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Étudiez la composition du Procès de Kafka.

Publié le 05/08/2014

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kafka

Étudiez la composition du Procès

Un an après la mort de Kafka, Max Brod publie Le Procès que Kafka voulait détruire. Seule la « parabole de la loi « avait été éditée à Prague en 1915. Le roman est inachevé : Kafka a mené l'intrigue jusqu'à son terme, puisqu'il a commencé par écrire le début et la fin; six chapitres demeurent lacunaires, et aucun des seize chapitres n'est numéroté. Le travail de l'exécuteur testamentaire a été d'instituer un ordre. Quels schémas de construction président à la composition du roman ? Par rap¬port à l'ordonnancement retenu par Brod, en quoi la lecture de Welles apporte-t-elle un nouvel éclairage ?

kafka

« inféodés à la justice, vont allier les mensonges du corps et de la parole.

À la sortie de la cathédrale, K.

est seul, bientôt vaincu.

Une structure tragique La lutte qui s'engage paraît rapidement inégale, voire insoutenable.

Le pouvoir qui contraint K.

n'est jamais défini -est-il politique, métaphysique?-, et ses décisions sont paradoxales : en état d'arrestation, K.

est laissé en liberté.

Le juridique défie la raison, mais, fortement hiérarchisé, il institue un ordre.

C'est parce qu'il est en soi ordre/désor­ dre, raison/déraison que ce pouvoir ne pourra être combattu par la conscience de l'homme.

Ce pouvoir prend la dimension de la fatalité parce que, tout-puissant, il demeure caché.

C'est donc I'indétennination du pouvoir qui le rend absolu.

La parabole de la loi le montre impénétrable, le livre reste sur le seuil du sens.

Ce qui reste de liberté au héros tragique paraît dérisoire : tel Œdipe, K.

est broyé par les rouages de la machine infernale.

La trajectoire relève de la tragédie car elle mène à la mort et prive K.

de ses espoirs et appuis.

Investi dans sa maison, dans son travail, dans son temps libre, K.

l'est bientôt dans sa tête au point de n'être que justiciable.

Kafka lui confère une grandeur héroïque par la permanence de la conscience et la lui retire par l'indignité de sa fin - « comme un chien » le relie définitivement au « chien de l'avocat ».

Ill.

Les choix esthétiques De Flaubert à Kafka Kafka admire Flaubert dont il partage la conception idéaliste de la littérature.

Hérite-t-il de lui ce mode de composition régi par l'alternance entre de grandes scènes et un compte rendu synthétique de faits mineurs? L'architecture du Procès est sous­ tendue par quelques scènes puissantes -l'arrestation, l'interrogatoire, la rencontre avec l'avocat-, remarquables par le nombre de personnages ou l'acuité des enjeux.

Le statut de la Parabole semble d'un autre ordre, didactique et métaphysique.

La longueur des chapitres montre comment l'artiste, tel un peintre, dispose les masses.

Elle oscille en moyenne de 20 à 30 pages.

Les chapitres 5 et 10, les plus courts, font intervenir le bourreau et la mort; le chapitre 7, qui compte 60 pages, confronte K.

à Huld puis à Titorelli.

Alors que ses contemporains Mann, Musil et Proust dépeignent de grandes fresques qui rendent compte du destin d'une famille et d'une société, Kafka se con­ centre sur le devenir d'un personnage.

Écrivain de la densité, il a la concision d'un auteur de nouvelles, en cela plus proche de Maupassant que de Flaubert.

De Kafka à Welles L'adaptation filmique paraît scrupuleusement proche du roman et paradoxalement c'est par cette fidélité qui n'est pas servitude qu'éclate la personnalité de Welles.

Selon Guy Gauthier, les chapitres du roman sont redistribués dans l'ordre suivant: 1-4-2-5- 6-3-8-7-9-10.

La principale modification réside dans le déplacement de la parabole de la Loi, avant-dernier chapitre qui devient prologue.

La voix off, Welles lisant l'apo­ logue, assure une transition entre le livre et le film, tandis qu'à la fin, l'avocat montre à K.

les images de l'apologue sur un écran.

Welles inscrit donc une circularité entre le texte et l'image, une redondance qui était absente de l'œuvre originale.. »

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