Devoir de Philosophie

Excipit de la Peste de Camus

Publié le 23/01/2013

Extrait du document

camus
Camus, La Peste Excipit I. Une scène de délivrance a. Une renaissance b. La liesse populaire II. Une victoire fragile a, Rieux et la foule b., La morale de La Peste L'oeuvre de Camus pourrait s'ordonner autour de deux pôles: l'absurde, dont l'oeuvre représentative reste L'Étranger (1942), et la révolte, avec La Peste (1947), mouvement de pensée d'après lequel il existe une valeur qui donne à l'action son sens et ses limites: la nature humaine. Le texte que nous avons à étudier est l'excipit de La Peste, dans la cinquième partie. Nous avons assisté à la lente évolution dramatique du fléau de la peste, grâce à la chronique de l'épidémie tenue par le héros, le docteur Rieux. L'épidémie de peste est désormais arrivée à son terme. Cependant, l'auteur a introduit deux notes tragiques à la fin du roman: l'ami fidèle du docteur Rieux, Tarrou tout aussi révolté et volontaire que ce dernier dans la lutte contre le mal, est  décédé, et Cottard a été arrêté. Ce texte retrace la victoire morale du héros et de tous ceux qui ont lutté contre ce mal. Rieux est seul ici, et prend conscience que la victoire est précaire, qu'une épidémie peut resurgir à tout moment. Nous nous demanderons donc dans quelle mesure cet excipit vise à avertir le lecteur de la perpétuelle méfiance qu'il doit avoir vis-à-vis du Mal qui peut surgir à tout moment. Pour ce faire, nous étudierons, dans un premier temps, cet excipit en tant que scène de délivrance; dans un second temps, nous verrons qu'il est fait le récit d'une victoire fragile. I. Une scène de délivrance: a. Une renaissance: L'épidémie de peste est terminée. L'atmosphère de ce passage se fait par conséquent plus légère, ou moins lourde, que dans le reste du roman. Ce passage ne peut que contraster avec ce qu'a lu le lecteur jusqu'ici. Un seul extrait peut se rapprocher de celui-ci, c'est celui où Rieux et Tarrou prennent un bain, au chap...
camus

« I.

Une scène de délivrance: a.

Une renaissance: L’épidémie de peste est terminée.

L’atmosphère de ce passage se fait par conséquent plus légère, ou moins lourde, que dans le reste du roman.

Ce passage ne peut que contraster avec ce qu’a lu le lecteur jusqu’ici.

Un seul extrait peut se rapprocher de celui-ci, c’est celui où Rieux et Tarrou prennent un bain, au chapitre précédent: nous y notons une osmose entre les personnages et la nature, mais avec une pointe d’inquiétude, puisque l’épidémie n’était pas encore éradiquée.

Le narrateur y fait même allusion: «Cette nuit n’était pas si … falaises».

Nous pouvons parler ici d’une scène de renaissance du héros Rieux et du peuple Oranais.

En effet, au début du texte, il est dit que Rieux monte «l’escalier»; symboliquement, cet «escalier» désigne la victoire morale de tous ceux qui ont réussi à échapper au fléau.

Le mouvement ascendant, vers le ciel, représente la haute dignité humaine de Rieux, enfin récompensée.

En outre, il s’agit d’une scène de renaissance dans le sens où Rieux semble retrouver l’usage de ses sens, afin d’éprouver cette victoire jusqu’au plus profond de lui-même.

En effet, nous relevons un champ lexical des sensations, des perceptions sensorielles: «bruyante», «air», «souffles salés», «vent tiède», «rumeur de la ville», «bruit de vagues», «noir rougeoiement», «places illuminés», «grondement», «longue et sourde exclamation», «Écoutant», «les cris d’allégresse»… Le docteur Rieux éprouve ainsi cet instant grâce à ses sens qui semblent renaître.

Lui-même renaît, puisqu’il prend enfin le temps d’apprécier le contact de son corps avec les éléments, davantage encore que dans la scène de la baignade car le devoir l’appelait («il fallait maintenant recommencer»).

Enfin la ville d’Oran accepte la vie de ses habitants. b.

La liesse populaire: Alors que Rieux se laisse aller aux plaisirs de ses sens, la foule laisse éclater sa joie.

Nous avons là l’image d’un peuple libéré, recouvrant sa pleine souveraineté, son libre-arbitre, son indépendance, sa liberté.

Notons le lexique de la liberté retrouvée: «nuit maintenant libérée», «le désir devenait sans entraves».

Comment éviter de faire une lecture historique de ce passage? En effet, le lecteur de l’époque de la publication de ce roman, ou même le lecteur contemporain, ne peut s’empêcher de songer au jour de la libération de Paris, trois ans auparavant: le 25 août 1944, Paris est libéré grâce au concours des forces alliées américaines débarquées en Normandie.

Dans la rue, l’allégresse est à son comble, et tout le monde veut embrasser les libérateurs.

Dans ce cas, la peste représente le nazisme, bien évidemment, mais aussi le Mal en général.

Aussi, relevons-nous le champ lexical de la joie, se rapportant au peuple: «réjouissances officielles», «longue et sourde exclamation», «au milieu des cris», «gerbes multicolores s’élevaient de plus en plus nombreuses dans le ciel».

Ainsi, renaissent en même temps le docteur Rieux et les Oranais.

Chacun retrouve sa liberté et chacun fait l’expérience de cette retrouvaille à sa façon.

Cette émotion, cette communion avec la nature et avec le monde, font reposer ce texte sur le registre lyrique.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles