Explication de texte Ma bohême Arthur Rimbaud
Publié le 19/06/2024
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Explication linéaire texte 10 : Ma Bohème
Introduction :
1) Amorce :
Ce poème est extrait de l’œuvre Les Cahiers de Douai, un ensemble de 22
poèmes écrits par Arthur Rimbaud.
A l’automne 1870, lors de ses fugues à
Douai, ce dernier en remet des copies à Paul Demeny, qui les publia en 1888
sans que Rimbaud ne le sache, puis en 1893, après la mort du poète.
2) Situation du poème :
Ma Bohème est le dernier poème des 22 constituants l’œuvre.
Il fait partie de
l’ensemble des poèmes qui parlent de fugues et d’errance de la part du jeune
homme.
3) Caractérisation :
C’est un sonnet, une forme poétique fixe de l’Italie de la Renaissance.
Il est
constitué de 14 vers en alexandrin, soit deux quatrains en rimes embrassées et
deux tercets en rimes plates puis embrassées.
Le poète évoque une fugue
nocturne et exprime ses sentiments et émotions à cette occasion
4) Problématique :
Nous montrerons comment ce poème fait le récit d’une fugue nocturne qui
devient un hymne à la liberté et à la poésie.
5) Plan :
I) Le poète vagabond invoque la Muse (vers 1-5)
II) Le Poète Petit-poucet (vers 6-7)
III) Le dérèglement de tous les sens (vers 8-14)
I) Le poète vagabond invoque la Muse (vers 1-5)
Le premier quatrain, caractérisé par le poète vagabond qui invoque la Muse, s’ouvre
sur le pronom personnel « je ».
Ainsi, l’auteur exprime ce qu’il ressent.
Les premiers
mots du poème expriment l’errance et la vie de bohémien.
En effet, le verbe de
mouvement “s’en aller” n’est pas accompagné d’un complément circonstanciel de lieu,
on comprend donc que la destination ne compte pas.
Ce verbe est à l’imparfait, ce qui
nous laisse penser à un récit de la part de Rimbaud.
Le poète, qui s’exprime à
la première personne avec le déterminant possessif “mes”, adopte une idée de révolte
à travers une allitération en « p » : “les poings dans mes poches crevées”, marquant
l’énervement de jeune homme.
L’adjectif « crevées » nous fait penser à un trou, voir
à la mort.
Mais ce dernier nous fait également nous questionner sur la durée depuis
quand il marche.
La liberté que lui offre ce vagabondage est également perceptible
avec un vocabulaire prosaïque qui renvoie une quotidienneté banale.
Il se présente en
vagabond vêtu de vêtements usés comme l'indique le lexique de la pauvreté avec le
groupe nominal « poches crevées » et le nom commun « paletot ».
Dans le vers 2,
une allitération en « t » renforce l’idée de colère.
Le poète se trouve dans un certain
dénuement, son paletot devient “idéal”, ce qui signifie qu’il est en si mauvais état
qu’il n’est plus qu’une idée.
Le monde des idées devient meilleur que le réel, le
vêtement usé disparait.
L’habitude transparaît également dans le temps qui domine
l’ensemble du poème : l’imparfait à valeur d’habitude, de répétition : “devenait” ;
“allais”.
Ainsi, même si le poète semble souffrir de pauvreté, son errance lui procure
une aisance et un plaisir lui faisant oublier ses problèmes.
On peut noter l’allitération
en -m (“m’en” ; “mes” ; “mon” ; “Muse” ; “amours”) dans l’ensemble de la strophe
qui véhicule un sentiment de douceur et de confort en contradiction avec les
difficultés matérielles.
Le poète semble avoir quitté le monde corrompu des hommes,
il est face à une certaine liberté et solitude en usant du de la périphrase « sous le
ciel », désignant l’au-delà, le céleste.
Cette périphrase, en position de complément de
lieu indique que l’errance du poète a lieu en extérieur.
