Etudiez le personnage de Tancredi

« • Le mariage avec Angelica est donc indispensable à la survie de Tancredi en tant qu'aristocrate.

Mais il est difficile de dire qu'il ne l'épouse que par intérêt, car la beauté de la jeune fille, âgée de dix-sept ans quand il la ren­ contre, peut confirmer la sincérité du coup de foudre qu'il avoue à son oncle dans sa lettre.

D'ailleurs Tancredi ne semble pas douter de la réci­ procité de ses sentiments.

Pendant la quinzaine de jours passés ensem­ ble à cette occasion, à déambuler seuls dans le palais, le narrateur affirme qu' «Angelica, à cette époque, voulait ce que Tancredi avait décidé» (p.

164).

Lors du bal des Ponteleone, ils étaient «deux très jeunes amoureux qui dansent ensemble, aveugles à leurs défauts respectifs, sourds aux avertisse­ ments du destin» (p.

238).

Et le narrateur annonce par anticipation l'échec de leur mariage.

IJ Eaventurier pragmatique Malgré sa jeunesse, Tan cre di s'engage dans les mouvements d'opposition aux Bourbons par pragmatisme plus que par conviction personnelle.

Le prince affirme que Tancredi a des sympathies pour les« sectes>> , -l es répu­ blicains mazzini ens -et des relations avec« le Comité national secret>> dont il recevrait de l'argent (p.

24).

Il a été compromis dans les incidents du Quatre Avril contre le roi François II de Bourbon qu'il appelle « Franceschiello >> pour se moquer de lui.

Il part dans les montagnes à Corleone, combattre aux côtés des révolutionnaires républicains.

«Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change>> , déclare-t-il à son oncle (p.

32).

Il a porté la chemise rouge de l'armée du général Garibaldi et a été blessé à l'oeil droit pendant les «combats de Palerme>> en mai 1860.

Fait capi­ taine sur le champ de bataille, il rentre à Palerme avec deux Piémontais.

À Donnafugata, il est devenu aux yeux de tous un aristocrate libéral, campa­ gnon de Rosolino Pila.

Il affirme que l'union entre patriciens et plébéiens peut niveler les classes sociales, l'un des buts du mouvement politique ita­ lien de cette période.

Il veut ensuite atteindre Rome, «capitale de l'Italie nouvelle>> avec l'armée de Garibaldi.

Mais à son retour à Donnafugata, il est officier de l'armée régulière du futur roi d'Italie Victor-Emmanuel II.

À la fin du roman, il est député et futur diplomate.

Son personnage a pour fonction de montrer l'évolution sociale de cette aristocratie ruinée, mais pragmatique, qui sait tirer profit des circonstances.. »