Explication de texte : Les Confessions, J-J Rousseau, Livre II
Publié le 27/11/2011
Extrait du document
Après avoir offert un portrait idéal de sa victime, le narrateur évoque ensuite sa confrontation avec elle. Ce face-à-face vient mettre davantage en avant le comportement exemplaire de Marion, créant un effet de contraste avec celui de Rousseau. La comparaison entre les deux jeunes gens exprime les remords du narrateur. D’une part, il semble regretter que ses accusateurs n’est pas eu confiance en cette jeune fille pourtant « fidèle « et « bonne «. Cette expression de regret à posteriori suggère l’idée que s’ils avaient eu confiance en elle peut-être n’aurait-elle pas était accusée à tord et Rousseau ne se torturerait pas de remords quarante ans après. L’usage du terme « fripon «, employé là-encore par l’autobiographe par un regard rétrospectif montre que Rousseau a pris conscience de la faute qu’il a commise lors du vol et marque ainsi, là encore les remords de l’adulte face à ses bêtises de jeunesse.
«
mensonge que dans le vol qui en est à l'origine.
Le mensonge est d'autant plus grave que l'objet volé étaitinsignifiant.
On note par ailleurs qu'après être repassé au passé simple, le passage est de nouveau au présent denarration qui rend plus vive la révélation du mensonge et qui semble là encore brouiller le passé et le présent auyeux du narrateur.Ce premier mouvement constitue donc la révélation de la faute commise par Jean-Jacques, tant attendue par lelecteur.
Ce premier semble revivre, par l'écriture, ce moment dont il affirme quelques lignes avant cet extrait qu'ilest à l'origine de « l'insupportable poids des remords dont au bout de quarante ans [sa] conscience est encorechargée ».
Dans le second mouvement du passage, Rousseau se propose de faire l'éloge de sa victime, Marion.
Il procèded'abord à une présentation de la jeune fille.
Une présentation qui a un intérêt narratif.
Il s'agit ici de présenter aulecteur ce nouveau personnage.
Marion est en effet la cuisinière dont s'est entourée Mme de Vercellis à la fin de savie.
Ce que laisse suggérer les expressions euphémisantes « ayant plus besoins de bons bouillons que de ragoûtsfins » et « cessant de donner à manger », qui évoquent par l'évocation culinaire l'état de santé faiblissant de ladame.Commence alors l'éloge de Marion qui vient, par effet de contraste, aggraver le mensonge de Rousseau.
C'est eneffet une jeune fille digne d'éloge qu'il a rendu fautive.
Cette jeune fille est présentée comme l'archétype del'innocence.
D'une part, elle était « jeune », mais elle était également « jolie » et avait « un air de modestie et dedouceur ».
L'accumulation des expressions laudatives émises par Rousseau scripteur, à postériori donc, renforce lagravité de sa faute.
Cependant la tonalité pathétique qu'elles dégagent exprime aussi les remords, la tendresse del'autobiographe face à cette jeune fille qu'il a trahi.
L'accumulation se trouve renforcée par le balancement entre« non seulement » et « mais ».
L'éloge se marque donc par les adjectifs mélioratifs mais aussi par la négationrestrictive de la ligne 17 qui souligne le caractère d'exception de Marion.
La relative qui conclut la phrase participeau sentiment de tendresse qui émane de cet éloge.
Cette idée d'un physique « qui faisait qu'on ne pouvait la voirsans l'aimer » suggère, par l'implicite du recours au générique « on », l'émotion de Rousseau lorsqu'il se remémoreMarion.
Cela évoque également l'attachement du jeune homme à la jeune femme car ce « on » fortement inclusifrenvoie d'abord à Rousseau lui-même.
Cette phrase suggère donc la perfection physique de Marion.
Perfectionphysique à laquelle s'ajoute la perfection morale.
La phrase suivante énumère en effet ses qualités physiques par lebiais de termes mélioratifs à nouveau: « bonne », « sage et d'une fidélité à toute épreuve ».
Ce portraitpsychologique vient contraster avec l'image de Rousseau qu'a pu donner au lecteur l'évocation du vol et davantagecelle du mensonge.
