité par «l'esprit d'ordre et de clarté» (Terrasson) qui l'anime.
Fort de l'esprit deraison, Perrault ira même jusqu'à dire, tout comme Terrassons, que L'Iliade se «détruit elle-même» par manque de raisonnement logique.
Chez les Modernes, écritLombard, «les qualités rationnelles, le plan, la régularité, la vraisemblance, passent avant toutes les autres».Perrault critique les auteurs classiques les plus respectés comme Homère et Ménandre et se place au-dessus de tous les siècles précédents , nous pouvons le voir dansson poème « le Siècle de Louis le Grand » ou il a écrit « Et l'on peut comparer sans craindre d'être injuste, / Le siècle de Louis au beau siècle d'Auguste ».Indigné pas ses écrits Jean de la fontaine partisan des « Anciens » répond à ce poème par son Épître à Huet : « Quand notre siècle aurait ses savants et ses sages, / Entrouverai-je un seul approchant de Platon ? ».
Peu après, Jean de La Bruyère publie ses Caractères (1688), ouvrage dans lequel il loue de la même façon la perfectiondes Anciens et prône leur imitation : « Combien de siècles se sont écoulés avant que les hommes, dans les sciences et dans les arts, aient pu revenir au goût desanciens et reprendre enfin le simple et le naturel ! ».Perrault ne manque pas, dans Le parallèle des Anciens et des Modernes, de justifier ses propres écrits en montrant la grandeur de la raison humaine: «les écrivainsmodernes leurs donnent ordinairement des bottes de sept lieues, comme des grandes échasses avec lesquelles ces ogres sont en moins de rien partout où ils veulent: aulieu qu'on ne sait comment s'imaginer que les chevaux des Dieux fassent d'un seul saut une si grande étendue de pays».On reconnaît la critique adressée aux poètes antiques où Perrault ne manque pas de montrer comment lui fait les choses.
Les bottes de sept lieues se retrouvant dansses propres écrits, dont dans Le Petit Poucet, il précise que cette façon de faire les choses est plus logique et plus raisonnable que de laisser croire aux pauvres lecteursque des chevaux peuvent parcourir cette même distance en un seul bond.
C'est ce genre de bizarrerie, de naïveté qu'il reproche, entre autres, à Homère.
Les Anciens,pour répliquer à ce genre d'attaque, apportent l'argument selon lequel on ne peut juger une oeuvre d'il y a deux mille ans en s'appuyant sur des principes et des règlesmodernes.
Les Modernes avaient l'appui de beaucoup plus de gens que les Anciens dans cette première querelle, parce que leurs idées sont plus séduisantes et mieux adaptées àl'évolution du siècle.
Alain Viala, dans Le palmarès de la querelle, indique que la majorité des écrivains de l'époque étaient rassemblés par les idées des Modernes.On ne sera donc pas surpris de voir chez les Modernes des critiques plus acerbes à l'égard de leurs adversaires, car ils bénéficient de la protection de leurs partisans.Ainsi, Perrault, dans son Apologie des femmes, peut écrire, visant Boileau, cette remarque plutôt aigre:.
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