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Étudiez les manifestations de la merveille.

Publié le 06/08/2014

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Étudiez les manifestations de la merveille.

Chrétien de Troyes, dans le Conte du Graal, donne aux manifestations de la merveille une grande importance. Elles dessinent dans l'oeuvre des mondes étranges et plaisants, mais ces mondes sont aussi des lieux d'épreuves curieuses et déroutantes, épreuves qui mettent en jeu le sens profond de ce roman de chevalerie.

Perceval ou le Roman de Graal de Chrétien de Troyes.

« dont les deux premiers sont manifestement merveilleux, la Lance par son éclatante blan­ cheur et par la goutte de sang qui y perle, le Graal par sa préciosité et par sa luminosité.

Il prend la forme d'une croix dont la longueur, représentée par les trois objets, est illuminée au centre par la lumière du Graal, et dont la largeur, représentée par les deux chandeliers, est une ligne de feu.

Il traverse la salle d'un bout à l'autre, comme une apparition qui surgit du néant et retourne au néant, pour porter une hostie salutaire à un vieux moribond.

Tout en fait donc une sorte de crucifix horizontal faisant sa lumineuse apparition dans la grande salle pour accomplir dans la pièce d'à côté un miracle invisible.

D'autre part, l'épreuve qui lui est associée est entièrement verbale.

Il ne s'agit que de poser les bonnes questions relatives à sa signification.

L'épreuve du Lit de la Merveille Le Lit de la Merveille est pour Gauvain une épreuve relevant d'un merveilleux païen.

D'une part, le lit lui-même est une sorte de joyau d'art païen.

Il est décoré de façon somp­ tueuse par les sculptures de bêtes étranges qui ornent ses pieds, les pierres précieuses qui illuminent ses montants, et les riches étoffes qui recouvrent le matelas.D'autre part, 1' épreuve qui lui est associée est représentative des enchantements païens de la littérature bretonne.

Le simple fait de s'asseoir sur le lit déclenche un mécanisme mystérieux : il surgit de nulle part, d'abord une pluie de flèches, ensuite un lion féroce; le tout dans un vacarme retentis­ sant auquel participent le lit qui émet un bruit violent, les cloches qui retentissent, et les fenêtres qui s'ouvrent et se referment.

Selon le nautonier, la salle est protégée« par art et par enchantement» (p.

181): le lit semble la clef de tout ce système de défense.

Ill.

Le sens de la merveille Une fonction révélatrice L'épreuve de la merveille a une fonction révélatrice.

Il ne s'agit pas pour le héros de conquérir des qualités nouvelles venants' ajouter à ses anciennes qualités, mais de consacrer celles qu'il possède déjà; et de fait, l'épreuve de la merveille vaut souvent au héros le titre de meilleur chevalier du monde.

L'essentiel, ce n'est pas ce que le héros fait pendant l'épreuve, mais ce qu'il est au moment où il la subit.

Gauvain réussit moins parce qu'il fait preuve de vaillance sous la pluie de flèches et dans son combat contre le lion que parce qu'il est en état de grâce.

Perceval échoue moins parce qu'il ne pose pas les bonnes questions que parce qu'il est en état de péché.

Une fonction civilisatrice L'épreuve de la merveille a une fonction civilisatrice.

Il s'agit d'une part de rendre vie à un monde éteint.

Le succès de Gauvain est le signe d'une vie retrouvée pour les gens de la Roche Canguin, puisque selon le nautonier, l'événement rend le pouvoir aux dames de retrouver leurs domaines, aux demoiselles de trouver un mari, et aux jeunes gens d'entrer dans la chevalerie (p.

182).

L'échec de Perceval condamne au contraire le royaume du Roi Pêcheur à l'agonie, puisque selon la Demoiselle Hideuse, les dames perdront leurs maris, les demoi­ selles seront sans soutien, et plus d'un chevalier en mourra (p.

121).

Il s'agit d'autre part d'intégrer ce monde régénéré au royaume arthurien.

Le succès de Gauvain lui vaut d'être fait seigneur de la Roche Canguin, qui passe sous la domination d'Arthur.

L'échec de Perceval lui vaut au contraire, selon toute vraisemblance, d'être exclu de la succession du Roi Pêcheur, qui reste un royaume étranger.

L'enjeu ultime de la merveille, c'est donc l'unité même du royaume arthurien.. »

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