Étudiez l'affrontement entre la conscience et le pouvoir dans Le Procès de Kafka.
Publié le 05/08/2014
Extrait du document
Le Procès concède à K. le statut de protagoniste à part entière. La conscience n'est plus seulement l'adversaire latent de l'autorité comme dans La Métamorphose, elle entre en conflit ouvert avec toute forme de pouvoir arbitraire, avec la force qui n'est pas un droit. Dans quelles conditions la conscience de l'homme s'affirme-t-elle comme un contre-pouvoir ?
«
découvre les livres du juge.
Cette Loi qui semble être partout, révérée de tous, n'est en
réalité nulle part.
Introuvable, improbable, ne découle-t-elle pas de la propension de
l'homme à se décharger de sa propre conduite? La Loi est absence, les hommes se
prosternent devant leur besoin d'adorer.
La dilution de la responsabilité
Il pourrait paraître singulier que l'homme secrète ce qui l'asservit.
En montrant à
K.
le spectacle de la servitude, Huld procède à une dangereuse initiation.
Si l'homme
consent à la servitude, c'est qu'il y a intérêt.
Lequel? Block a tout perdu depuis ses cinq
années de procédure.
En pliant le genou devant son maître, il a abdiqué son libre
arbitre, il a fait de l'autre sa propre conscience.
À quelque échelon qu'ils soient, tous
ont renoncé à assumer leur engagement d'homme, tous, jusqu'au bourreau, se protè
gent derrière des ordres.
La subtilité dernière consistera à accorder à l'opprimé une
illusion de liberté (Block croit trahir l'avocat), une illusion de pouvoir (le bourreau est
appelé« le maître des deux autres», p.
116).
Le pouvoir accorde à ceux qui le servent
une totale impunité, il prend en charge ce qui pourrait rester en eux de conscience
morale.
En dépouillant l'individu de sa responsabilité, la dictature bafoue tous les
codes éthiques
et métaphysiques; l'arbitraire est sa Loi.
Ill.
Conscience et révolte
Voir et savoir
Occulte, tentaculaire, le système ressemble à ces monstres antiques que le héros
affrontait seul.
Liés au surnaturel, portant sur leur corps les contradictions des désor
dres humains, ces monstres n'étaient souvent que la projection de leurs angoisses et de
leurs désirs.
Le système kafkaïen n'est-il pas l'extériorisation des tourments de l'âme
moderne? Quel regard le romancier jette-t-il sur la conscience européenne qui, au
moment où il rédige son roman, est en train de basculer dans la Première Guerre
mondiale? C'est en voyant que
K.
apprend.
Tant qu'il est impliqué, il ne peut pas se
rendre compte; c'est la raison pour laquelle, comme le dit Léni,
«on [le] harcèle»
(p.
252).
Observateur, il est initié chez Huld.
Welles va parfaire cet apprentissage, en
faisant de K.
le spectateur de la parabole.
Dire
Parvenir à prendre conscience serait déjà un grand pas, mais l'artiste ne peut pas
s'en contenter.
Il faut que de la conscience éclose cette volonté d'aller au-devant
d'autres consciences.
Ce qu'il faut, c'est dire.
De manière très symbolique, Welles fait
porter un bâillon aux victimes de la torture.
Le système veut que rien ne soit livré et
ce n'est sans doute par hasard que K.
est exécuté à trente et un ans, alors que l'homme
de la campagne meurt de vieillesse.
Son discours au tribunal sera le premier et le
dernier.
Welles accentuera cette verve offensive pour des raisons dramaturgiques
et idéologiques.
La conscience est donc l'adversaire du pouvoir; elle en conteste
l'absence de fondement et les méthodes de déshumanisation.
Le rôle de l'artiste est
de
« donner à voir », comme le dit Paul Eluard.
La responsabilité du profane est, à
l'image de K., d'ouvrir les yeux..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La conscience et le pouvoir dans le Procès de KAFKA
- Étudiez la temporalité et le schéma narratif dans Le Procès de Kafka.
- Étudiez la composition du Procès de Kafka.
- Étudiez les personnages de femmes dans Le Procès de Kafka.
- Étudiez le personnage de l'avocat dans Le Procès de Kafka.