Étudiez le personnage de l'avocat dans Le Procès de Kafka.

« La méthode La devise de Huld : « Il vaut souvent mieux être ençhainé_qu.e.Jibre.-2> (p.

236) détermine et justifie sa méthode: Héritéé d\iriè IOngue expérience fondée sur le prag­ matisme, la devise de l'avocat prouve qu'il a renoncé aux principes : antihumaniste, elle s'avère provocante et paradoxale.

À l'appui de cette théorie, on peut citer la scène d'intimidation : alléguant le plus grand mépris « pour un Block » (p.

243), l'avocat esquisse un procès fictif dont le verdict serait : « son procès n'a pas encore com­ mencé ».

L'avocat manipule Block à sa guise, mais peut-il se fourvoyer au point de penser que l'humiliation de ce dernier lui assurera la soumission de K.? Ill.

La volonté de puissance Le mythe du pouvoir En Huld sont concentrés tous les fantasmes cristallisés en Hermann Kafka : il incarne le père, la loi, l'interdit.

Welles lui donne la stature impressionnante que la Lettre au père lui confère : « Toi, grand, fort, large.

» Par un jeu subtil de présence et d'absence, de parole et de silence, de position horizontale et verticale, l'acteur trans­ met cette aura du pouvoir que diffuse le corps.

Toisant la silhouette gracile d'Antony Perkins, il réactive les fantasmes de l'enfance.

Sommant Léni, asservissant Block jusqu'à l'indignité, sa voix parcourt tous les registres, du murmure à la vocifération.

Comme Dieu se manifeste par le Verbe, la puissance du père s'exprime par la voix : elle est le ressort qui fait agir ses acolytes.

K.

sera initié par la parole juridique avant de l'être par la parole métaphysique, la première étant déjà investie d'une dimension sacrée.

Welles entretient cette confusion en prêtant sa voix à l'aumônier pour la lecture de la parabole.

Son pouvoir peut paraître sans limites, mais, dans ce cas, aurait­ il autant besoin de «Jai~e parade de sa puissance » (p.

240)? Un pouvoir illusoire Une brève séquence dévoile les silhouettes de l'oncle et de l'avocat telles des ombres, évoquant le cinéma expressionniste par la dramatisation et la caverne platonicienne par la démystification.

Le message est double : stature imposante, pouvoir vain, c'est-à-dire vide.

En 1958, Welles confie à Bazin qu'il aime interpréter les ambitieux, et surtout les conquérants déchus.

Fausse effigie du pouvoir, l'avocat ne peut plus vivre sans ces regards qui le craignent, l'honorent et le trompent.

C'est sur un peuple soumis de femmes et d'esclaves que, dérisoire, il règne, cerné par la trahison : Block consulte d'autres avocats, Léni fait des aval!c:es à ~,_sous_ses yeux.

Dorr:;~~tiq~~.

infii-mière, mère, maîtresse, auxiliaire, (!llé concentre-en elle toutes les fonctions du féminin, mais dans ce jeu de métamorphoses, ne manœuvre-t-elle pas plus qu'elle n'est manœuvrée? De même que Huld n'accorde pas sa grâce, l'avocat ne défend personne, si ce n'est lui-même.

Le principe de construction de cette figure est l'inversion.

Face au pouvoir, qu'il soit familial, juridique ou métaphysique, il n'y a pour Kafka qu'un contre-pou­ voir : l'ironie.

C'est par la dérision qu'il conteste ce fantasme de l'autorité et de la Loi que symboTisent le père et Dieu.. »