Expliquez et apprécier ce jugement de Chateaubriand sur Voltaire: Il fait luire une fausse raison, qui détruit le mervellleux, rapetisse l'âme, et montre sous un jour hideusement gai l'homme à l'homme.
Publié le 10/02/2012
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Voltaire a résolu d'anéantir le christianisme : « Ecrasons l'infâme ! « La raison négatrice, l'ironie, le sarcasme sont ses armes habituelles. Chateaubriand a rêvé, au lendemain de la Révolution, qui semble avoir réalisé le projet voltairien, de « restaurer la cathédrale gothique «. Son apologie de la religion est esthétique et sentimentale. Par leur dessein, par les moyens employés, ils sont donc aux antipodes. Ce jugement nous révèle deux hommes, deux oeuvres, deux méthodes. D'un mot Chateaubriand caractérise la raison voltairienne : elle est fausse. Descartes professait que l'humaine raison, assujettie à de bonnes ....

«
sible aux sens, à la raison : l'âme et ses sublimes aspirations; le monde des esprits :.
Dieu, le Dieu ~terne!, infini, tel que 1~ foi le montre , a_u:lf y~u?' ,du: croyant : _un en tr~:ns personne~.
Il n'est peut-etre pas u!le: ~ente revelee dont Voltaue se smt plus moque· que le dogme de· la· Trrmte.
On ne lui fera }amais croire que un, plus un, plus un égale un!.- ..
C'est encore le Christ sauveur; avec les mystères de l'Incarnation et de.la Rédemption.
Un Dieu se faisant homme et naissant d'une vierge! ...
Non, à d'autres, mais pas à lui!...
Des prophéties ont annoncé l'événement, des miracles l'ont confirmé.
Il nie prophéties et miracles.
De l'Ancien et du Nouveau Testa ll!ent, dans l~squels ils so~t ~onsig~és, Fien plus ~e.
« merveilleux~ ne sub siste, quand Il les a soumis a son 1mp1toyable cnhque.
L'un apres l'autre.
sous les coups d'une exégèse étroitement, et parfois bêtement rationaliste, tous les livres de la Bible, source inépuisable de merveilleux pour le vrai poète, en sont vidés par notre «philosophe ».
Chateaubriand, et à sa suite 1es romantiques, s'en indignèrent.
C'est qu'ils éprouvèrent, eux, le frisson de l'Infini, le tourment du divin.
Vol taire, ne sentant rien de pareil en lùi, en nie l'objet : Dieu et sa raison d'être.· Par voie de conséquence, il nie aussi ce côté profondément humain de la Religion que le Génie du Chistianisme s'efforce de mettre en lumière.
Au sentiment religieux, il substitue l'évidence directe pour l'esprit et le bien-être pour le corps.
Et que l'on ne se laisse pas tromper par le « mer veilleux» de la Henriade, ni par les tirades chrétiennes de Zaïre, ou telle profession de foi en l'Etre Suprême.
Voltaire pense exactement comme le.
clan philosophique de l'Encyclopédie.
La religion est, pour lui, « un en semble de scrupules qui fait obstacle au libre exercice de nos facultés ».
Définition grosse de conséquences : «·Elle élimine du concept fondamental de la religion, Dieu, les êtres spirituels, l'infini, en un mot, tout ce CJ.U'on a l'habitude de considérer comme l'objet propre du sentiment religieux.
» Cette définition et son commentaire sont de Diderot; ils pourraient être de Voltaire.
· On ne saurait déterminer plus clairement que Chateaubriand le premier effet de la « raison voltairienne » : elle «détruit le merveilleux » qui, pour le croyant et le poète, est tout cela.
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Deuxième effet : elle rapetisse l'âme.
Elle supprime ses élans vers tout ce qui la dépasse; elle réduit ses aspi· rations aux horizons terrestres.
Veut-on l'en arracher, elle crie au fana· tisme, à l'intolérance.
Ici-bas même, le ration3lisme voltairien circonscrit la pensée, l'emprisonne dans le visible, assigne au cœur, à la volonté des tâches sans grandeur, se fait du bonheur une conception mesquine et: égoïste.
Qu'on se rappelle ce quatrain fameux ~
Du repos, des riens, de l'étude,
Peu de livres, point d'enf!uyeux, Un ami dans la solitude,
Voilà mon sort, il est heureux.
Point de place pour les grandes tâches humaines qui dilatent l'âme.
SanS! doute, Voltaire pratiq~e la «bienfaisance», défend l'opprimé, s'érige en redresseur de torts.
Mats quand on va au fond de cette bruyante propagande, que trouve-t-on? La haine, un besoin morbide de réclame, un amour désor• donné, furieux.
de la gloire.
· L'idéal de Voltaire? Mais ne l'a-t-il pas 'formulé dans «Je Mondain»?
Il est bien doux, pour mon cœur très immonde, ·De voir ici l'abondance à la ronde,
Mère des arts et des heureux travaux,
Nous apporter de sa source féconde
Et des besoins et des plaisirs nouveaux.
Le plaisir! Voilà son dernier mot.
Il en est d'élevés; il en est de bas.
Les préfér,e~ces de Volt~ire ~on~ à.
ces der_uiers, pourvu qu'ils se par-ent de cette elega_u~e ra!finee qm fait SI bon menage avec la corruption.
L'amour, pour ce cehbatmre corrompu, n'est que la débauche distinguée .
a:dstocra ...
tique.
Il a sali, avili ce sentiment qui projette l'âme au dehors d;elle-même,.
»
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