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Expliquer et apprécier ce jugement de d'Alembert dans le Discours préliminaire de l'Encyclopédie : « Quand on considère les progrès de l'esprit humain depuis la Renaissance, on trouve que ces progrès se sont faits dans l'ordre qu'ils devaient naturellement suivre. On a commencé par l'érudition, continué par les belles-lettres et fini par la philosophie ».

Publié le 04/03/2011

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La philosophie fut représentée par ces poètes, qui ont eu chacun un ensemble d'idées sur le monde et sur l'homme, par Rabelais et Montaigne, par Charron et Du Vair... Sans doute, chez Montaigne surtout, il y a encore beaucoup d'érudition et l'étude de ses sources est très fructueuse, mais il y a aussi un examen serré de la nature de l'homme, d3 la puissance de la raison, de la valeur de la science ; il y a une critique des connaissances humaines qui aboutit au fameux : « Que sais-je ? «. Etait-ce éloigné de la philosophie des Encyclopédistes ? La question se pose. D'Alembert a vu les différents très nettes et très grandes, certaines ressemblances lui ont échappé.   

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« ; il s'est affiné ; il est modéré par le goût.

Les collèges et Port-Royal maintiennent l'enseignement humaniste,l'approfondissent et le répandent.

La jeune Académie française travaille à la rédaction d'un dictionnaire et d'unegrammaire. Enfin, la philosophie s'honore de noms comme celui de Descartes.

Pascal, Malebranche et les prédicateurs apportentà leurs fidèles un enseignement moral, qui fait bien partie aussi de la philosophie.

Pourquoi d'Alembert date-il duXVIIIe siècle ou ou moins d'une époque postérieure à celle des belles-lettres, l'apparition de la philosophie ? C'est iciqu'on voit clairement son parti-pris : les philosophes du xKaii6 siècle, au nom de l'esprit critique, dont a vu l'essor auXVIe (remarquer en passant ce qu'il y a de superficiel dans l'affirmation de D'Alembert qui ne voit même pas que laphilosophie du XVIIIe siècle! avait des racines au XVIe), refusent de croire aux affirmations des religions ditesrévélées (signaler la critique des Voltaire, d'Holbach, Diderot).

Dans l'ardeur de leur polémique, souvent inspirée pardes motifs extra-philosophiques, ils ont utilisé le raisonnement, la grandiloquence, le trait burlesque, l'ironie assezsouvent grossière et ils ont considéré comme nulles les tentatives des Pascal et des Malebranche qui nous invitaientà chercher des lumières dans la révélation.

Forts de cet esprit critique, dont ils se servaient pour attaquer lesreligions traditionnelles, ils prétendent justifier la religion naturelle ; et les Diderot, les Grimm, les d'Holbach, les LaMettrie iront même jusqu'à dire que la religion naturelle est irrationnelle.

Un tel état d'esprit explique l'affirmation ded'Alembert : Pascal et Malebranche n'étaient pas de « vrais » philosophes. Descartes n'est pas mieux respecté : pour les Encyclopédistes, du point de vue de la philosophie de la.

science,Descartes, a eu tort dei croire que les sciences dépendaient de la métaphysique et que l'expérience ne devait venirqu'après la découverte des principes que la métaphysique a prouvés.

La vérité, d'après eux, c'est que les sciencesde la nature sont fondées sur « l'expérience seule, dans la mesure où elles recueillent des faits, sur la réflexion, quiconçoit les idées, les mathématiques, qui calculent les conséquences et l'expérience qui vérifie celles-ci ».

S'agit-ilde la philosophie de la nature ? Les Encyclopédistes repoussent son explication mécaniste de l'univers et luisubstituent la théorie de Newton.

D'Holbach, par sa conception de la Nature, remplace le Dieu de Pascal et luisubstitue une matière éternelle, en perpétuelle fermentation : l'univers n'est pas la « sèche mécanique queDescartes avait supposée ».

Aucune des erreurs de Descartes n'est aussi grave cependant, à leurs veux, que saphilosophie de l'esprit : être partisan de l'innéité, affirmer que rien ne peut être dans l'esprit sans que nous en ayonsconscience, avoir des sens simplement adaptés aux besoins de la vie pratique sont autant d'attitudes insoutenables; la vérité n'apparaît, d'après eux, que dans les écrits de Locke : « Tant de raisonneurs ayant fait le roman dePâme, écrit Voltaire, un sage est venu qui en a fait modestement l'histoire ».

Ce sage, c'est Locke. Telles sont les raisons qui justifient l'affirmation de d'Alembert, Est-ce è dire qu'elle soit juste ? Le XVIIIe siècle estbien un siècle de philosophie, le siècle de « la philosophie ».

Nous savons ce qu'il faut entendre par ce mot.

Maiscette philosophie n'aura point un meilleur sort que les théories qu'elle prétend détrôner.

Pour A .

Comte, lesaffirmations -des théistes et celles des athées seront également des propos métaphysiques.

L'accord ne s'est pointfait jusqu'à ce jour sur la classification des sciences ni la valeur des méthodes scientifiques.

Un bon nombres d'idéessoutenues par d'Holbach ou plus tard par Buffon n'ont pas vécu et les théories de Locke n'ont point semblé donnerl'explication définitive des phénomènes spirituels.

Les Encyclopédistes vont être accusés par leurs successeursd'avoir substitué à des doctrines incomplètes et superficielles des doctrines encore plus incomplètes et plussuperficielles. Du reste, l'érudition fleurit au XVIIIe siècle autant qu'au XVIe, mais elle est d'un autre ordre : elle se détourne del'antiquité gréco-latine vers la sociologie : n'est-ce point l'époque des études comparées de mœurs et d'institutions,fondées sur des enquêtes minutieuses, dont les auteurs sont allés parfois très loin chercher les matériaux.

Lestravaux de l'abbé Prévost, de Choiseul-Gouffier, de Delaborde, de Zurlauben, de l'abbé de Saint-Non emmènent leslecteurs à travers les océans.

La littérature est mise au service de la vulgarisation scientifique et les allusionsmythologiques ont cédé le pas aux considérations de physique ou d'histoire naturelle ou aux comptes rendusd'expérience. Enfin, les belles-lettres ne sont point délaissées.

L'histoire est représentée par Montesquieu, Voltaire, Rollin, Du Bos,Duclos, Velly, Raynal, etc.

Les mémorialistes ont dans leurs rangs le duc de Saint-Simon.

Au théâtre, la tragédieclassique trouve des continuateurs en Crébillon, Voltaire, Houdart de la Motte, Piron, Gresset, Marmontel ; lacomédie est maintenue en honneur par Regnard, Dufresny, Lesage, Destouches, Gresset, Marivaux.

Diderot lui-mêmes'essaiera dans ce genre.

Enfin, les divers types de poésie sont cultivés par des auteurs qui ne sont pas tousnégligeables. Le jugement de l'encyclopédiste d'Alembert ne reste donc vrai que d'une vérité générale : il contient une vue tropschématique des choses ; il introduit une idée de nécessité dans cette évolution, qui ne semble pas utile àl'explication des faits et qui fait intervenir un déterminisme hors de propos ; il ne tient pas assez compte de lacomplexité eî de la diversité des événements littéraires ; il n'est pas assez nuancé.

C'est en réalité une formule-réclame, destinée à préparer l'opinion des gens non avertis, destinée à confirmer dans la leur ceux qui croyaient quele XVIIIe siècle était vraiment le grand siècle, le siècle des idées.. »

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