Excipit de la Peste de Camus
Publié le 23/01/2013
Extrait du document
«
I.
Une scène de délivrance:
a.
Une renaissance:
L’épidémie de peste est terminée.
L’atmosphère de ce passage se fait par conséquent plus légère,
ou moins lourde, que dans le reste du roman.
Ce passage ne peut que contraster avec ce qu’a lu le
lecteur jusqu’ici.
Un seul extrait peut se rapprocher de celui-ci, c’est celui où Rieux et Tarrou
prennent un bain, au chapitre précédent: nous y notons une osmose entre les personnages et la
nature, mais avec une pointe d’inquiétude, puisque l’épidémie n’était pas encore éradiquée.
Le
narrateur y fait même allusion: «Cette nuit n’était pas si … falaises».
Nous pouvons parler ici d’une
scène de renaissance du héros Rieux et du peuple Oranais.
En effet, au début du texte, il est dit que
Rieux monte «l’escalier»; symboliquement, cet «escalier» désigne la victoire morale de tous ceux
qui ont réussi à échapper au fléau.
Le mouvement ascendant, vers le ciel, représente la haute dignité
humaine de Rieux, enfin récompensée.
En outre, il s’agit d’une scène de renaissance dans le sens où
Rieux semble retrouver l’usage de ses sens, afin d’éprouver cette victoire jusqu’au plus profond de
lui-même.
En effet, nous relevons un champ lexical des sensations, des perceptions sensorielles:
«bruyante», «air», «souffles salés», «vent tiède», «rumeur de la ville», «bruit de vagues», «noir
rougeoiement», «places illuminés», «grondement», «longue et sourde exclamation», «Écoutant»,
«les cris d’allégresse»… Le docteur Rieux éprouve ainsi cet instant grâce à ses sens qui semblent
renaître.
Lui-même renaît, puisqu’il prend enfin le temps d’apprécier le contact de son corps avec
les éléments, davantage encore que dans la scène de la baignade car le devoir l’appelait («il fallait
maintenant recommencer»).
Enfin la ville d’Oran accepte la vie de ses habitants.
b.
La liesse populaire:
Alors que Rieux se laisse aller aux plaisirs de ses sens, la foule laisse éclater sa joie.
Nous avons là
l’image d’un peuple libéré, recouvrant sa pleine souveraineté, son libre-arbitre, son indépendance,
sa liberté.
Notons le lexique de la liberté retrouvée: «nuit maintenant libérée», «le désir devenait
sans entraves».
Comment éviter de faire une lecture historique de ce passage? En effet, le lecteur de
l’époque de la publication de ce roman, ou même le lecteur contemporain, ne peut s’empêcher de
songer au jour de la libération de Paris, trois ans auparavant: le 25 août 1944, Paris est libéré grâce
au concours des forces alliées américaines débarquées en Normandie.
Dans la rue, l’allégresse est à
son comble, et tout le monde veut embrasser les libérateurs.
Dans ce cas, la peste représente le
nazisme, bien évidemment, mais aussi le Mal en général.
Aussi, relevons-nous le champ lexical de
la joie, se rapportant au peuple: «réjouissances officielles», «longue et sourde exclamation», «au
milieu des cris», «gerbes multicolores s’élevaient de plus en plus nombreuses dans le ciel».
Ainsi,
renaissent en même temps le docteur Rieux et les Oranais.
Chacun retrouve sa liberté et chacun fait
l’expérience de cette retrouvaille à sa façon.
Cette émotion, cette communion avec la nature et avec
le monde, font reposer ce texte sur le registre lyrique..
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