Étudiez les personnages de femmes dans Le Procès de Kafka.
Publié le 05/08/2014
Extrait du document
Elles constituent, par rapport à K., le pôle de l'altérité et peuvent devenir celui de l'adversité. Originellement liées à la nature, elles pourraient contrebalancer l'influence pernicieuse de la société. Elles auraient pu représenter un contre-pouvoir, à peine apporteront-elles une aide. Liées à l'érotisme, elles relèvent toutes de l'ambiguïté et se révéleront complices de la justice. Pourquoi un tel regard sur les femmes ?
«
par le biais de la vaisselle brisée, détourne K.
de Huld.
Faut-il voir en elles des
instigatrices du mal ? Elles sont plutôt, à l'image du monde qui les entoure, aliénées
par
un pouvoir et désireuses d'asservir.
Comme autant de projections fallacieuses de
libidos cachées, les femmes mentent et se mentent, fausses initiatrices d'un monde
corrompu.
Jugement et trahison
Leur attribuer l'échec du processus revient à minimiser l'emprise du pouvoir
métaphysique et politique dont
K.
dépend.
Plus inquiétant, parce qu'implicite, est leur
mimétisme grandissant avec
le milieu qu'elles fréquentent.
Elles participent toutes de
la délation : Mme Grubach stigmatise la conduite de Mlle Bürstner; la vieille
pourrait incarner tout un tribunal; Léni et la laveuse trahissent l'intimité de leurs
amants.
Cette parole dénonciatrice fondée sur l'irrespect de l'autre et de soi-même met
en cause des conduites sans jamais incriminer
un système.
Toutes demeurent dans
l'aveuglement : elles sont le produit d'une société dont elles fortifient les assises.
Ill.
Luxure et corruption
Une perversité originelle
Que penser des fillettes ? Le pourrissement du monde atteint son degré ultime
avec la frénésie de ces créatures, cortège de bacchanales qui accompagne
K.
dans
l'escalier de Titorelli.
Welles traduit le plaisir dévoyé du voyeurisme par de vifs
mouvements de caméra, des gros plans aux regards inquisiteurs, accompagnés d'une
musique de jazz entrecoupée de cris stridents.
Un signe textuel relie les fillettes à
Léni : le motif de la clé, symbole phallique évident.
Reniant la confiance humaniste
d'un Rousseau, Kafka réfute l'innocence de l'enfance.
La société les a déjà perverties
puisqu'elles
« appartiennent aussi à la justice » (p.
191 ).
Une perversité décuplée par la société
À l'opposé de Platon célébrant l'harmonie, l'expressionnisme accorde le corps et
l'âme pour exalter la dissonance.
«La gamine bossue» (p.
180) fait écho à la main de
Léni, difformité physique que Welles met en valeur : symbole de tentation, la main
de Léni paraît près du visage de
K., puis se découpe telle une ombre, tandis que K.
subjugué tourne autour.
Kafka associe sexualité et animalité par le commentaire :
« la jolie serre que voilà » (p.
147), lien déjà perceptible lors de l'accouplement au
tribunal dans le
« glapissement» (p.
84).
Le livre de justice chargé de dessins obscènes
érige la sexualité en loi.
La loi sociale trouve son fondement dans la loi naturelle qu'elle
feint de condamner.
La perversion consiste à édifier
le surmoi sur le ça, et la femme est
l'instrument de cette perversion.
De cette négativité faut-il déduire que Kafka était
misogyne? Idéaliste plutôt, ce que sa correspondance corrobore.
Mais pourquoi la
femme est-elle
un moyen privilégié d'oppression? Par le corps et la sexualité, elle est
perçue comme émanation de la nature, nature déconsidérée par la religion; lorsqu'elle
entre dans la culture, elle la menace.
Il est donc important de soumettre ce désordre
à
l'ordre..
»
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