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Étudiez le prologue. Perceval ou le Roman de Graal de Chrétien de Troyes.

Publié le 06/08/2014

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Étudiez le prologue.

Le prologue a pour fonction essentielle de capter la bienveillance du public. Il s'agit de définir la figure de l'auteur, clerc instruit et capable ; de magnifier la figure du com­manditaire, seigneur puissant et éclairé ; enfin de déterminer la nature de l'oeuvre, non pas en annonçant son sujet, mais en disant ou suggérant comment elle doit être appréciée.

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« Le discours des personnages Le narrateur, restant en retrait par rapport au discours des personnages, peut les laisser parler sans apporter de précision.

Un premier problème se pose avec les accusations.

Gauvain reconnaît les faits dont l'accuse Gréoréas, mais pas ceux dont l'accusent Guiromelan et Guingambrésil; or comme aucune de ces deux aventures ne se termine, la question reste en suspens.

Un deuxième problème se pose avec les prophéties.

Celle de la cousine selon laquelle !'Épée du Roi Pêcheur se brisera dans les mains de Perceval (p.

100), ou celle de la Demoiselle Hideuse selon laquelle l'échec de Perceval est définitif (p.

121), ont beaucoup embarrassé les lecteurs.

Ceux du Moyen Âge sont restés perplexes devant la première, comme en témoigne l'interpolation du manuscrit Tqui montre Perceval brisant l'épée dans son combat contre !'Orgueilleux de la Lande 1 • Ceux d'aujourd'hui restent embarrassés par la deuxième, en se demandant quel est le sens de la quête de Perceval si l'échec est inévi­ table.

Ill.

Un narrateur malicieux Le point de vue du clerc En apparence, le narrateur est un clerc consciencieux.

Il prétend faire un récit vrai, invoquant sa connaissance du livre source ou des choses du monde.

Ainsi, c'est le conte ou l'histoire qui veut que la ceinture de Keu (p.

84) ou les gonds de la porte de Château de la Roche Canguin (p.

184) soient d'or; c'est la mode galloise ou la coutume chevaleresque qui veut que Perceval porte ses vêtements ridicules (p.

44) ou que Gorneman chausse à Perceval son éperon droit (p.

63).

Il prétend aussi faire un beau récit, rappelant les règles qui dictent d'éviter la longueur et la répétition.

Ainsi, il élague avec scrupule les récits de com­ bat: «Je pourrais vous donner tout le détail, si je voulais m'y mettre; mais comme un mot en vaut bien vingt, je ne veux pas m'en donner la peine 2 • » (p.

82) ; il coupe le discours des personnages rappelant des faits connus : « Il lui raconta l'histoire telle que vous!' avez enten­ due.

Si on la racontait encore une fois, ce serait d'un profond ennui, car un conte ne peut pas s'en trouver arrangé.» (p.

59) Le point de vue du poète En réalité, le narrateur est pourtant un poète un peu désinvolte.

Ses protestations de vérité servent souvent à donner un vernis de sérieux aux choses les plus invraisemblables.

Ainsi, il jure que c'est selon le conte que Perceval embrasse la pauvre Demoiselle de la Tente plus de sept fois d'affilée (p.

47), ou s'exclame qu'on ne trouverait pas jusqu'à Limoges ni à Beyrouth de plus belle tour ni de plus jolies loges qu'au Château du Graal (pp.

89-90).

Son aspiration à la beauté lui sert souvent à s'épargner un travail difficile.

Ainsi, il peut sou­ dain renoncer à une description, jugeant qu'un clerc instruit comme il l'est ne pourrait pas y arriver en un jour (p.

110).

Le portrait de Blanchefleur est peut-être le lieu où le narrateur dévoile le mieux son vrai visage (p.

67).

Lorsqu'il dit qu'il veut rompre avec son habitude et ne dire que la vérité, il rappelle avec élégance que dans la fiction romanesque, c'est le mensonge qui est roi.

1.

La traduction Folio, qui se base sur le manuscrit T.

comporte ici une lacune (T3926a-t).

2.

C'est nous qui traduisons ce passage et le suivant (T2648-81 & 1379-83).. »

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