L’imprécision de la localisation
confirme que la destination n’a pas d’importance tant qu’il peut rester en extérieur,
c’est à dire proche de la nature.
Cela lui permet de se rapprocher de la “Muse”
qu’il apostrophe.
Les 9 muses de la mythologie grecque sont figure de l’inspiration
poétique.
On remarque qu’il se permet le tutoiement d’une figure d’habitude très
respectée par les poètes en utilisant un déterminant possessif : “j’étais ton féal”.
Cette légère impertinence illustre parfaitement la rébellion du jeune Rimbaud, mais
également la relation privilégiée qu’il noue avec la poésie.
Ce tutoiement peut
également être lu comme une forme d’allégresse due à la jeunesse du poète.
Cette
lecture se confirme grâce à l’onomatopée du vers suivant : « Oh ! là là ».
On voit très
bien que le poète se laisse emporter par sa fougue et le bonheur qu’il ressent à errer
librement dans la nature, en s’opposant aux règles de la poésie classique.
Mais le
passé composé « j’ai rêvées » mettent en avant les méandres de la vie d’itinérance.
Autre phénomène intéressant, dans les vers 3 et 5, les auxiliaires être et avoir
s’entrecroisent : “j’étais ton féal” (v.3) / “avait un large trou” (v.5).
On peut penser
que le poète veut montrer qu’être est plus important qu’avoir.
Donc qu’il préfère vivre
libre dans le dénuement, qu’opprimé dans l’opulence.
Enfin, observons les deux mots
à la rime des vers 1 et 4 : “crevées” / “rêvées”.
On peut comprendre ici que le
pouvoir de l’imagination remplace les contraintes matérielles.
Le premier vers du
second quatrain vient confirmer cette pauvreté matérielle avec notamment l’adjectif
épithète « unique » mettant en valeur la précarité dans laquelle Rimbaud se trouve.
Ainsi dans un texte du registre élevé, le poète nous livre l’image d’un personnage
pauvre avec des éléments du quotidien, mais heureux dans la simplicité et la liberté
de son errance, caractérisant « Sa Bohème ».
II) Le poète Petit-poucet (vers 6-7)
Le deuxième mouvement, caractérisé par le poète Petit-poucet, s’ouvre sur
cette métaphore du “Petit-Poucet rêveur”.
Le poète, en conflit avec ses parents, se
promène seul dans la nature sauvage.
Cette métaphore permet également de filer le thème
de la pauvreté, (en effet, le Petit-Poucet est issu d’une famille pauvre) tout en
introduisant l’idée que la poésie est son guide.
On retrouve dans cette strophe l’idée
d’euphorie et d’allégresse introduite par le nom commun “course”, comme si Rimbaud
courait vite, sans but.
Dans le conte original, le Petit-Poucet sème des miettes de pain
pour retrouver son chemin.
Ici, le poète laisse derrière lui « des rimes ».
Il insiste sur
cet élément en le rejetant grâce à un procédé d’enjambement, ce qui lui permet de
casser le rythme de l’alexandrin, suivit par un «.» final (la césure n’est pas
respectée).
Donc, comme le Petit-Poucet, Rimbaud aurait fui sa famille.
Mais il laisse
derrière lui quelque chose de bien plus durable que des miettes de pain : de la
poésie.
Enfin, la métaphore du vers 3 “la Grande-Ourse” suggère qu’il dort à la belle
étoile, renforçant la dimension protectrice de la nature.
I En évoquant l’étoile polaire,
symbole de l’orientation, il renforce à la fois le sentiment de liberté et l’idée de
pauvreté.
III) Le dérèglement de tous les sens (vers 8-14)
Le dernier mouvement se caractérise par le dérèglement de tous les sens du vers 8 à
14.
Le fait de dormir dehors lui permet surtout de trouver l’inspiration poétique.
Il
voit naître des correspondances entre les sens en s’appropriant la nature, avec le
pronom possessif....
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