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Étudiez le comique et le tragique dans Roméo et Juliette

Publié le 05/12/2019

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Les styles comique et tragique empruntent des structures au genre adverse. Ainsi, la figure du paradoxe est inscrite par Mercutio dans le portrait qu'il brosse de son adversaire. Il joue de l'homophonie « Tybalt/Tybert », allusion au Chat du Roman de Renart, pour transformer le cousin de Juliette en « prince des Chats » (II, 3, L 18), puis use de l'éloge paradoxal, marque d'une littérature raffinée qu'il se plaît à dévoyer.

Shakespeare - Roméo et Juliette

« 24 tant elle a de plaisir à parler : Elle a ce franc-par ler- « Une bosse aussi grosse qu'une couille de coq» (I, 3) qui se verra encore chez Dorine dans le Tartu ffe de Moliè re (1 667).

Les joutes langagières qu'engagent Mercutio et ses amis résonnent comme des parodies de duels.

L'échange se vit comme un exercice, sous le signe du jeu.

Mercutio, usant de tous les niveaux de langage avec un art consommé, adresse au parterre ses sous-entendus grivois dans l'histoire des nèfles et de la queue de poire (II, 1), ses néologismes caricaturaux(« Te voilà poissonnifiée », II, 3, l.

37).

Mais il entretient aussi avec le public aisé des connivences culturelles: ainsi, lorsqu 'il parodie le pétrarquisme ou cultive le burlesque, Didon devenant «dindon » (ibid.

, 1.

40).

Mercutio est celui par qui le rire advient, jusque dans sa mort.

Des entités Très tôt dans l'intrigue, les deux amants sont traversés par la prescience de leur sort.

Alors qu'il doit se rendre à une fête, Roméo avoue: «[ ...

]mon esprit redoute/ Qu'un avenir encore suspendu dans les astres /N'entame dès ce soir un cours bien fu neste » (I, 4, v.

107-1 09).

À la mort de Tybalt, il se rend compte qu'il est « le jouet de la Fortune » (III, 1, v.

140).

Juliette a la prémonition du malheur lors de leur séparation, lorsqu 'elle croit voir son amant dans une tombe, intuition à laquelle Roméo répond avec le rêve de Mantoue.

Cette hostilité de la Fortune voue les jeu nes gens au malheur.

Apprenant l'exil de Roméo, Juliette a l'impression d'une mise à mort : « Il n'y a ni fm , ni limite, ni mesure, ni frontière,/Dans la mort qu'annonce ce mot [ .

..

]» (III, 2, v.

125- 12 6).

Ce malheur est lié à la cruauté (le mot latin cruor désigne le sang rouge, versé).

Cette image est convoquée dans l'imaginaire par le Chœur dans le premier prologue, elle est reprise par lady Capulet demandant au prince d'appliquer la loi du talion.

Plus insupportable est la cruauté psychique que Capulet fait subir à sa fille en la traitant de «c harogne livide>> (III, 5, v.

157) ou de« traîn ée» (ibid.

, v.

168).

Ill.

Une express ion théâ tra le comp lexe Une rhétoriq ue grave dans le style comiq ue Les styles comique et tragique empruntent des structures au genre adverse.

Ainsi, la figure du paradoxe est inscrite par Mercutio dans le portrait qu'il brosse de son adversaire.

Il joue de l'homophonie « Ty balt/Tybert », allusion au Chat du Roman de Renart, pour transformer le cousin de Juliette en « prince des Chats » (II, 3, 1.

18 ), puis use de l'éloge paradoxal, marque d'une littérature raffmée qu'il se plaît à dévoyer.

De s formes c ues aux sources de l'ironie À l'origine, le quiproquo est un ressort comique.

Le dramaturge use de cette méprise au cœur des plus grandes tensions.

Lorsque la Nourrice dit à Juliette, avec une éprouvante ambiguïté: «i l est mort » (III, 2, v.

37), l'une songe à Ty balt, l'autre à Roméo.

La méprise peut être liée aux mots, mais aussi à la situation.

C'est sur le quiproquo tragique d'une morte vivante que le drame s'achève.

Ce d'illusions atteint la même force tragique que l'ironie dans l'Iphigénie de Sophocle.

Parce que sont convoqués les morts, le malheur, le destin, l'histoire des amants de Vérone ne peut être perçue que comme une tragédie.

Pourtant, notamment par le langage, Shakespeare instille le comique dans sa tragé die, ce dont Victor Hugo se souviendra en alliant « le sublime » et « le grotesque ».. »

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