Explication Lineaire de L'Incipit de L'Avis au Lecteur de Montaigne (bac de francais)
Publié le 03/11/2021
Extrait du document
Par quels procédés Montaigne persuade le lecteur d’entrer dans l’oeuvre? C'est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t'avertit, dés l'entrée, que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et privée. Je n'y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire. Mes forces ne sont pas capables d'un tel dessein. Je l'ai voué à la commodité particulière de mes parents et amis : à ce que m'ayant perdu (ce qu'ils ont à faire bientôt) ils y puissent retrouver aucuns traits de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen ils nourrissent, plus altière et plus vive, la connaissance qu'ils ont eue de moi. Si c'eût été pour rechercher la faveur du monde, je me fusse mieux paré et me présenterais en une marche étudiée. Je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention et artifice : car c'est moi que je peins. Mes défauts s'y liront au vif, et ma forme naïve, autant que la révérence publique me l'a permis. L’adresse directe “au lecteur” qui instaure de suite un lien intime entre le narrateur et son lecteur. Montaigne présente dès le début son livre en le caractérisant de “bonne foi” donc un livre vrai. Apparition du “je” du narrateur, qui met en avant le lien avec le lecteur présent grâce au pronom personnel complément. Montaigne nous donne le sujet de son livre “domestique et privée” sujet qui est accentué par l’utilisation de la négation restrictive. L’utilisation dans ces deux phrases de la négation syntaxique “ne pas” et l’utilisation du lexique “nulle” et “capable” insiste sur l’incapacité de Montaigne de prendre en compte son lecteur, il nie son lecteur et oppose ainsi privé et public /galanterie. Dans cette phrase Montaigne insiste sur le projet de lecture sincère et privé qu’il forme “parents et amis”, le verbe “retrouver” sa personnalité comme il est. Il va même jusqu’à dire que son livre sera tellement proche de lui que ses proches le retrouveront presque plus réel que dans la réalité avec les superlatifs accompagnés des adjectifs “altière et vive”. Ici la réflexion déstabilise le lecteur puisque l’auteur prétend accéder à une forme d’immortalité tout en restreignant le nombre de ses lecteurs.
«
Que
si
j'e u sse
été
en tr e
ce s
natio ns
qu'o n
dit
viv re
en co re
so us
la
do uce
lib erté
des
pre m iè re s
lo is
de
natu re
, je
t'
assu re
que
je
m'y
fu sse
tr è s
vo lo ntie rs
pein t
to ut
en tie r,
et
to ut
nu
.
Ain si,
le cte u r,
je
su is
moi- m êm e
la
matiè re
de
mon
liv re
:
ce
n'e st
pas
ra is o n
que
tu
em plo ie s
to n
lo is ir
en
un
su je t
si
fr iv o le
et
si
va in
.
Adie u
do nc
; de
Monta ig n e
, ce
pre m ie r
de m ars m il c in q c e n t q uatr e v in gts .
De
no uve au
Monta ig n e
déb ute
par
un
ir ré el
ave c
du
su bjo nctif .
Il
co m men ce
en
mett a n t
en
re tr a it
le
le cte u r
et
en
ava n t
la
questio n
de
la
natu re
(c e
qui
évo que
dir e cte m en t
le
ch ap it r e
des
Can nib ale s).
Le
le cte u r
se ra
dis c rè te m en t
re m is
en
pré se n ce
par
le
pro no m
co m plé m en t
“t”
et
par
l’ u til is a tio n
du
ve rb e
“lir o nt” .
Une
ré e lle
oppo sit io n
est
déjà
pré se n te
en tr e
le
monde
Natu re
et
le
monde
civ ili s é
ca r
Monta ig n e
montr e
bie n
que
sa
so cié té
le
co ntr a in t
d’o ù
l’ u til is a tio n
du
ve rb e
“p ein dre ”
(e sth étis m e,
su bte rfu ge )
“la
ré vé re n ce
publiq ue”
alo rs
que
le
monde
Natu re
lu i
offr ir a it
la
po ss ib ilit é
d’ê tr e
lu i
ca r
au cu ne
co ntr a in te s
mais
des
“lib erté s”
qui
so nt
“d o uce s” .
Il
po urra it
alo rs
êtr e
lu i
en tiè re m en t
ave c
l’ u til is a tio n
ré p été e
de
l’ a d ve rb e
“T o ut”
- Monta ig n e
in diq ue
bie n
que
la
so cié té
de
Natu re
lu i
perm ettr a it
d’ê tr e
lu i
dan s
sa
TO TA LIT E
alo rs
que
la
so cié té
occ id en ta le
l’ o blig e
à ch o is ir
des
PA RTIE S d e l u i- m êm e.
- Monta ig n e
est
do nc
co ntr a in t
par
so n
le cto ra t
co m mun
qui
est
un
obsta cle
à so n
pro je t
in it ia l
et
orig in al.
P ara d o xe d e l ’ a u te u r. “A in si” fo rm ule co nclu siv e il re m et en pré se n ce le le cte u r en le no m man t et en s’a d re ssa n t dir e cte m en t à lu i. Il y a un r a p pel d u s u je t c a r n o us s o m mes d an s u ne c o nclu sio n. La ra is o n vie n t s’o ppo se r à “fr iv o le et va in ”; monta ig n e s’e ffa ce deva n t le le cte u r co m me po ur lu i la is se r la li b erté de décis io n. L’A die u fo nctio nne co m me une fo rm ule d’o uve rtu re o u d e f e rm etu re . Pro je t d e le ctu re : P ar q uels p ro cé dés M onta ig ne p ers u a de le le cte ur d ’e ntr e r d ans l’o euvre ? Pro blé m atiq ue: 1) Asp ect a uto bio gra p hiq u e 2) Para doxe d e l’a dre sse a u le cte u r 3) Capta tio b enevo le ntia e Com ment M onta ig ne r e je tte le le cte u r c la ssiq ue a fin d e s ’a dre sse r à u n n ouve au le cte ur?. »
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