C'est particulièrement le cas du terme « fidélité ».La courte phrase suivante crée un effet de chute.
Le présentatif qui reprend l'ensemble du portrait de Marion, à lafois physique et moral, explicite l'origine de la stupeur des accusateurs de Rousseau lorsque celui-ci leur affirme quec'est Marion qui est coupable de vol, cette jeune fille pourtant aux antipodes d'une telle faute.Le second mouvement renforce la faute de Rousseau en, proposant une représentation méliorative de la victime.
Lejeune homme s'est rendu coupable d'un mensonge d'autant plus grave qu'il touchait une victime innocente.Cependant, le regard rétrospectif de l'adulte atténue la vision négative que cette représentation pourrait laisser aulecteur.
Après avoir offert un portrait idéal de sa victime, le narrateur évoque ensuite sa confrontation avec elle.
Ce face-à-face vient mettre davantage en avant le comportement exemplaire de Marion, créant un effet de contraste aveccelui de Rousseau.La comparaison entre les deux jeunes gens exprime les remords du narrateur.
D'une part, il semble regretter que sesaccusateurs n'est pas eu confiance en cette jeune fille pourtant « fidèle » et « bonne ».
Cette expression de regretà posteriori suggère l'idée que s'ils avaient eu confiance en elle peut-être n'aurait-elle pas était accusée à tord etRousseau ne se torturerait pas de remords quarante ans après.
L'usage du terme « fripon », employé là-encore parl'autobiographe par un regard rétrospectif montre que Rousseau a pris conscience de la faute qu'il a commise lors duvol et marque ainsi, là encore les remords de l'adulte face à ses bêtises de jeunesse.Le récit de la confrontation des deux accusés se présente comme une scène de jugement.
Rousseau utilise le verbe« jugea » et évoque le terme « assemblée », qui suggère la présence d'un ensemble de juges.
L'expression « on la fitvenir » suggère au lecteur les célèbres discours du type « faîtes entrer l'accusé ».
Le choix du pronom « on », ànouveau, relève d'une volonté du narrateur de focaliser l'attention du lecteur sur les deux jeunes gens et non sur lesmembres de cette assemblée.
En effet, seul le Comte de la Roque est évoqué.La scène de confrontation peut alors commencer, à l'arrivée de Marion.
La juxtaposition, dans la phrase des lignes25 à 28 suggère la rapidité d'exécution des actions.
Cela met en avant le fait que Marion n'a pas le temps des'expliquer.
Rousseau prend la parole avant qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit : « je la charge effrontément ».L'adverbe renforce la culpabilité du jeune homme, il redouble le sens du verbe « charger ».
Rousseau adulte se jugedonc lui-même comme effronté.
Cela montre le regard négatif que porte Rousseau scripteur sur le Rousseau jeune.On remarque par ailleurs le retour au présent de narration qui suggère de nouveau le souvenir intact qu'al'autobiographe de cet épisode comme si le remord l'avait à jamais gravé dans sa mémoire.Le contraste est alors évident entre la prise de parole rapide du jeune homme et le mutisme de Marion : « elle resteinterdite, se tait ».
Cette « fidélité à toute épreuve » se fait jour ici puisqu'au lieu de dénoncer Rousseau, Marion nefait que lui jeter un regard de déception et de colère.
Cette colère est suggérée par la métaphore démoniaque :« un regard qui aurait désarmé les démons ».
La métaphore fait d'ailleurs l'objet d'une comparaison implicite entreces « démons » et Rousseau lui-même.
Alors que les démons ne résistent pas à ce regard, le « barbare cœur [deRousseau] résiste ».
De manière hyperbolique, l'autobiographe suggère ainsi qu'il était plus mauvais qu'un démon.Cela renforce la culpabilité de Rousseau mais suggère également le regard lucide de l'adulte sur la gravité de sonacte.
Cette idée se trouve exprimée par l'emploi de l'adjectif « barbare » qui donne à l'expression « barbare cœur »une valeur oxymorique.
Le recours à cette figure exprime l'idée que même le siège des sentiments, qui aurait pu le.
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