Explication linéaire "Fantaisie" Nerval
Publié le 31/08/2024
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«
Rédigez une explication de texte du poème "Fantaisie" de Gérard de Nerval
(1831).
En 1831, dans l'œuvre littéraire du poète romantique Gérard de Nerval,
s'épanouit "Fantaisie", poème issu du recueil Odelettes rythmiques et
lyriques, telle une mélodie venue s'accorder à l'ouvrage.
Ce poème se place
au début de l'œuvre, il succède au premier "El Deschidado", "Le Malheureux"
en espagnol, et nous emmène jusqu'au poème suivant : "Vers dorés".
Composés de décasyllabes, ce poème aborde le thème de la musique,
puisqu'au vers 5, le poète interpelle l'ouïe du lecteur par le verbe "entendre".
Cette action est comme une grande dislocation, parce que le pronom "l'"
devant le verbe renvoie aux vers 1 et 3, qui nous présentent "un air".
Également, les pronoms relatifs "qui" du premier quatrain v.1 et 4,
introduisent des propositions relatives décrivant respectivement les qualités
de l'air et les charmes secrets qui lui sont associés, cela crée le mouvement
de la première strophe, comme une boucle qui entre en résonance, là où le
dernier vers renvoie au premier.
Par ailleurs, ce son tant mis en valeur est
plutôt vague, du fait de l'emploi du déterminant indéfini "un" [air].
Toutefois,
le champ lexical de la musique est complété par la métonymie du vers 2, où
pour évoquer certaines compositions musicales, Nerval nomme "Rossini ;
Mozart ; Weber", à savoir le nom des compositeurs et pas le nom de leurs
œuvres.
La musicalité propre du poème est soulignée par deux rythmes
ternaires, à l'instar du rythme d'une valse : le vers 2 en évoquant ces
compositeurs que les romantiques admirent tant, et le vers suivant "trèsvieux, languissant et funèbre".
Tout aussi bien, le poète a tenté de nous
mettre sur la piste de la chanson avec le titre "Fantaisie", qui est une pièce
instrumentale en musique classique qui s'oppose aux formes musicales
strictes que sont le sonate par exemple.
La fantaisie fait se succéder les
thèmes plutôt qu'elle ne les organise et il y a cette prédominance de la
subjectivité de l'auteur sur le respect scrupuleux des règles traditionnelles.
Choses que nous retrouvons dans le poème au niveau structurel, qui ne
respecte pas les formes fixes en poésie que sont le sonnet, le rondeau, la
ballade ou l'ode entre autres, car il se compose de quatre quatrains qui sont
séparés par 3 blancs typographiques.
De surcroît, il ne respecte pas toujours
la césure traditionnelle du décasyllabe à la quatrième syllabes, même si elle
peut être marqué par une virgule, un point-virgule ou des points de
suspension aux vers 2, 3, 7, 11, 12, 13, 14 et 16.
Néanmoins, il faut le
souligner, Nerval ne s'exclut pas de cette grande tendance traditionnelle
d'alterner rimes féminines et rimes masculines, du moins pour les 3
dernières strophes qui sont en rimes alternées et la première qui est en
rimes embrassées.
Ainsi, la fantaisie, en tant que genre musicale, est
transposée au poème, par ce mélange de liberté et de rigueur dont Nerval
fait preuve, les vers s'articulent entre élan libéral et configuration classique.
Plus encore, l'indice de la chanson nous est donné dans le nom même du
recueil Odelettes rythmiques et lyriques.
Ces trois termes successivement
appellent à la chanson, de la petite ode avec son suffixe [-ette], qui "en
cadence" (par rythme) suit une poésie lyrique, celle du poète romantique.
S'accorde avec le thème de la chanson celui du passé v.3 "très-vieux", v.14
"anciens", v.6 "de deux cents ans".
Le poète semble évoquer des éléments
d'un autre temps, comme une transmigration de son âme, par le pouvoir de
la musique, par son effet qu'elle produit sur lui.
Pour finir, le thème de la
musique et celui de la mémoire sont accompagnés par le champ lexical des
couleurs v.8 "vert ; jaunit", v.10 "rougeâtres couleurs", v.14 "blonde ; noirs",
qui traverse tout le poème.
Les adjectifs qualificatifs et les verbes qui
décrivent les nuances colorées confirment la dimension descriptive du
poème, ne se restreignant d'ailleurs pas aux couleurs uniquement : v.3
"languissant ; funèbre", v.11 "grands", v.14 "anciens".
