Étudier le sonnet de du Bellay : Heureux qui comme Ulysse...
Publié le 09/02/2012
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CoRPS DE L'EXPLICATION.
- 1'• PARTIE.
- Le 1" quatrain est une ré~ flexion générale sur le plaisir de voyager et la jo~e de ,retrouver _ensuite les siens.
Le mot heureux commande tout le quatram : c est un en du cœur.
La comparài~on avec U~ysse et Jaso_n (cest~y-là ...
) révèle, le poète.
de l~ Pléiade, faret de souvemrs mythologiques.
Nr le voyage d Ulys~e_, ~u.
celw de Jason ne furent littéralement beaux.
Qu'on se rappelle les perrpehes du siège de Troie auxquelles Ulysse fut mêlé, les dix ans pendant lesquels il erra avant de regagner son île d'Ithaque, enfin les difficultés d'un autre ordre qu'il rencontra au retour; qu'on se remémore les épreuves fantas tiques imposées à Jason pour la conquête de la «Toison d'O~ », o_utrt; sa longue navigation avec les Argonautes : dompter des taureaux qm vom1ssa1ent des flammes; se servir d'eux pour labourer un champ et le semer ensuite de dents de dragon, etc ...
L'épithète peut toutefois se justifier.
Après un voyage pénible, on oublie les mésaventures, les fatigues; revenu au foyer, on savoure le plaisir du danger surmonté et celui de conter ses exploits.
Le pronom cestuy a disparu de la langue (dérivé de ecce istum), nous n'avons gardé que « celui » (de ecce illum).
Et puis est une transition fami lière, en harmonie avec le ton général du morceau.
Plein d'usage et raison.
Le xvr• siècle offre des acceptions aujourd'hui disparues.
Usage équivaut ici à expérience.
(Ce mot s'emploie encore cependant avec ce sens dans certaines expressions.
Exemple : l'usage du monde).
Notre grammaire moderne, régulière à l'excès, exigerait ici, d'usage et de raison.
La raison dont parle le poète, c'est la raison pratique, le jugement.
Tel est bien, en effet, le profit moral qu'on retire des voyages : « Il est bon de voyager quelquefois, a dit Sainte-Beuve, cela étend les idées et rabat l'amour-propre.
» - Entre ses parents: parmi=au milieu de (inter).
Les parents: acception primitive= êtres qui ont donné le jour (paria) et sens étendu : tous ceux qui nous sont unis par le lien du san!f.
Au temps du poète, les parents étaient plus nom breux qu'aujourd'hui dans la localité d'où une famille tirait son origine; on n'allait pas chercher fortune au loin, et l'on contractait des alliances sur place.
De là le puissant attrait du pays natal.
Ce mot parents laisse mélanco lique, si l'on songe que du Bellay fut orphelin de bonne heure et élevé sous Ia dure tutelle d'un frère aîné.
- Ange, alors féminin, est synonyme de vie ~aetas); on ne connaît pas encore l'accent circonflexe au xvr• siècle.
2• quatrain.
- Après des considérations générales, l'auteur fait un retour sur sa propre situation; l'accent devient plus personnel.
Revoiray-je est la forme régulière, mais désuète, du futur de revoir; on le rencontre encore au xvm• siècle.
- Hélas! ...
Au lieu d'exprimer la joie causée par cette perspective du retour, le poète gémit.
C'est que, malade, il craint de ne jamais revoir son petit village.
Petit, est déjà, implicitement, opposé à la grande Rome, dans l'esprit de du Bellay.
Le premier vers se prolonge à l'aide d'un heureux enjambement.
La cheminée : un singulier pour un pluriel, la rhétorique appelle cette figure une synecdoque.
Et en quelle saison.
« Et en » constitue un hiatus doux comme on en trouve chez Marot et chez les poètes deo la Renaissance, et que Malherbe eut peut-être fort' de bannir aussi impitoyablement.
Saison ne saurait être pris au sens littéral.
En quel temps? Quand donc? traduiraient exactement cet hémis tiche.
Le clos de ma pauvre maison.
Voilà en trois mots un tableau réaliste : une maisonnette et ses dépendances -- cour, jardin, vigne -, entourées de pierres sèches ou de haies vives.
Nous sommes déjà transportés en Anjou.
Qui se rapporte-t-il logiquement à clos ou à maison? Vraisemblablement à clos, qui semble le mot important du vers et s'oppose à province, à unè surface, à une étendue.
La règle est d'opposer le même au même.
Ce clos lui est une province et beaucoup davantage.
En vrai poète, l'auteur nous laisse deviner pourquoi.
C'est là que ses parents ont vécu, là qu'enfant il prenait ses ébats; tout y parle à son cœur, tandis qu'une province et le monde entier sont pour lui un désert moral.
2• PARTIE.
- La comparaison entre Rome et l'Anjou, jusque-là implicite, va se développer maintenant en détails précis.
Plus me plaist le séjour qu'ont basty mes ayeux.
Au xvr• siècle, quand lao phrase commence par un adverbe, ou un membre de phrase, le sujet suit régulièrement le verbe.
Le séjour, mot poétique au lieu du terme prosaïque : maison, habitation, doit être pris au sens matériel; il justifie ainsi le verbe basty.
Il a une certaine distinction.
Mes ayeux : ici, du Bellay touche au sentiment le plus fort qui nous ramène au foyer.
Là réside l'âme des.
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