Examiner ce jugement de Chateaubriand sur le « Génie du Christianisme » : « Maintenant, dans la supposition que mon nom laisse quelque trace, je le devrai au Génie du Christianisme. Sans illusion sur la valeur intrinsèque de l’ouvrage, je lui reconnais une valeur accidentelle s il est venu à son moment. » (Mémoires d'Outre-Tombe.)
Publié le 08/02/2016
Extrait du document
On était dégoûté des hautes spéculations métaphysiques. L’apologétique du xviiie siècle avait paru faible et froide... la « philosophie » vide et desséchante... la religion naturelle inefficace et insuffisante.... Rousseau avait déjà d’ailleurs opposé le cœur et l’instinct à la raison et réveillé le sentiment religieux. Chateaubriand le complète et ramène « la religion du Vicaire savoyard » à ses origines historiques et chrétiennes.
2. Il n’apporte pas d’arguments nouveaux, mais fait valoir les raisons du cœur, il montre dans la religion quelque chose d’infiniment respectable, beau, noble, bienfaisant;... il fait admirer les convenances parfaites de ses dogmes,la pureté desamorale... les harmonies de son culte;... il attendrit, il fait pleurer sur les processions,la destinée humaine...* le vague des passions...» etc,
«
CHATEAUBRIAND
89
I.
Causes du succès.
L'à-propos de la publication ne fut pas la seule cause
Chateaubriand présentait la religion sous le jour qui convenait
aux besoins du temps.
1.
On était dégoûté des hautes spéculations métaphysiques.
L'apologétique du xvIii' siècle avait paru faible et froide...
la « philosophie » vide et desséchante...
la religion naturelle
inefficace et insuffisante....
Rousseau avait déjà d'ailleurs
opposé le coeur et l'instinct à la raison et réveillé le sentiment
religieux.
Chateaubriand le complète et ramène « la religion
du Vicaire savoyard à ses origines historiques et chrétiennes.
2.
Il n'apporte pas d'arguments nouveaux, mais fait valoir les
raisons du coeur,
il montre dans la religion quelque chose d'infi-
niment respectable, beau, noble, bienfaisant ...
il fait admirer
les convenances parfaites de ses dogmes, la pureté de sa morale...
les harmonies de son culte;...
il attendrit, il fait pleurer sur les
processions, la destinée humaine...' te vague des passions...
» etc.
C'est justement ce dont on avait besoin.
La foi n'était qu'endor-
mie dons la plupart des âmes.
On en sentait le besoin, on n'osait
as, parce que cela,
après
Voltaire, paraissait ridicule.
Cha-
teaubriand a fait naître le préjugé contraire,
Il.
Son influence fut profonde et durable.
1.
En littérature.
Tout se teignit des couleurs duc
Génie,....
Tous les écrivains du
xlx
e
siècle sont plus ou moins tributaires de lui, soit pour l'ins-
piration générale, soit pour le style, en poésie, en histoire, en
critique (christianisme vague des Romantiques, goût du moyen
âge et du gothique, amour du pittoresque, etc.).
Ceux même
qui réagiront contre le romantisme, un Flaubert, un Leconte de
Lisle conserveront les procédés de son style et les couleurs
de sa palette.
2.
En religion.
Elle a été aussi considérable.
e) Les écrivains religieux, Lamennais, Lacordaire, etc.,
s'inspireront de son apologétique, ils s'attacheront surtout à
montrer les bienfaits de la religion.., apologétique incomplète
et saperficielle, mais souvent efficace.
b) Les adversaires de la religion, eux-mêmes, changeront de
ton; Renan remplacera la plaisanterie voltairienne, laissée à
M.
Homais, par la critique sérieuse des textes,.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Chateaubriand a rencontré deux fois Bonaparte : en 1802, après la publication du Génie du Christianisme qui servit les desseins politiques du Premier Consul; le 18 mars 1804y trois jours avant l'exécution du duc d'Enghien, arrêté le 15, qui devait faire de Chateaubriand un adversaire déterminé de Napoléon. Voici, tirés des Mémoires d'Outre-Tombe, les passages qui évoquent ces deux rencontres.
- Pensez-vous que Chateaubriand ait fait figure de prophète lorsqu'il écrivait dans ses Mémoires d'Outre-Tombe : « Vraisemblablement, l'espèce humaine s'agrandira mais il est à craindre que l'homme ne diminue, que quelques facultés éminentes du génie ne se perdent, que l'imagination, la poésie, les arts, ne meurent dans les trous d'une société-ruche où chaque individu ne sera plus qu'une abeille, une roue dans une machine, un atome dans la matière organisée? »
- Chateaubriand écrit, au début de ses Mémoires d'outre-tombe : « J'exerçais peut-être sur mon siècle, sans le vouloir et sans le chercher, une triple influence, religieuse, politique et littéraire. » Dites dans quelle mesure ce jugement de l'auteur sur lui-même vous paraît fondé.
- Dans les Mémoires d'outre-tombe, dont la publication a commencé en février 1848, Chateaubriand exprimait cette inquiétude : « Quelle sera la société nouvelle?... Vraisemblablement, l'espèce humaine s'agrandira; mais il est à craindre que l'homme ne diminue, que quelques facultés éminentes du génie ne se perdent, que l'imagination, la poésie, les arts, ne meurent dans les trous d'une société ruche où chaque individu ne sera plus qu'une abeille, une roue dans une machine, un atome dan
- Génie du christianisme ou les Beautés de la religion chrétienne, essai de Chateaubriand