Étudiez, sous la forme d'un commentaire composé, cette page extraite de : Attendez l'Aube de Marcel Arland; attachez-vous plus particulièrement à préciser la tonalité du paysage et à montrer le sens que l'auteur attribue à cette promenade nocturne.

Je vais lentement au long des rues (...) Ce sont des rues ténébreuses, des couvents, de vieux hôtels, des murs sans fin, le haut porche de l'Évêché et, dominant la nuit, les deux tours de la cathédrale. Ce fut longtemps une métropole religieuse. Les évêques ont porté le sceptre aux sacres de Reims. J'ai connu les processions dans la ville, les fleurs jetées par les enfants, les rameaux devant les maisons, le dais porté par les notables, Monseigneur bénissant la foule de sa main blanche. — 0 Cathédrale et triomphes, c'est l'humble temps où l'Église se doit d'être nue. Quant à Dieu (« que pensez vous de Dieu ? «) je pense qu'il est Celui-qu'on-ne-peut-atteindre, mais qu'il suffit de le chercher, que je le cherche à ma façon, dans l'erreur ou dans la Grâce, obstinément. Et je ne sais, déjà vieux, si je m'achemine à ma fin ou à ma source; j'accepte l'une et l'autre. Du rempart, c'est encore le monde de la nuit. Mais il s'ouvre au loin sur une libre étendue que je connais, à qui je m'ouvre et que j'accueille. L'ombre est trouée là-haut d'étoiles; quelques bancs de brume, mais si minces qu'on dirait le souffle de qui repose. Et je respire, je marche, je m'avance sur le chemin de ronde (...) J'ai continué le long du rempart. Personne, aucun bruit. Mais l'ombre m'a peu à peu semblé plus lourde et me penchant, j'ai vu monter la brume, un fleuve de brume qui noyait déjà la vallée. Arrêtons-nous... Encore une fois, je me sens en prison, et j'étouffe dans ce brouillard qui m'atteint, et je maudis ce promeneur, ce rôdeur, ce songe-creux, sa vue infirme, son angoisse, son existence tout entière «.