Explication Regrets, Sonnet 53
Publié le 13/05/2022
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«
Explication Regrets, Sonnet 53
Explication S.
Berthelot
Vivons, Gordes, vivons, vivons, et pour le bruit
Des vieillards ne laissons à faire bonne chère :
Vivons, puisque la vie est si courte et si chère,
Et que même les rois n'en ont que l'usufruit.
Le jour s'éteint au soir, et au matin reluit,
Et les saisons refont leur course coutumière :
Mais quand l'homme a perdu cette douce lumière,
La mort lui fait dormir une éternelle nuit.
Donc imiterons-nous le vivre d'une bête ?
Non, mais devers le ciel levant toujours la tête,
Goûterons quelquefois la douceur du plaisir.
Celui vraiment est fol, qui changeant l'assurance
Du bien qui est présent en douteuse espérance,
Veut toujours contredire à son propre désir.
Catulle « Ad Lesbiam »
VIVAMUS mea Lesbia, atque amemus,
rumoresque senum seueriorum
omnes unius aestimemus assis !
Soles occidere et redire possunt :
nobis cum semel occidit breuis lux,
nox est perpetua una dormienda.
Da mi basia mille, deinde centum,
dein mille altera, dein secunda centum,
deinde usque altera mille, deinde centum.
Dein, cum milia multa fecerimus,
conturbabimus illa, ne sciamus,
aut ne quis malus inuidere possit,
cum tantum sciat esse basiorum.
Vivons, ma Lesbie, aimons-nous et à tous les
commérages des vieillards trop sévères,
donnons la valeur d'un sou.
Les rayons du soleil peuvent mourir et
renaître ; pour nous, une fois que la brève
lumière s'est éteinte, c'est une seule nuit
éternelle qu'il faut dormir.
Donne-moi mille baisers, et puis cent, et puis
mille autres, puis une seconde fois cent, puis
encore mille autres, puis cent.
Ensuite lorsque nous nous serons embrassés
des milliers de fois, nous brouillerons les
comptes pour ne plus les reconnaître, de peur
qu'un esprit malin ne puisse nous jeter le
mauvais œil lorsqu'il connaîtra le nombre de
nos baisers.
1ère piste : Le poème est profondément travaillé par les réécritures et les effets de
polyphonie :
- Ce poème est en effet une imitation de Catulle qui est ici un modèle dominant (cf
hypotexte ci-dessus).
Catulle, poète latin (-87 à -54 avt JC), entretint une liaison tout
particulièrement passionnée avec une femme, Lesbie, qui demeure la grande
inspiratrice de son œuvre.
Le poème de Du Bellay suit celui de Catulle dans la
progression générale, dans le motif, dans la syntaxe et le lexique.
Sous deux formes
présentant des ressemblances (4 strophes // 4 phrases), les deux pièces développent
une variation sur un thème épicurien
1.
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