excipit du colonnel chabert
Publié le 02/08/2013
Extrait du document
«
Derville.
Le dénouement tragique est donc tout d'abord marqué par la déchéance de Chabert.
Celui-ci, rendu
méconnaissable par la misère est pour Derville, un révélateur de l'égoïsme social.
Il lui rend hommage dans un
discours au registre pathétique et empreint d'un certain lyrisme.
Le texte débute en effet par la réflexion de Derville sur la destinée tragique du colonel Chabert : « Quelle
destinée!(..)Sorti de l'hospice des enfants trouvés, il revient mourir à l'hospice de la Vieillesse, après avoir,
dans l'intervalle, aidé Napoléon à conquérir l'Egypte et l'Europe ».
C'est en effet un retour à la case départ et à
l'anonymat pour l'enfant trouvé qui était parvenu au sommet de la société grâce à son mérite et à son courage.
En soulignant ce contraste choquant entre la valeur du colonel, son passé glorieux et la place que la société lui
a octroyé, il en dénonce l' injustice frappante.
La tonalité de l'exclamation est tout à la fois étonnée et
admirative : Derville confère à Chabert une dimension héroïque.
Il met en avant le côté noble de l' existence du
colonel d'une manière très solennelle: Chabert est bien plus que le vieillard errant, retombé en enfance qu'il est
devenu.
L'émotion suscitée est réelle.
Cet éloge devient indirectement un blâme pour la société qui a rejeté un
tel homme.
Le dénouement va donc être aussi marqué par la condamnation de la société qui est faite par Derville, écoeuré
par l'humanité.
Cette critique sociale confère au texte une portée plus large.
Derville ajoute d'ailleurs à son discours de nombreux termes à connotation morale, très négatives : il ne peut «
estimer le monde », « Paris lui fait horreur », il voit se répéter les « mêmes sentiments mauvais ».
Sa vision de
l'humanité est extrêmement pessimiste : il porte ainsi « le deuil de toutes les vertues » selon une métaphore
très efficace qui renforce le champ lexical employé qui est tout à tour celui de l'horreur et du désespoir.
En
effet, si, tout comme les prêtres et les médecins, les avoués recueillent les secrets les plus vils de l'humanité,
ils sont sans conteste « les plus malheureux », ne pouvant rien « corriger ».
C'est bien un homme désabusé ayant perdu toutes ses illusions qui apparaît ici.
Il connaît très bien les limites
de son rôle d'homme de loi car il a observé avec lucidité le fonctionnement réel de la société : il a vu bien des «
crimes contre lesquels la justice est impuissante ».
D'ailleurs, la référence aux études d'avoués qu'il compare à
« des égoûts qu'on ne peut curer » est un thème développé tout au long du roman et qui évoque une humanité.
»
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