Étudiez la dimension autobiographique dans Le Procès de Kafka.

« il la défend à peine face aux critiques de Léni.

Si Elsa peut faire écho aux rencontres de passage, Mlle Montag (chapitre 2) représente l'amie de Felice Bauer, Grete Bloch, qui a participé à l'accusation de l'Askanischer Hof Plutôt perçue comme adversaire, associée « à un groupe de conjurés » (p.

66), elle joue dans l'intrigue un rôle mineur.

Ce person­ nage sera retravaillé par Welles qui confiera le rôle à Suzanne Flon.

Mlle Bürstner Présente au chapitre 1, elle revient à la fin du roman.

Elle seule assiste K.

dans l'épreuve, aux frontières de la mort : « peut-être, après tout n'était-ce pas elle ».

Un même motif accompagne la résurgence du visage aimé : une clarté lunaire qui accorde la paix (p.

47 et 278).

Défendant sa voisine contre les insinuations de Mme Grubach, il est entraîné vers elle dans un élan érotique « comme un animal assoiffé qui se jette à coups de langue sur la source » (p.

58).

Même si Mlle Bürstner n'est pas une figure de pureté, elle reste en dehors des compromissions juridiques.

Au sujet de la vie de couple, le Journal atteste, comme pour K.

dans le roman, une incapacité à se fixer.

Ill.

K.

: un double de Kafka? De Kafka à K.

L'écrivain confère à K., outre son âge, des éléments personnels d'ordre familial ou social, mais, à travers lui, il réalise une autobiographie mentale.

Bien des com­ posantes confirment cette démarche, depuis la présence incontestable du je qui s'oppose à on et ils dès les premières pages, la prédominance du point de vue subjec­ tif, jusqu'à l'abondance de monologues intérieurs, propices à l'identification.

Cependant Le Procès porte en lui, non la vie, mais l'imaginaire de Kafka.

Première similitude entre son héros et lui : un sentiment prégnant de la faute, culpabilité en rela­ tion avec le père -la Lettre au père fait état d'une « infinie culpabilité ».

Seconde ressemblance : une situation que l'individu subit et qui le conduit à l'exclusion.

L'itinéraire de K.

est un parcours de marginalisation sous le sceau du malaise et l'im­ puissance.

De K.

à Kafka Portée à sa plénitude, l'écriture engendre l'apaisement.

Les Carnets du 6 août 1914 stipulent:« Rien d'autre ne pourra jamais me satisfaire.» Après avoir composé la parabole de la loi, seul fragment publié de son vivant, Kafka parle dans son Journal « de contentement et de bonheur».

Il confie à M.

Brod que « se donner à cette œuvre serait une délivrance céleste, une véritable résurrection à la vie ».

L'accent religieux témoigne de l'ascèse que procure la création.

Cette catharsis se heurte à un double obstacle : les aléas de l'existence qui empêchent de se consacrer à l'œuvre, et un per­ fectionnisme qui, à force d'exigence, suspend l'inspiration.

Kafka partage avec K.

ce statut singulier : savoir et vouloir sans véritablement pouvoir.

Le ressourcement auto­ biographique est présent dans Le Procès puisque le romancier exerce son emprise sur le personnage.

Ce processus de l'écriture qui délivre Kafka est l'inverse du processus judiciaire qui oppresse K.

Cette objectivation permet d'atteindre l'universalité d'une figure dans laquelle, à leur tour, les hommes peuvent se reconnaître.. »