Pour continuer dans
l'aspect descriptif, nous remarquons la particularité de la troisième strophe
qui ne comporte presque que des propositions non verbales, la seule
exception est l'emploi du participe passé "ceint"v.11.
Ces phrases nominales,
comme leur nom l'indique, tournent autour d'un nom ou bien d'un adjectif,
et les utiliser pour une description est pertinent.
Car le lecteur peut aisément
s'imaginer le paysage, comme une accumulation de détails qui tous
ensemble forment un tout : le lieu imaginé par le poète.
Le fait de n'utiliser
qu'un verbe qui est accès sur une action du paysage "Ceint de grands
parcs"v.11, fait que le lecteur est comme prié de s'arrêter pour admirer le
paysage, tout mouvement externe est coupé pour ne laisser se mouvoir que
ce paysage, qui apparaît doucement dès le v.7 "s'étendre".
Nous soulignons
justement l'enjambement de ce v.7 au v.8, où le "coteau" s'étend au sens
figuré sur les deux vers.
Mais aussi au sens dénotatif, puisqu'un coteau est
le versant d'une petite colline, il occupe donc cet espace vertical.
Le poète
utilise aussi l'emphase, pour mettre en relief le "coteau" avec une dislocation
par l'arrière v.8, qui précédemment a été repris par le pronom "s'"v.7.
Plus
subtilement, il n'y a pas uniquement le "coteau" qui s'étend", le lecteur
accompagne presque ce mouvement, par la gradation de la prononciation
des voyelles du v.7 "je crois voir s'étendre", représenté phonétiquement :
[ʒəkʁwavwaʁsetɑ̃ dʁ], où l'on passe de deux [wa] à un grand [ɑ̃ ] où la
bouche est grande ouverte jusqu'à la fin du mot.
C'est une représentation
presque "concrête" de la grandeur de l'étendue imaginée.
À noter que dans
la description il y a une réelle opposition entre verticalité et horizontalité, en
effet, le coteau est un espace qui indique une petite hauteur verticale mais il
s'étend aussi de manière horizontale avec le groupe nominal qui le suit "le
couchant", qui rappelle la partie de l'horizon où se couche le soleil.
Ensuite,
v.9 nous revenons à la verticalité avec ce "château", structure immense, qui
est contrebalancé après coup par l'étendue en longueur de la rivière.
Le
poète utilise aussi un enjambement du v.11 au v.12, où la rivière
personnifiée par cette attribution de "pieds", s'écoule dans un premier sens
dans les "grands parcs" et "entre des fleurs".
Et, surtout, dans un deuxième
sens de vers en vers par ce rejet "baignant ses pieds" v.12.
La description
est d'autant plus renforcée par une synesthésie, par un mélange des sens :
tout d'abord l'ouïe par le verbe "entendre" v.5 ainsi que le bruit de
l'écoulement de la "rivière" v.11, par la vue "voir s'étendre" v.7; "yeux" v.14,
"vue" v.16, mais aussi le toucher "pierre" v.9, "baignant ses pieds" v.
12 et
enfin, l'odorat "fleurs" v.12.
Le poète complexifie sa synesthésie en faisant
rimer "couleurs"v.10 avec"fleurs"v.12, nous pouvons alors imaginer des
fleurs colorées et odorantes.
Cette association des sens, immerge le lecteur
dans le paysage.
Un paysage romantique idéal, par le caractère idyllique du
lieu notamment ce "château", ainsi que ce rappel du "couchant", moment
souvent associé et décrit par les poètes romantiques.
Finalement, dans cette
approche de la description, nous remarquons qu'hormis la première strophe,
le reste du poème est coordonné par de nombreuses virgules, des pointsvirgules au v.7 et 12, deux-points v.6 et des points de suspension v.16.
C'est
donc une très longue phrase qui constitue les 3 derniers quatrains de
poèmes, rendant propice la description.
Cette continuité de l'histoire est
explicitée notamment par l'emploi du connecteur logique "puis", qui renvoie
à une suite que le lecteur attend, le connecteur est d'ailleurs utilisé de
manière anaphorique au début du v.9 et 13.
Dans cette histoire, il y a même
comme une sorte de parallélisme entre le premier vers du troisième quatrain
et le premier vers du quatrième, qui mettent en évidence une chose ou une
personne indéfinie par l'article "un"[château] et "une"[dame] et qui sont
tous deux coupés à la quatrième mesure.
Ces vers sont tous deux des
propositions non verbales, là où le poète aurait pu écrire....
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