Étudiez la place du théâtre dans le roman et dans le film
Publié le 06/12/2019
Extrait du document
Redoutable est le roué, car il est capable de jouer tous les rôles : auteur, acteur, metteur en scène. La Marquise entend unir « l'esprit d'un auteur » au « talent d'un comédien ». Devant se venger de trois hommes, elle recourt à trois subterfuges différents. Parmi les rôles mythiques qu'elle invente, elle se voit en « nouvelle Dalila » et l'attribut qu'elle s'octroie en ferait chez Freud une figure castratrice : « De combien de Samsons modernes, ne tiens-je pas la chevelure sous le ciseau » (LXXXI). À propos de Danceny, Valmont avoue en persiflant : « J'aurai été à la fois son ami, son confident, son rival et sa maîtresse >> (XXV). Il est aussi metteur en scène : en faisant d'Émilie son pupitre, Valmont joint à l'excitation érotique le plaisir d'asservir deux femmes et d'humilier ce qu'il aime.
Les Liaisons dangereuses
Pierre-Ambroise-François Choderlos De Laclos
«
12
4 fem
elle ».
Du faux dévot de Mol ière, les libertins ont hérité un langage qu'inn erve
la métaphore filée de la religion.
Ainsi, la lettre IV abonde en termes qui rappellent
la casuistique des jésuites : « Nous prêchons la foi », « mission », « prosélytes »,
« zèle », « ferve ur», « saint respect », « la Divinité >>.
Le lib maître du eu
Redoutab le est le roué, car il est capable de jouer tous les rôles : auteur, acteur,
metteur en scène.
La Marquise entend unir« l'e sprit d'un auteur » au « talent d'un
comédien ».
Devant se venger de trois hommes, elle recourt à trois subterfuges diffé
rents.
Parmi les rôles mythiques qu'elle invente, elle se voit en« nouvelle Dalila» et
l'at tribut qu'elle s'octroie en ferait chez Freud une figure castratrice : «D e combien
de Samsons modernes, ne tiens- je pas la chevelure sous le ciseau » (LXXXI).
À
propos de Danceny, Va lmont avoue en persi flant : «J'aurai été à la fois son ami, son
confident, son rival et sa maîtresse >> (XXV).
Il est aussi metteur en scène : en faisant
d'Émilie son pupi tre, Valmont joint à l'e xcitation érotique le plaisir d'asservir deux
fe mmes et d'humilier ce qu'il aime.
Ill.
Le theat rum mundi
Le triomphe du masque
Alors que Dumarsais reconna ît au philosophe la qualité de « probité », l'é volution
du libertinage sous le règne de Louis XVI explique la progres sion de l'hypocrisie.
Le
jeune souverai n prônant la simplicité des mœurs, les scélérats ajustent leurs méthodes.
Consciente que tout tient à sa répu tation, « au lieu de rechercher les vains applaudis
sements du théâtre >>, Mme de Mert euil construit son personnage de veuve irréprocha
ble ; le « vernis de pruderie » lui sert à s'i mmis cer dans le parti des« duègnes ».
Elle
crée de toutes pièces le personnage que réclame la socié té, pour agir en toute impunité.
En écho à celle du Neveu de Rameau (Diderot, 1760-1777), Laclos donne à voir " la
pantomime des grands ».
Un film
r le théât re
Le projet d'adaptation naît d'abord dans l'esprit du scénariste.
Christopher
Hampton voulant tirer du roman une pièce de théâtre établit en 1984 une construction
rigoureuse, comportant dix-huit scènes, et adopte un langage entre classicisme et
modernité.
Outre une structure resserrée, éliminant certains comparses, le pro jet vise
à privilégier les prota gonist es de premier plan.
C'est Hampton qui propose à John
Malkovich et à Glenn Close -tous deux ayant reçu une solide formation théâtrale
d'i ncarner les libertins.
Souvent associé à Hampton pour la télé vision, Frears aborde
l' adaptation filmique en se concentrant sur « les mots et les visages ».
Comme le
rideau se referme sur Mme de Tourvel , la métaphore de la théâtra lité ouvre et conclut
le film.
À l'idéal de la transparence selon Rousseau, Laclos oppose la duplicité.
Si le
lib ertin cherche le contrôle de la sensi bilité par la raison, son but, au lieu d'être la
li berté, est l'aliénation.
Christopher Hampton pense d' abord l'intrigue en termes de
théâtre, et Frears se sert du jeu des acteurs pour la dramatise r.
Comme dans la caverne
platonicienne, les jeux d'illusion dénoncent le caractère vain de la puissance..
»
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